C.G.P.F.

sigle de Confédération générale du patronat français, jusqu'en 1936 Confédération générale de la production française

Groupement de syndicats patronaux créé le 1er juillet 1919 à l'initiative d'Étienne Clementel, ministre du Commerce et de l'Industrie (1916-1920).

Les premières associations composées exclusivement d'employeurs se sont formées à Paris sous le premier Empire puis se sont développées sous la Restauration dans plusieurs régions. Sous la monarchie de Juillet, des regroupements d'associations ont lieu dans le textile, la métallurgie, les mines. La première organisation patronale nationale est l'Association pour la défense du travail national, créée le 7 septembre 1846, qui toutefois ne parvient pas à s'imposer. Le 15 février 1864, les maîtres de forge constituent le Comité des forges, présidé par Auguste Schneider, tandis qu'est fondé le 17 mars 1869 le Syndicat des industries cotonnières de l'Est. Pas davantage que les syndicats ouvriers, ces organisations de type syndical n'ont d'existence légale. Lorsque la loi Waldeck-Rousseau ( mars 1884) légalise tous les syndicats, il existe 185 unions patronales groupant 25 000 adhérents. Une étape importante dans le regroupement des syndicats patronaux est la constitution en 1901 de l'Union des industries métallurgiques et minières (U.I.M.M.), dont font partie notamment le Comité des forges et le Comité des houillères. Cependant les autres secteurs de l'économie ne connaissent pas ce degré de concentration et, pendant deux décennies, l'U.I.M.M. agit comme le représentant de l'ensemble du patronat, particulièrement sous l'impulsion de son secrétaire général Robert Pinot, qui prend position contre les retraites ouvrières en 1910 ou contre la journée de 8 heures en 1919.

La C.G.P.F., qui rassemble entre 1 200 et 1 500 syndicats ou unions syndicales, n'est pas défavorable aux réalisations sociales dans le cadre des entreprises mais s'oppose à la généralisation de ces mesures par des lois, d'où son hostilité à la loi sur les assurances sociales et au projet de loi sur les congés payés déposé en 1926. La victoire électorale du Front populaire en mai 1936 et la grande vague de grèves qui s'ensuit propulse la C.G.P.F. au premier plan de l'actualité. En effet, cette dernière est, avec le gouvernement et la C.G.T. réunifiée, un des trois partenaires de la réunion ouverte le 7 juin 1936 et qui débouche sur les accords Matignon. La C.G.P.F. doit accepter l'établissement de conventions collectives et une hausse générale des salaires. Mais cette signature provoque aussitôt la désapprobation de nombreux adhérents et une grave crise au sein de la confédération. Cette crise aboutit le 4 août 1936 au remplacement de la Confédération générale de la production française par la Confédération générale du patronat français et par un changement d'équipe dirigeante.

À la tête de la nouvelle C.G.P.F., René Duchemin est remplacé par Claude Joseph Gignoux, ancien ministre de Pierre Laval et choisi par les grandes entreprises pour séduire les petits et moyens employeurs, les plus réticents à l'égard des réformes sociales du Front populaire. La C.G.P.F. rompt les négociations avec le gouvernement sur la procédure de conciliation et d'arbitrage le 28 novembre 1936. En conflit permanent avec les syndicats de la C.G.T., elle accueille avec soulagement l'échec de la grève lancée par celle-ci le 30 novembre 1938. Après l'entrée en guerre de la France en septembre 1939, elle obtient que l'application de la semaine de 40 heures soit moins stricte. La C.G.P.F. est dissoute le 16 août 1940 par le gouvernement de Vichy en même temps que les syndicats ouvriers et patronaux.