Églises protestantes
Ensemble des Églises et des communautés chrétiennes issues de la Réforme du xvie s., soit que ces Églises aient été formées à cette époque par des catholiques qui se séparèrent alors de l'Église romaine, soit qu'elles aient pris naissance par la suite au sein de communions protestantes, ou qu'elles se soient développées en pays de mission.
La Réforme, née en Allemagne avec Luther, s'étend presque simultanément à travers l'Europe, avec Zwingli en Suisse, avec Briçonnet, Lefèvre d'Étaples et G. Farel, qui, en France, ouvrent la voie à Calvin. On distingue plusieurs courants dans le protestantisme : un courant luthérien (→ luthéranisme), un courant réformé (avec le zwinglianisme et le calvinisme), un courant anglican (→ anglicanisme).
Au xviie s., le protestantisme subit les contrecoups de la Réforme catholique et s'affaiblit. En Angleterre, l'établissement de l'Église anglicane entraîne le développement des communautés non conformistes, congrégationalistes ou puritaines. Mais leur individualisme religieux, s'il favorise l'essor de l'exégèse et de la critique biblique, entraîne parfois au rationalisme déiste ou même à l'indifférentisme théologique. Cependant, le dessèchement intellectuel des dogmatiques et scientifiques n'a guère, à cette époque, d'influence sur la piété profonde des masses, qui s'exprime d'abord dans les cantiques et aussi dans le piétisme. Celui-ci donne naissance aux communautés des frères moraves du comte de Zinzendorf, et, conjointement avec l'influence des baptistes et des quakers, joue un rôle important dans les origines du méthodisme de Wesley. Mais, à côté de leur influence sur le protestantisme européen, c'est essentiellement dans les colonies anglaises d'Amérique (qui, en 1776, deviendront les États-Unis d'Amérique) que vont se développer ces nouvelles Églises d'inspiration piétiste. Parmi elles, les Églises baptistes deviendront le mouvement protestant le plus important des États-Unis.
Ces mouvements piétistes donneront naissance, au xixe s., au Réveil, qui va associer à la théologie traditionnelle une spiritualité sentimentale et qui, largement opposé aux liens structurels entre l'Église et l'État (fondation des Églises libres, vers 1850, en Allemagne et en Suisse), doit être associé au développement du protestantisme libéral dominant au cours de la seconde moitié du siècle. C'est de lui qu'est né le mouvement chrétien social, préoccupé des grands problèmes sociopolitiques et internationaux. Dans le même esprit se créent et s'épanouissent des mouvements de jeunesse, telles les Unions chrétiennes de jeunes gens, qui, dès 1844, jouent dans l'histoire du protestantisme un rôle considérable, favorisant les « alliances interecclésiastiques » et l'œcuménisme.
Au cours de la seconde moitié du xixe s., les Églises protestantes se regroupent et souvent se fédèrent entre elles ; c'est le cas des Églises anglicanes après la conférence de Lambeth (1867), puis en 1881 la formation de la Conférence méthodiste œcuménique, en 1891 l'Union internationale des Églises congrégationalistes, en 1905 l'Alliance baptiste mondiale, en 1921 l'Alliance réformée mondiale, et en 1947 la Fédération luthérienne mondiale. La plupart de ces organisations universelles ont leur siège à Genève. Il existe en outre, depuis 1921, un Conseil international des missions. En même temps se constituent des organismes nationaux interecclésiastiques. Par ailleurs, certaines tendances très proches les unes des autres se réunifient dans une Église unique ; c'est le cas en Écosse avec la fondation, en 1929, de la Church of Scotland, en France, en 1938, avec la constitution de l'Église réformée de France, qui regroupe la plupart des Églises réformées françaises, et, en 1943, de l'Église du canton suisse de Neuchâtel.
Dès lors, le mouvement œcuménique prend son essor avec les conférences « Vie et Action » (Stockholm, 1925, puis Oxford 1937), en même temps que se réunissent les conférences du groupe « Foi et Constitution » (Lausanne, 1927, et Édimbourg, 1937). En 1948 a lieu à Amsterdam l'assemblée œcuménique au cours de laquelle est constitué le Conseil œcuménique des Églises.
Le protestantisme contemporain se gouverne selon les mêmes principes depuis la Réforme. La pure prédication de la Parole de Dieu et l'administration des sacrements sont les marques d'une Église véritable qui, visible et invisible, est d'institution divine. On distingue, selon le mode de recrutement, les Églises de professants (adhésion personnelle de membres après leur conversion) et les Églises multitudinistes (qui se recrutent surtout par la naissance). Les Églises de professants ont le plus souvent un régime congrégationaliste, où chaque paroisse, autonome, est dirigée par l'assemblée de ses membres. Les autres Églises se partagent entre le système épiscopalien, avec des évêques se réclamant de la succession apostolique (Église anglicane, Église luthérienne de Suède) ou non (Églises moraves, méthodiste épiscopale, etc.) et le système presbytérien-synodal (surtout dans les Églises réformées), où les paroisses, dirigées par le conseil presbytéral (le pasteur et les « anciens »), sont unies entre elles et dans des synodes régionaux et nationaux. C'est en particulier le cas de l'Église réformée de France. (→ protestantisme, théologie protestante.)