Sumatra

Le lac Toba, à Sumatra
Le lac Toba, à Sumatra

La plus occidentale des grandes îles d'Indonésie.

  • Superficie : 473 600 km2
  • Population : 47 705 201 hab. (recensement de 2010)
  • Villes principales : Medan et Palembang

GÉOGRAPHIE

Sumatra s'allonge sur 1 650 km du N.-O. au S.-E. Plus large au S. (350 km) qu'au N., elle présente un relief dissymétrique. Sa côte occidentale est bordée par les monts Barisan, caractérisés par un volcanisme très actif. Sept volcans dépassent 3 000 m, dont le Kerinci (3 801 m), point culminant de l'île. À la différence de Java, cette orogenèse affecte les terrains assez anciens du socle, ce qui explique la prédominance du style tectonique cassant. Le Median Graben constitue ainsi une dépression longitudinale, souvent obstruée, il est vrai, par des cônes volcaniques et par les plateaux de tufs ignimbritiques de la région du lac Toba. Ces montagnes tombent directement sur la mer du côté de l'océan Indien (côte occidentale), alors qu'elles sont précédées à l'Est par une zone de collines de piémont taillées dans un matériel tertiaire qui disparaît sous la plaine alluviale construite par les fleuves venus des montagnes (Asahan, Rokan, Kampar, Indragiri, etc.) et qui occupe la partie orientale de l'île, plaine souvent inondée, marécageuse, dans laquelle peuvent réapparaître localement les terrains tertiaires (collines de la région de Palembang). Le climat équatorial de l'île (de 2 à 4 m de pluies tombant tout au long de l'année, avec un maximum en octobre-novembre) explique la présence de la forêt dense sempervirente, alors que la mangrove occupe la côte orientale basse.

Par la densité de population (environ 90 habitants par km2), Sumatra vient très loin derrière Java. La répartition est inégale : les zones montagneuses sont les plus peuplées (fait exceptionnel en Asie du Sud-Est). La majorité des habitants de l'île vivent de la riziculture, pratiquant encore parfois le ladang, mais cultivant le plus souvent des champs permanents. Des cultures commerciales s'ajoutent aux cultures vivrières : cocotiers, épices dans le nord de l'île et la région du volcan Merapi, plantations familiales d'hévéas (chez les Chinois et les Malais du centre et du sud de la plaine orientale), poivriers dans la province de Lampung (première région d'Indonésie pour cette culture). C'est en pays batak qu'on trouve les plus fortes densités de population ; ce groupe de peuples, animistes ou chrétiens (protestants) résidant dans la région du lac Toba, s'oppose aux autres grands groupes de peuples de l'île, dont les Malais, qui ont adhéré à l'islam. À l'E., dans la plaine située en contrebas des plateaux bataks, se trouve l'Oostkust, grande région de plantations industrielles de l'île (hévéas, palmiers à huile surtout) ; Medan est la grande ville de cette région et son port (Belawan Deli) le deuxième d'Indonésie pour les exportations (en valeur).

Deux gisements de charbon sont exploités (Ombulin et, surtout, Bukit Asan, dans le sud de l'île), mais c'est surtout le pétrole qui constitue la grande richesse : exploité dans la plaine orientale, au centre (le gisement de Minas est le plus important, près du port de Dumai), au N. (Arun près de Medan), au S. (région de Palembang), il est raffiné sur place (à Dumai, à Pladju et Sungai Gerung près de Palembang, près de Medan). Un complexe d'exportation de gaz naturel liquéfié est entré en service à Arun (nord de l'île) en 1978. L'île de Bangka, au S.-E. de Sumatra, produit l'essentiel de l'étain indonésien, celle de Bintan (archipel des Riau sur la côte orientale) l'essentiel de la bauxite, mais l'usine d'électrolyse d'aluminium en construction à Kuala Tanjung (deux centrales hydrauliques sur l'Asahan, émissaire du lac Toba, l'alimenteront) traitera de l'alumine importée. Si certaines régions de Sumatra connaissent une forte émigration (pays Minangkabau), la province de Lampung, au sud de l'île, accueille de nombreux Javanais dans le cadre d'une politique de migration de la population et constitue une importante zone pionnière.

HISTOIRE

Habitée depuis le mésolithique, l'île est fréquentée très tôt par les Indiens et les Chinois, qui y recherchent l'or, les bois précieux et le poivre. Dans les premiers siècles de l'ère chrétienne naissent des royaumes malais indianisés, marqués par l'hindouisme et le bouddhisme.

L'un d'eux, Shrivijaya, construit dès le viie s. une thalassocratie reposant sur le contrôle des détroits de Malacca et de la Sonde. Ce royaume, riche d'une culture florissante, mais peut-être victime de l'envasement des estuaires, est harcelé par les Indiens Cola, les Thaïs et les Javanais et disparaît à la fin du xiiie s. L'islam, propagé par des marchands de l'Inde, se répand le long des côtes. Dominée par le royaume javanais de Majapahit (xiiie-xvie s.), Sumatra se divise en petits sultanats (Jambi, Palembang et Aceh) confrontés à la politique d'expansion des Portugais, des Britanniques et surtout des Néerlandais. Ceux-ci ne parviennent à contrôler toute l'île qu'à la fin du xixe s. Ils la mettent en valeur avec des colons javanais (pétrole, plantations). Après l'occupation japonaise (avril 1942-août 1945), l'île est agitée jusqu'en 1958 par des mouvements séparatistes et autonomistes.

Le lac Toba, à Sumatra
Le lac Toba, à Sumatra
  • 682-686 Premières inscriptions attestant l'existence du royaume de Shrivijaya ayant pour centre Sumatra et contrôlant le détroit de Melaka.