Irlande : activités économiques
L'Irlande a connu un fort développement économique dans les années 1990, devenant une tête de pont vers l'Europe pour les entreprises américaines , japonaises et coréennes, notamment. Elle dépend en grande partie de son commerce extérieur, excédentaire. Ses principaux partenaires sont les États-Unis (1er client), le Royaume-Uni (1er fournisseur), la Belgique, la Chine, l'Allemagne, les Pays-Bas et la France. Après une très forte croissance (de 5 à 10 % dans les années 1996 - 2006), fondée en grande partie sur les investissements étrangers et les services financiers, le « tigre celtique » a subi de plein fouet la crise de 2008 avec une récession précoce, l'éclatement de la bulle immobilière, une forte hausse du chômage et de la dette publique. Un plan drastique de restrictions budgétaires (baisse des salaires et des retraites dans le service public, hausse de l'impôt sur le revenu, diminution du salaire minimum et réduction des prestations sociales) a été ainsi adopté en 2010, et l'aide de l'UE et du FMI a été sollicitée. Depuis 2011, l'économie s'est stabilisée et le déficit public (de 32 % du PIB en 2010) a été résorbé avec un excédent en 2018, et la dette diminuée de 111 % en 2011 à 58% en 2020. Le chômage a été ramené de 14 % en 2010 à 5 % en 2019 (4,5 % en 2022). L'Irlande a renfloué son système bancaire et a retrouvé la confiance des investisseurs, attirant les multinationales par son taux d'imposition très attractif, en particulier dans les technologies de l'information, avec les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), et dans l'industrie pharmaceutique. La préservation de la paix en Irlande du Nord en évitant le rétablissement d'une frontière entre les deux parties de l'île a été au cœur des négociations sur le Brexit, dont les effets à moyen terme sur l'économie irlandaise (limités pour l'heure) restent incertains. Après une croissance de près de 5 % en 2019, la crise sanitaire et économique due à la pandémie de Covid–19 a entraîné une récession au début de l'année 2020 frappant les secteurs tournés vers la demande intérieure avant un rebond au 3e trimestre (en raison des résultats des GAFAM et du secteur pharmaceutique orientés vers l'exportation), ce qui permet à l'Irlande d'être le seul pays de l'UE à afficher une croissance positive sur l'année (5,8 %). Après le rebond de 2021–2022, accompagné d'une forte inflation, l'économie connaît une récession en 2023 estimée à – 1,9 %.°
● agriculture : 4,5 %
● mines et industries : 18,8 %
● services : 76,7 %
● agriculture : 1,11 %
● mines et industries : 41,5 %
● services : 57,39 %
1. Importance de l'agriculture
Si la part de l'agriculture dans le produit intérieur brut comme dans la population active s'est réduite, elle fait toujours vivre 130 000 personnes. Le pays compte 270 000 exploitations agricoles d'une superficie moyenne de 22 hectares. La modernisation entamée dans les années 1960 s'est accélérée après l'entrée de la République dans la Communauté économique européenne (C.E.E.), en 1973, qui a surtout bénéficié aux plus grandes exploitations. L'élevage (moutons, bovins) assure 80 % du revenu agricole. L'Ouest produit du bétail qui est ensuite engraissé dans les plaines de l'Est. Au sud et à l'est, l'orge, la betterave à sucre et le houblon ont remplacé le seigle, l'avoine et les pommes de terre, dont la culture est devenue marginale. Le maraîchage domine autour de Dublin. La pêche, l'élevage piscicole et ostréicole sont en expansion. La filière agroalimentaire fournit 7 % du produit intérieur brut et près de 20 % des exportations, ces dernières n'alimentant plus seulement l'important et traditionnel marché anglais, mais aussi le continent.
2. Faiblesse des ressources naturelles
La République, qui dispose de peu de matières premières minérales, est contrainte d'en importer, notamment du charbon, du fer et du pétrole (raffiné à Cork). Elle a su, toutefois, tirer parti de certaines ressources comme la tourbe, abondante, qui sert au chauffage domestique ainsi qu'aux centrales thermiques. La production d'électricité, dont près de 10 % est d'origine hydraulique (aménagement du Shannon), a été multipliée par 20 entre 1946 et 1990. Les reliefs anciens recèlent des minerais : ainsi extrait-on du cuivre à Avoca, à 60 km au sud de Dublin, dans l'une des plus importantes mines d'Europe, mais aussi du plomb (baie de Sligo, 12e rang mondial) ou encore du zinc (8e rang).
3. Les progrès de l'industrie
La production industrielle a plus que doublé en 10 ans. Les industries traditionnelles, qui emploient encore près de 20 % de la main-d'œuvre, reposent principalement sur l'agroalimentaire : conserveries, produits laitiers, minoteries, sucreries, boissons (distilleries de whisky, brasseries). Grand Metropolitan-Guinness, premier employeur du pays, est le premier exportateur mondial de bière. Cuir, chaussures et textiles (laine, lin, coton) sont en perte de vitesse, au contraire de la papeterie et de l'imprimerie.
