Alpes françaises
Région montagneuse du sud-est de la France, comprise entre la vallée du Rhône, la frontière italienne et la Méditerranée, qui correspond à la partie occidentale de l'arc alpin.
GÉOGRAPHIE
Partie occidentale du grand arc alpin, les Alpes françaises ont une orientation méridienne contrastant avec la dominante zonale de l'ensemble de la chaîne des Alpes. L'étirement en latitude qui en résulte est l'une des bases de l'opposition régionale classique entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud, séparées par une ligne allant approximativement de la vallée de la Drôme au col de Montgenèvre.
Les Alpes françaises du Nord
Les Alpes françaises du Nord s'étendent sur une partie de la Région Rhône-Alpes, dans les départements de la Haute-Savoie, de la Savoie, de l'Isère et du nord de la Drôme. En général plus élevées, plus arrosées, davantage boisées, les Alpes du Nord, aérées par des vallées, reliées à l'avant-pays par des cluses, sont plus peuplées, plus urbanisées (Grenoble, Annecy, Chambéry), mieux mises en valeur que les Alpes du Sud. Elles possèdent un relief ordonné. D'ouest en est, les Alpes du Nord voient se succéder quatre types de paysages, dont l'individualisation est largement liée à la tectonique, plus secondairement à la lithologie et à l'érosion des glaciers quaternaires qui ont recouvert l'ensemble de la région.
Les Préalpes
Les Préalpes (Chablais, Bornes, Bauges, Chartreuse, Vercors) sont des massifs calcaires, aux plis généralement simples, formés probablement par le glissement de la couverture sédimentaire des massifs centraux. Les précipitations (à dominante estivale) dépassent généralement 1 m, souvent 2 m, les Préalpes étant frappées de plein fouet par les vents humides de l'ouest. L'élevage bovin (pour les produits laitiers) domine dans le Chablais, les Bornes, les Bauges. La forêt (hêtres, chênes et conifères) recouvre près de la moitié de la superficie totale. L'exploitation forestière est plus importante dans la Chartreuse et le Vercors. Les cluses des Préalpes (Faucigny, cluses d'Annecy, de Chambéry, de Voreppe) sont constituées par des vallées taillées en auge par les glaciers. Elles portent de riches cultures : vignes de la cluse d'Annecy, cultures maraîchères et fourragères. L'industrie se concentre dans les villes : Annemasse dans le Faucigny (constructions mécaniques), Annecy (constructions mécaniques, matériel électronique) et Chambéry. La moyenne vallée de l'Arve, de Cluses à Bonneville, est la grande région française de décolletage. De nombreuses petites et moyennes entreprises (P.M.E.) ont su s'installer à la place des industries lourdes, notamment des fabricants de vêtements et d'équipements de sport autour d'Annecy. La volonté de préserver le milieu a entraîné la création de parcs naturels régionaux (Bauges, Chartreuse, Vercors).
Le Sillon alpin
Le Sillon alpin est une longue dépression qui court de Megève au Trièves et qui atteint son plein épanouissement dans la vallée moyenne de l'Isère, où se succèdent d'amont en aval la Combe de Savoie et le Grésivaudan. Il se relève au nord (gorges de l'Arly) et au sud (vallée du Drac). C'est une déchirure structurale entre les Préalpes et les massifs centraux. Le Sillon alpin, très peuplé, porte des cultures spécialisées se sont réfugiées dans les régions d'abri (tabac, vergers, cultures maraîchères et même de la vigne) et doit sa richesse à son équipement hydroélectrique : aluminium à Ugine, chimie à Chedde, constructions mécaniques et électronique dans la cluse de Grenoble, aujourd'hui tournée vers la recherche scientifique (nanotechnologies).
Les massifs centraux et la zone intra-alpine
Cristallins, étirés du massif du Mont-Blanc au Pelvoux en passant par le Beaufortin et le massif de Belledonne, la Vanoise et l'Oisans, les massifs centraux portent les plus hauts sommets des Alpes françaises et même, avec le mont Blanc, de l'ensemble des Alpes excepté le Caucase. La forêt couvre le tiers des massifs centraux, cédant la place fréquemment aux alpages verdoyants. En bordure de la frontière italienne, enfin, la zone intra-alpine, surtout schisteuse, est aérée (comme les massifs centraux) par les vallées de l'Isère supérieure (Tarentaise), de l'Arc (Maurienne) et de la Romanche. Les précipitations sont ici beaucoup plus faibles que dans les Préalpes. Les températures moyennes de l'hiver avoisinent 0 °C dans les vallées, où le nombre de jours de gelée oscille entre 80 et 150. Ces vallées, avec le Sillon alpin et les cluses (cluse de l'Arve, cluses d'Annecy, de Chambéry, de Grenoble), séparant les massifs préalpins (ou subalpins), quadrillent véritablement les Alpes du Nord, dont elles expliquent partiellement l'ordonnancement du relief et totalement la relative facilité de pénétration. Ce sont à la fois des voies de passage et des foyers industriels. En Maurienne et en Tarentaise, les grandes centrales hydrauliques (Aussois, Malgovert, La Bâthie-Roselend) ont fait naître de nombreuses usines chimiques et métallurgiques, qui attirent une nombreuse main-d'œuvre locale mais aussi étrangère, et alimentent en énergie de petites villes industrielles (aluminium à Saint-Jean-de-Maurienne). Enfin, les hautes vallées, berceaux de l'alpinisme, ont trouvé dans le tourisme hivernal et estival un remède à leur dépeuplement (Chamonix, Megève, Courchevel, Val-d'Isère, L'Alpe-d'Huez, Saint-Gervais, etc). Si la création de stations d'altitude peut redonner vie aux alpages abandonnés, une prise de conscience en faveur de la protection du milieu naturel se fait jour, entraînant la création de parcs nationaux (Vanoise, Écrins) et l'intérêt porté aux expériences tentant d'intégrer le tourisme à l'économie locale (Bonneval-sur-Arc).
