Araméens
Peuple sémitique d'origine nomade qui, à partir du xiie siècle avant J.-C., bouleverse la Syrie et la Mésopotamie, où il fonde ensuite des royaumes.
1. Nomades et pillards
Les Assyriens, qui les mentionnent pour la première fois en 1112 avant J.-C., les associent jusqu'au ixe siècle avant J.-C. aux Ahlamou. Ces peuples tirent leur origine essentielle des déracinés (comme les Hapirou), qui vivaient insoumis dans les régions difficiles d'accès de la Syrie et qui s'étaient souvent convertis à la vie pastorale. Le déclin des grands royaumes au xiie siècle avant J.-C. permet aux Araméens de multiplier leurs attaques. Faméliques, belliqueux et à moitié barbares, ils terrorisent souvent les citadins, qu'ils vouent parfois à un anathème comportant la mise à mort des êtres vivants et la destruction des biens matériels. Maîtres des villes, ils leur fournissent dynastie royale, noblesse de fonctions et garnison.
2. Les royaumes araméens
Dans le couloir syrien, retourné au morcellement politique au xiie siècle avant J.-C., seules les cités du littoral (→ Phéniciens) échappent aux Araméens. Le Sud est occupé par les Israélites et les peuples apparentés (→ Ammonites, Moabites, Édomites).
Dans le centre se forment de petits royaumes qui passent ensuite sous la souveraineté de Damas. Au N., les Araméens prennent peu à peu la place de la noblesse « néo-hittite ».
Du côté de la Mésopotamie, c'est une véritable invasion dans les grands États d'Assyrie et de Babylone, dont les réactions sont différentes.
En Babylonie, la royauté se satisfait d'éliminer ou de fixer les envahisseurs dans la partie N.-O. du pays, tandis qu'elle abandonne pratiquement la partie S.-E. aux nouveaux arrivants, dont les plus importants sont les Chaldéens (→ Sumer). Ces derniers fournissent des rois à Babylone à partir de 769 avant J.-C.
Au contraire, l'Assyrie, dont les rois ont résisté pied à pied, peut passer à la contre-offensive (à partir de 934 avant J.-C.) et attaquer les royaumes araméens qui se sont formés en haute Mésopotamie et dont l'annexion à l'Assyrie se termine en 808 avant J.-C.. Mais, dès avant 867 avant J.-C., les Assyriens avaient inauguré leurs campagnes d'extorsion du tribut dans le couloir syrien, où la résistance s'était organisée sous la direction de l'État araméen de Damas.
Interrompue par une crise en Assyrie, l'offensive reprend en 743 avant J.-C. : les royaumes d'Arpad (740 avant J.-C.) et de Damas (732 avant J.-C.) sont détruits ; puis c'est le tour de celui de Hamat, qui menait la dernière révolte des Araméens de Syrie (720 avant J.-C.). Enfin, les souverains assyriens se font rois de Babylone (à partir de 728) pour mieux dompter les tribus turbulentes du S.-E. de la basse Mésopotamie ; il leur faudra d'ailleurs intervenir dans cette région jusqu'à la fin de l'Empire assyrien.
3. Le succès de l'araméen
Il n'y a plus maintenant d'État araméen (si l'on ne tient pas compte des modestes États de Palestine, qui succomberont, sous les coups de Babylone, au début du vie siècle avant J.-C.). Les Araméens déportés à travers le domaine assyrien perdent leur esprit national. Mais leur alphabet concurrence victorieusement, dès le viiie siècle avant J.-C., les cunéiformes. Et la langue des Araméens, accompagnant leur écriture, s'impose à l'ensemble de la Mésopotamie et de la Syrie, avant de devenir langue officielle de l'Empire perse (550-330 avant J.-C.). C'est bien le seul legs des Araméens, qui, n'ayant jamais eu de culture propre, avaient adopté celles des peuples chez qui ils s'installaient.
Pour en savoir plus, voir l'article araméen.
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