Les industries modernes se sont développées après 1958, grâce à l'ouverture des frontières, à l'entrée de capitaux étrangers et à une politique industrielle dynamique, bientôt appuyée par les fonds structurels européens (qui ont représenté entre 3,5 et 5,5 % du P.I.B.). La première zone franche du monde a été ouverte autour de l'aéroport international de Shannon en 1959 : elle abrite à présent la technopole de Limerick-Shannon, petite Silicon Valley irlandaise. D'importants avantages fiscaux (imposition des bénéfices de 10 % jusqu'en 2010, contre 30 % en Angleterre ou en Irlande du Nord et 42 % en France) sont consentis aux entreprises. L'Agence de développement irlandaise, très agressive dans sa recherche d'investisseurs, offre des aides à l'implantation d'entreprises et à l'emploi, des terrains à bas prix, et de nombreux services. En outre, depuis la fin des années 1960, le gouvernement a mis un fort accent sur l'enseignement. La modération salariale d'un personnel anglophone jeune et qualifié, ainsi que la faiblesse syndicale (des accords tripartites entre le gouvernement, les syndicats et le patronat garantissent, tous les 3 ans, la paix sociale) expliquent aussi que la rentabilité des firmes américaines locales y soit cinq fois plus forte que dans le reste de l'Union européenne. Aussi l'Irlande reçoit-elle, par exemple, le quart des investissements extérieurs du secteur électronique américain.
Longtemps périphérique à l'échelle des îles Britanniques et de l'Europe, l'Irlande est ainsi devenue une tête de pont des entrepreneurs étrangers (américains, mais aussi japonais et coréens) pour la pénétration du marché européen. Quelque 1 200 entreprises étrangères fournissent donc du travail à 150 000 personnes, soit 45 % de l'emploi et 76 % de la production industriels du pays, assurant aussi les deux tiers de ses exportations. D'abord tournés vers le matériel agricole, les engrais, l'aluminium, puis le montage de voitures et l'électronique, les investissements se sont ensuite orientés vers les composants électroniques et l'informatique. Un tiers des ordinateurs et 60 % des logiciels vendus en Europe sont actuellement assemblés en Irlande. Tous les grands noms du secteur sont présents (IBM, Compaq, Dell, Apple), ainsi que de nombreux fabricants de logiciels, tandis que certaines P.M.E. locales, très dynamiques, connaissent un succès international (la plus connue d'entre elles est la firme Iona). Ainsi, 7 % des Irlandais travaillent à présent dans l'informatique, ce qui constitue un record mondial. La pharmacie, les instruments médicaux et les biotechnologies sont également des secteurs en plein essor.
4. Services et commerce
De même, Dublin cherche à développer les nouvelles activités tertiaires. La capitale attire de multiples centres d'appels téléphoniques et de réservation de grandes sociétés internationales. Son quartier financier regroupe des services administratifs internationaux de plus de 400 banques, avec l'objectif (encore loin d'être atteint) de concurrencer Luxembourg. Le tourisme est important : plus de 6 millions de visiteurs, en majorité américains et européens, génèrent des activités qui représentent 8 % du produit intérieur brut et de la population active. Un Irlandais sur deux travaille pour les exportations, qui ne sont guère loin de procurer la moitié du produit intérieur brut. La balance commerciale, positive depuis le milieu des années 1980, montre que la République n'est plus un appendice du grand voisin britannique : son commerce, longtemps dominé (à près de 75 %) par les échanges de part et d'autre du canal Saint George, s'est rééquilibré. Ses importations proviennent pour 35 %, encore, de la Grande-Bretagne, pour 21 % des autres pays européens, pour 18 % des États-Unis ; mais 25 % seulement de ses exportations se dirigent vers la Grande-Bretagne, 47 % vers le reste de l'Union européenne et 8,5 % vers les États-Unis.
5. Les difficultés actuelles
Après une très forte croissance – de 5 % à 10 % dans les années 1996-2006 –, fondée en grande partie sur les investissements étrangers et les services financiers, le tigre celtique a subi de plein fouet la crise de 2008, avec une récession précoce, l'éclatement de la bulle immobilière, une forte hausse du chômage et de la dette publique.
Un plan drastique de restrictions budgétaires (baisse des salaires et des retraites dans le service public, hausse de l'impôt sur le revenu, diminution du salaire minimum et réduction des prestations sociales) a été ainsi adopté en 2010, et l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international a été sollicitée. En 2011, la croissance est revenue, l'économie s'est stabilisée, le taux de chômage et le déficit public (10 % du produit intérieur brut) ont légèrement diminué, même s'ils restent élevés.
Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de l'Irlande et population de l'Irlande.