F.S.I.

sigle de Fédération syndicale internationale

Organisation syndicale internationale constituée en 1913 à la conférence de Zurich.

L'idée de regrouper les syndicats de tous les pays dans une même organisation remonte à la première moitié du xixe s. En 1843 déjà, Flora Tristan réclame l'union des travailleurs sans distinction nationale. C'est dans une perspective socialiste qu'ont lieu les premiers essais en ce sens avec la Ligue des communistes en 1848, pour laquelle Karl Marx écrit le Manifeste du parti communiste, et surtout avec l'Association internationale des travailleurs, ou Ire Internationale, née en 1864, puis avec la IIe internationale, née en 1889. Ces deux organisations acceptent en leur sein aux côtés des organisations politiques les syndicats ouvriers. La conférence de Copenhague (1901) voit la création du Secrétariat syndical international (S.S.I.) qui ne regroupe que des syndicats, et dans lequel les syndicalistes allemands ont un rôle prépondérant. En 1913 à la conférence de Zurich, le S.S.I., qui rassemble 19 confédérations syndicales nationales et 7 400 000 adhérents, se transforme en Fédération syndicale internationale. Le secrétaire du S.S.I., l'Allemand Karl Legien, devient le président de la F.S.I. De plus, la F.S.I. intègre les Secrétariats professionnels internationaux (S.P.I.) qui regroupent depuis la dernière décennie du xixe s. les syndicats de divers pays au niveau des métiers. La F.S.I., où l'influence socialiste est prépondérante, révèle son impuissance face à la guerre qui éclate en 1914, les grandes confédérations syndicales se ralliant peu ou prou aux positions de leurs gouvernements respectifs.

En sommeil durant le conflit mondial, la F.S.I. est reconstituée lors des conférences de Berne (février 1919) et d'Amsterdam (juillet-août 1919). Désormais, les syndicalistes allemands sont écartés de tous postes de responsabilité par les Anglais, les Français, les Belges et les Hollandais. En 1920, la F.S.I. compte 22 millions d'adhérents. Pourtant, le départ quelques années après des syndicats d'inspiration communiste qui constituent l'Internationale syndicale rouge (I.S.R.), puis le retrait des syndicats américains de l'AFL, la disparition des syndicats italiens du fait du fascisme, des syndicats allemands après l'avènement du nazisme, les effets de la crise économique de 1929 réduisent les effectifs de la F.S.I. à 9 millions d'adhérents en 1935.

S'affirmant résolument d'orientation réformiste, la F.S.I. privilégie la concertation et la politique de présence plutôt que l'action à travers les mouvements de grève. Dans cette perspective, elle participe activement aux travaux de l'Office international du travail (O.I.T.) institué par le traité de Versailles (1919), et, de cette tribune, expose ses revendications : journée de 8 heures, repos hebdomadaire, salaires minima, etc. Elle organise également des actions de solidarité contre les guerres d'intervention faites aux révolutionnaires de Russie et de Hongrie. Hostile à l'égard de l'I.S.R. qui propose des actions communes, la F.S.I. bénéficie à partir de 1935 de la nouvelle politique de rapprochement avec les organisations politiques et syndicales dites « réformistes » du mouvement communiste international. La dissolution de l'I.S.R. à la fin de 1937 sanctionne et prépare tout à la fois le retour au sein de la F.S.I. de plusieurs centrales syndicales. Des négociations se nouent même en novembre 1937 avec les syndicats soviétiques. La crise de Munich (1938) puis la guerre interrompent ce processus, tandis que la F.S.I. cesse bientôt toute activité.