Champa ou Tchampa
Royaume indianisé d'Indochine, bordé par la mer de Chine méridionale.
HISTOIRE
Fondé en 192 après J.-C. dans la région de Huê, il s'étendit rapidement de la porte d'Annam (Hoanh-Sôn) jusqu'à Phan Rang. Très influencé par la culture indienne, peu peuplé mais belliqueux, il menaça le Giao-Chi (nord-est de l'Indochine, occupé par la Chine), puis lutta pendant des siècles contre le Viêt Nam. Au xie s., le transfert de sa capitale à Vijaya (aujourd'hui An Nhon) marqua le début d'un recul, coupé de contre-attaques redoutables. En conflit avec le Cambodge depuis le xe s., il s'empara d'Angkor en 1177, puis fut asservi par lui de 1203 à 1220. En 1285, le Champa repoussa les Mongols, tout en acceptant leur suzeraineté. Après la perte de Vijaya (1471), le pays fut peu à peu absorbé par le Viêt Nam. Il disparut comme État vers 1822. Il ne subsiste de sa population que quelques groupes chams.
ART ET ARCHÉOLOGIE
Les vestiges les plus anciens de la cité religieuse de Mi Son datent des environs de 650-700. On y a recueilli une belle sculpture ayant quelques affinités avec celles du Cambodge contemporain. Vers le début du ixe s., les sanctuaires de Hoa Lai représentent le véritable point de départ de l'architecture traditionnelle du Champa. Fondé vers 875, le temple mahayanique de Dông Duong révèle un style puissant et très original, en dépit d'apports indonésiens et chinois. Souvent précédée d'un avant-corps, la tour-sanctuaire carrée (kalan), construction caractéristique des Chams, est couverte d'une toiture étagée en terrasses. Vers le début du xe s., se développe un art plus calme, plus classique (ensemble de Khuong My) qui s'épanouit dans les grands centres shivaïtes du royaume (Nha Trang [Po Nagar] et surtout Mi Son et Tra Kiêu). À une architecture sobre, belle de proportions, se joint une sculpture pleine de distinction et de douceur (influence indonésienne), mais avec tendance à l'abâtardissement vers la fin du siècle (mêmes sites, Chanh Lô, etc.).
Sous la pression du Viêt Nam, Indrapura est abandonnée au profit d'une capitale plus méridionale : Vijaya, où l'activité artistique se poursuit jusqu'au xiiie s. Après 1220, le déclin artistique du Champa s'accélère sous l'effet des conflits internes et de la pression croissante du Viêt Nam, à laquelle s'ajoute la menace mongole.