école de Paris

Appellation qui désigne des groupes d'artistes, compositeurs ou peintres, d'origine étrangère venus s'installer à Paris, en particulier dans les années 1920.

MUSIQUE Il s'agit du groupe formé à Paris vers 1925 par des compositeurs désireux d'utiliser des procédés différents de ceux de l'école de Vienne. C. Beck (Suisse), T. Harsányi (Hongrie), B. Martinů (Tchécoslovaquie), M. Mihalovici (Roumanie), A. Tansman (Pologne) et A. Tcherepnine (Russie) en constituèrent le noyau.

PEINTURE On appelle école de Paris l'ensemble des nombreux peintres et sculpteurs venus de différents pays créer et travailler à Paris, principalement dans le premier quart du xxe siècle : ainsi Brancusi, Modigliani, Chagall, Soutine, Foujita, puis Pougny, Lanskoy, Poliakoff, Vieira da Silva, etc.

Nombre de ces artistes d'origine étrangère venaient chercher dans la capitale française des conditions favorables à l'épanouissement de leur talent et, en premier lieu, une rare liberté de l'expression, fruit de contacts incessants et d'une émulation féconde.

Le rôle des impressionnistes a été ici capital, non seulement pour la valeur stimulatrice de leur art hors des frontières françaises, mais surtout parce que Paris et ses environs sont les points privilégiés de leur inspiration commune.

Depuis le début du xxe siècle, il y eut trois grands mouvements. Le premier porte probablement les noms les plus célèbres : l'Italien Amedeo Modigliani, le Russe (naturalisé français par la suite) Marc Chagall, Chaïm Soutine, d'origine lituanienne, arrivé en 1913, de même que le Japonais Foujita. Ces artistes, assez démunis matériellement, se fixent surtout à Montparnasse, où ils élisent domicile dans les ateliers de la Ruche, tandis que Montmartre, dont l'occupation artistique est un peu antérieure, reste surtout le fief des cubistes, de la « bande à Picasso ». La Première Guerre mondiale dispersera ce premier groupe. Modigliani et Soutine, restés en France, connurent alors leurs plus dures années.

Le renouvellement de l'école de Paris durant l'entre-deux-guerres, depuis la mort de Modigliani (1920), se fait sous de meilleurs auspices. Le docteur Barnes, en faisant notamment un achat massif de tableaux de Soutine (1923), montrait la voie à des spéculateurs avisés. De Russie surtout affluent des peintres juifs chassés par la situation politique difficile. Beaucoup avaient fait étape à Berlin, mais la conjoncture économique de l'Allemagne ne permettait guère d'offrir aux artistes des conditions matérielles favorables. Certains, devant la menace nazie, ont poursuivi leur route jusqu'aux Etats-Unis. Parmi ceux restés en France, on relève les noms de Constantin Terechkovitch, arrivé en 1920, André Lanskoy et Serge Charchoune en 1921, Jean Pougny en 1923, Serge Poliakoff, en 1924. La plupart des peintres de cette « école russe de Paris », ambassadrice de la couleur, ont trouvé dans l'abstraction un champ où ils se sont illustrés, de même que des artistes venus à cette époque de Belgique (Lacasse, Vantongerloo), de Hollande (Geer et BramVan Velde), d'Allemagne (Hartung), du Portugal (Vieira da Silva), d'Espagne (Bores).

Après la Seconde Guerre mondiale, l'école de Paris s'est tellement élargie et diversifiée que les frontières sont plus difficiles à cerner, sauf à considérer l'apport singulier de chaque artiste. Par ailleurs les peintres ne s'établissent pas tous à Paris en adoptant la nationalité française, comme l'ont fait Zao Wou-Ki, Victor Vasarely, Nicolas de Staël. Résidents privilégiés, en quelque sorte, la plupart restent en contact avec leur pays d'origine.