Gulf Stream
Principal système de courants de l'Atlantique occidental et le deuxième de l'océan mondial au point de vue du débit, estimé à 85 millions de m³/s devant la baie de Chesapeake.
Il est nettement différencié par ses propriétés thermiques (chaleur originaire des mers tropicales et diffusée à l'ensemble de l'Atlantique nord) et dynamiques (vitesse et débit élevés dus à sa situation de branche occidentale dans le grand circuit horaire de l'Atlantique nord).
Les actives recherches conduites au cours des dernières décennies montrent la complexité du comportement du Gulf Stream. Il réalise un transfert hydrologique à grande échelle, qui compense le déséquilibre thermodynamique entre les zones tropicales et polaires. Ce transfert présente un caractère fluctuant (oscillations, périodiques ou non, de ses paramètres majeurs et de son cours) et turbulent (formation de sinuosités, de méandres, de tourbillons et de contre-courants développés à toutes les échelles de temps et d'espace).
Le Gulf Stream est composé :
– d'un segment méridional (au S. de 35° N.). Les eaux chaudes (supérieures à 25 °C, en moyenne) et rapides sorties du golfe du Mexique, et accélérées par le canal de Floride, sont grossies par la confluence des eaux du large (courant des Antilles et des Sargasses). La diversité des apports est illustrée par la structure hydrologique, qui est « veinée » (ou « filamenteuse ») dans la moitié orientale (conjonction de bandes thermiquement différenciées) et oscillante (déplacement de l'axe de grande vitesse, formation de tourbillons sur la plate-forme américaine) dans sa moitié occidentale ;
– d'un segment septentrional, au-delà du cap Hatteras. Le courant s'écarte de la marge américaine jusqu'à adopter une trajectoire zonale ; il s'étale et perd peu à peu de sa chaleur et de son mouvement par diffusion turbulente, latérale et verticale. Il est composé : au S. d'une zone axiale étroite (largeur 100 km), où les eaux tièdes (été 20-25 °C ; hiver 12-18 °C), salées (35-36 ‰), rapides (3 à 7 km/h) se comportent en jet confus (courants traversiers) et surtout sinueux (méandres instables en tracé et position). C'est le Gulf Stream n° 1, au N. d'une zone frontale (front polaire ou « mur froid ») où le gradient thermique très prononcé exprime le contact avec l'eau froide (envahie par la banquise en hiver), dite de plate-forme, qui est alimentée par la descente des courants polaires (courant du Labrador) et de leurs dérivés plus méridionaux. Au centre, une zone médiane, large (plusieurs centaines de kilomètres au S. de Terre-Neuve), est occupée par l'eau de pente. C'est une masse d'eau intermédiaire, formée par le mélange entre les eaux adjacentes. Elle est tempérée (été 20 °C ; hiver 10-12 °C), modérément salée (33-35 ‰), de couleur bleu-vert, et animée par des courants faibles. Ces courants décrivent des rotations horaires dont émanent un flux portant vers l'O. (circulant en contre-courant par rapport à la zone axiale) et, surtout, un flux portant vers l'E. (le long du front polaire). Ce dernier flux est à l'origine du Gulf Stream n° 2, qui, au N.-E. du Grand-Banc de Terre-Neuve (zone menacée par les icebergs au printemps et où coula le Titanic en 1912), se divise pour donner naissance au Gulf Stream n° 3, qui remonte vers le N. en contournant le Bonnet flamand. Vers 40° E., le courant s'achève dans le delta du Gulf Stream (ainsi appelé à cause de la disposition digitée et confuse des branches de courants), qui marque le début de la dérive nord-atlantique. Au-dessous de 2 000 m circule en sens inverse le sous-courant du Gulf Stream, formé par la plongée d'eau froide aux latitudes plus septentrionales et le long du front polaire. C'est un courant de contour qui transporte en suspension des matériaux qui s'accumulent en grandes constructions sédimentaires au large de la Floride et des Bahamas.
Le Gulf Stream joue un rôle essentiel dans la géographie de la zone tempérée à cause de son comportement climatique (déstabilisation des masses d'air froid passant sur ses eaux chaudes, diffusion de chaleur vers les littoraux de l'Europe du N.-O.), biologique (concentration des espèces planctoniques de diverses origines), halieutique (haute productivité des eaux au voisinage du front polaire, comme dans la région du Grand-Banc de Terre-Neuve).