Les Alpes françaises du Sud
Les Alpes françaises du Sud s'étendent sur une partie de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans les départements des Hautes-Alpes, des Alpes de Haute-Provence, du sud de la Drôme, de l'est du Vaucluse, du Var et des Alpes-Maritimes. Elles sont séparées des Alpes du Nord par la vallée de la Drôme, des cols de la Croix-Haute, Bayard et de Montgenèvre. Elles ne présentent pas une disposition aussi simple que celle des Alpes du Nord : la vallée de la Durance est moins large, moins profonde que le Sillon alpin et ses vallées affluentes sont étroites. Les Alpes du Sud, plus sèches, mal aérées, ont déjà des affinités méditerranéennes. Des Alpes du Sud, les moyennes thermiques hivernales sont supérieures de 4 à 5 °C à celles des Alpes du Nord (les isothermes de 2-3 °C en janvier marquent en fait la limite entre les deux domaines), de même que les températures estivales, qui approchent 25 °C en moyenne en juillet. Le nombre de jours de gelée dépasse rarement 100 ; quant au total des précipitations, il est partout inférieur à 1 m, en particulier dans les Préalpes et la vallée de la Durance, où il ne dépasse guère 700 mm. La végétation est marquée par la présence du chêne vert associé à des pâturages d'altitude plus maigres que ceux des Alpes du Nord. Utilisées surtout pour l'élevage ovin, les cultures céréalières et localement à l'arboriculture fruitière (vallée de la Durance), elles se sont longtemps dépeuplées, avant que le tourisme et les aménagements hydrauliques (aménagement de la Durance, canal de Provence) ne contribuent à enrayer ce déclin. L'urbanisation est médiocre. Les villes (Briançon, Gap, Barcelonnette, Embrun) sont des marchés agricoles et des centres administratifs ; seul Gap dépasse 20 000 habitants. Le tourisme estival et hivernal se développe (Serre-Chevalier, Briançon, Valberg), mais l'agriculture demeure le fondement de l'économie. L'élevage ovin, les cultures de céréales (blé principalement), de lavande (sur le plateau de Valensole) dominent dans les régions externes. Les prairies sont limitées aux fond irrigués des vallées, et l'élevage bovin est restreint à la zone intra-alpine plus arrosée (Ubaye, Queyras). La vigne ne subsiste que localement (Die). En revanche, l'arboriculture se développe dans la vallée de la Durance.
Les Préalpes du Sud
Les Préalpes du Sud dessinent un vaste arc de cercle des barres calcaires du Diois, du Dévoluy, des Préalpes de Digne d'orientation nord-sud, des alignements est-ouest des Baronnies, de la montagne de Lure, du Luberon et du causse des Plans de Provence jusqu'aux Préalpes de Nice et l'arrière-pays niçois, parfois coupées ou précédées de « plateaux », comme celui de Valensole. Elles sont ouvertes par la Durance. Pauvres et faiblement peuplées, les Préalpes n'ont longtemps constitué que des terrains de parcours pour les moutons transhumants. Cependant, le tourisme (cañon du Verdon, route Napoléon, parcs naturels régionaux du Verdon et du Luberon) et l'aménagement hydroélectrique de la vallée du Verdon a ouvert de nouvelles possibilités économiques pour la région.
Les Hautes Alpes
Les Hautes Alpes sont peu étendues. La zone des massifs cristallins se limite au massif granitique du Mercantour. Les nappes de charriage de la zone interne s'avancent vers l'ouest par la brèche ainsi ouverte, recouvrant le Briançonnais, le Queyras, l'Embrunais. Ces régions se consacrent à un élevage bovin (récemment modernisé) et tentent d'implanter des stations touristiques (Valberg, à proximité du parc national du Mercantour, et parc naturel régional du Queyras). Les Hautes Alpes ont fait l'objet d'une émigration définitive vers les villes du pourtour (Lyon, Marseille), Paris et même l'étranger (Mexique pour les émigrants de l'Ubaye, à partir de Barcelonnette, les « barcelonnettes »).
La vallée de la Durance
La vallée de la Durance constitue le seul axe vital des Alpes du sud. L'irrigation y a permis la culture du blé, de plantes fourragères, de fruits et de légumes. L'aménagement hydroélectrique de la Durance (barrage-réservoir de Serre-Ponçon) est à l'origine de la régularisation de son débit, de l'irrigation de la vallée et de la production d'énergie électrique, qui a favorisé l'installation d'usines chimiques et d'industries électrométallurgiques (notamment à Saint-Auban et L'Argentière).