Fons ou Dahomeys
Population du groupe linguistique kwa (Niger-Congo), occupant le sud du Bénin (ex-Dahomey) et du Nigeria, estimée à un million d'individus.
Elle occupe une région de plateaux comprise entre le Zou et l’Ouémé à l’est et le Couffo à l’ouest. La forêt et la palmeraie prédominent au sud et laissent ensuite la place à une savane arborée. Les Fons se rattachent culturellement et linguistiquement au groupe kwa (nigéro-congolais), et ils ont subi une forte influence de la part de leurs voisins de l’est, les Yoroubas. Ils ont constitué le noyau de l’ancien royaume d’Abomey (puis du Dahomey). Ce royaume est le résultat de conquêtes militaires incessantes, qui se développèrent surtout à partir du milieu du xviie s. et qui provoquèrent des brassages de population et de culture. Le contrôle royal s’exerçait sur tout : une administration très centralisée limitait l’autonomie des villages et des provinces au minimum, et tout faisait l’objet d’un recensement. Il existait une répartition des charges ministérielles : administrateur du palais royal, responsable de la production agricole, responsables militaires. La traite des esclaves (→ Côte des Esclaves) explique la fondation du royaume et son expansion militaire : nécessité de trouver de nouvelles populations à soumettre ; volonté de s’affranchir des intermédiaires d’Allada et de Ouidah afin de pouvoir commercer directement avec les chefs des comptoirs européens. Au cours de la première moitié du xixe s., le roi Guézo reconvertit l’économie de base du royaume : l’huile de palme remplaça la traite des esclaves. Cocoteraies et palmeraies connurent une extension considérable et furent l’objet de redevances fiscales particulières. D’ailleurs, toute la production économique, depuis les cultures vivrières jusqu’au commerce extérieur, était soumise au contrôle et à la réglementation du roi. Ces redevances permettaient notamment l’entretien d’une armée permanente. On comprend donc l’importance pour les Fons de la tradition historique et généalogique, qui s’est imposée comme un instrument de l’identité politique et culturelle. Des chantres officiels, attachés à la cour, récitaient les généalogies royales. La royauté était divine et sanctionnait en quelque sorte un pouvoir obtenu par la violence. L’existence de nombreux cultes spécialisés, aux rites et au personnel spécifique, conduisit à la constitution d’une couche supérieure de prêtres entretenus par la population tout comme les fonctionnaires et les militaires. L’image de la société fon traditionnelle était celle d’une stratification sociale très marquée.
Les croyances religieuses, cosmologiques et mythologiques jouent un rôle important dans le maintien de la cohésion sociale. C’est le culte des ancêtres qui permet la perpétuation des clans. Mais que ce soit au niveau des clans ou du royaume, il existe une correspondance entre l’organisation de l’univers et celle de la société humaine. Ainsi, la hiérarchie des dieux est semblable à la hiérarchie administrative royale. C’est d’ailleurs le roi qui contrôlait le développement des cultes. L’histoire du royaume explique d’autre part le caractère composite de la religion fon, qui possède de nombreux éléments empruntés aux populations voisines. Les groupes de dieux s’appelaient vodou. Les divinités principales étaient le couple créateur Mahou-Lissa. Mahou, le principe femelle, correspond à la Lune, et Lissa, le principe mâle, correspond au Soleil. La colonisation, en introduisant les religions catholique et protestante, a remis en cause les fondements religieux du système social. Par ailleurs, les cultures commerciales de l’huile de palme et du cocotier continuent toujours, associées aux cultures vivrières du manioc, du maïs, de l’arachide et de la tomate.
Pour en savoir plus, voir les articles Bénin, traite.
Les ethnologues se sont surtout intéressés à la religion fon, qui, centrée sur le culte des ancêtres, est à l'origine du vaudou haïtien. Elle est encore très vivante. La société fon est patrilinéaire. Son influence dans l'État du Bénin actuel est considérable.