Irlande du Nord : géographie
1. Le milieu naturel
La plaine centrale, en partie occupée par le lac Lough Neagh (390 km2), le plus vaste du Royaume-Uni, s'élève progressivement sur ses pourtours dominés, au nord-ouest, par les monts des Sperrin (683 m), recouverts de tourbières, et, au sud-est, par les sommets granitiques des montagnes de Mourne (852 m). Au nord-est, des épanchements de basalte, datant de l'ère tertiaire, forment le plateau d'Antrim, qui se termine sur la mer par de célèbres falaises (Chaussée des Géants). Enfin, au sud, de part et d'autre de la frontière avec la République d'Irlande, l'emprise glaciaire a laissé de molles collines (drumlins).
Le climat océanique est caractérisé par d'abondantes précipitations (environ 1 000 mm par an), plus abondantes à l'ouest, et bien réparties au cours de l'année, avec un maximum d'hiver. L'amplitude thermique est faible (elle n'excède guère les 10°). Les hivers sont cléments, avec une température moyenne de 5 °C, et les étés frais (14 °C). L'herbe pousse en abondance et favorise l'élevage. Les sommets ventés de l'Ouest constituent, comme en Écosse, le domaine des moutons, tandis que les prairies et les cultures se localisent sur les sols glaciaires des plaines centrales et des plateaux de l'Est.
2. La population
2.1. La démographie
Si la tradition des départs vers la Grande-Bretagne persiste (surtout chez les protestants), l'Irlande du Nord, plus précocement industrialisée que la République d'Irlande, a moins contribué que celle-ci aux courants d'émigration. Aussi la baisse de la population, effective de 1846 à 1891, a-t-elle fait place à une lente augmentation (1,2 million d'habitants en 1921, 1,5 million en 1971) suivie d'une vingtaine d'années de stagnation en raison de la crise économique et des troubles politiques, qui provoquent jusqu'à 17 000 départs annuels. Avec des taux de natalité et de fécondité de 16,5 ‰ et de 2,2 enfants par femme (21 ‰ et 2,5 enfants par femme dans la minorité catholique), et un taux de mortalité de 9,5 ‰, la population, est plus dynamique et plus jeune que celle de la métropole.
2.2. La composition
Lors de la partition de 1921, les protestants, majoritaires, représentaient environ les deux tiers de la population de l'Irlande du Nord. Au recensement de 2001, 40 % de la population s'est dite catholique, 21 % presbytérienne, 15 % appartient à l'Eglise d'Irlande, 4 % est Méthodistes, 6 % relève d'autres religions chrétiennes, 0,3 % pratique une religion non chrétienne, le restant ne se prononce pas ou n'a pas d'appartenance religieuse. La plus forte fécondité de la minorité catholique laisse entrevoir un basculement du rapport démographique entre les deux communautés, qui n'est pas absent des tractations sur l'avenir de la province (notamment sur l'éventualité de son rattachement à la République d'Irlande, souhaité par les catholiques). L'Ouest est depuis longtemps majoritairement catholique, l'Est demeure protestant, tandis que le climat de guerre civile entre les deux communautés a encore renforcé la ségrégation dans les quartiers urbains.
2.3. La répartition spatiale
La densité moyenne, de 120 habitants par km2, est le double de celle de la République d'Irlande mais la moitié seulement de celle de la Grande-Bretagne. Elle masque un contraste entre l'Ouest et l'Est, qui oppose à l'intérieur des terres, peu peuplé, un littoral urbanisé. Tout comme Dublin pour la République d'Irlande, l'aire métropolitaine de Belfast (près de un million d'habitants) rassemble les deux tiers de la population et près de 75 % des équipements industriels. La deuxième ville, Londonderry, ne compte qu'un peu plus de 100 000 habitants.
3. L'économie
3.1. L'importance de l'agriculture
Les exploitations agricoles, souvent de petites propriétés, occupent 60 000 personnes (7 % de la population active, contre moins de 2 % pour l'ensemble du Royaume-Uni) et pratiquent essentiellement l'élevage. L'orge et la pomme de terre constituent les principales cultures. Les bovins (12 % du cheptel britannique), les ovins, mais aussi, de plus en plus, les porcins et les volailles sont destinés au marché métropolitain. La filière agro-industrielle représente 8 % de la production nationale.
3.2. La désindustrialisation
Si l'agriculture de l'Irlande du Nord s'apparente à celle du Sud, l'industrie a, quant à elle, connu un sort inverse : la province souffre, en effet, depuis 25 ans, d'une véritable désindustrialisation. La crise des chantiers navals et du textile, qui faisaient, depuis la fin du xixe s., la prospérité de Belfast, a fait chuter de près de 50 % l'emploi industriel, passé de 42 à 18 % de la population active entre 1971 et la fin des années 1990. La part de la production industrielle dans le produit intérieur brut est, parallèlement, tombée de 32 à 17 %. Cependant, avec le retour de la paix, la qualification de la main-d'œuvre, la modicité du coût du travail (par rapport au reste du Royaume-Uni, mais aussi, par rapport au Sud), la qualité des infrastructures de communication (meilleures que dans la République d'Irlande), enfin les aides de Londres (plan de déductions fiscales de 1998) et de Bruxelles, par l'intermédiaire du Fonds européen de développement régional (F.E.D.E.R.), attirent les investisseurs. On compte, au demeurant, déjà plus de 200 entreprises étrangères, employant quelque 50 000 personnes. Les ventes de biens, essentiellement agricoles et industriels, vont à 55 % vers la métropole, à 11 % vers la République d'Irlande, à 20 % vers le reste de l'Union européenne.
3.3. Une économie assistée
Les emplois dans le tertiaire (75 % de la population active) ont en partie compensé les pertes industrielles. Grâce au gonflement des services sociaux, éducatifs, de santé ou encore de sécurité, la fonction publique occupe désormais 40 % des actifs. L'économie nord-irlandaise reste très dépendante des transferts en provenance de la métropole, qui représentent 25 % de son produit intérieur brut. Avec un produit intérieur brut par habitant de 20 % inférieur à la moyenne nationale et l'un des taux de chômage les plus élevés du Royaume-Uni (8 % de chômeurs, le double chez les catholiques, et jusqu'à 40 % dans certains quartiers de Belfast et de Londonderry), l'Irlande du Nord reçoit en effet 20 % des sommes destinées au développement économique du pays, alors qu'elle ne représente que 3 % de sa population.
Le tourisme semble appelé à se développer rapidement et compenser en partie le désengagement humain et financier de Londres (retrait des troupes) : malgré un potentiel important, il ne compte encore que pour 2 % du produit intérieur brut, contre 8 % en République d'Irlande et 7 % en Écosse.
Le site de l'Unesco inscrit en Irlande du Nord :
– la Chaussée des Géants et sa côte.
Pour en savoir plus, voir l'article histoire de l'Irlande du Nord.