Sillon alpin
Dépression majeure des Alpes françaises comprise entre les Préalpes françaises du N. et les massifs centraux.
Le Sillon alpin est constitué par une longue dépression de plus de 120 km, entre 200 et 300 m d'altitude, orientée N.-E.-S.-O., du bassin de Sallanches, au N., au col de la Croix-Haute, au S. Deux explications majeures sont avancées pour justifier l'origine du Sillon alpin : une déchirure structurale majeure qui se serait formée par écoulement gravitaire des séries préalpines lors de l'orogenèse des massifs centraux, ou une puissante érosion différentielle qui se serait développée dans des séries sédimentaires tendres. Il est probable que les deux phénomènes sont intervenus pour modeler ce sillon, parcouru par les vallées de l'Arve, de l'Arly, de l'Isère et du Drac, large de 7 à 8 km, aux bas-fonds humides et inondables, où les eaux ont longtemps suivi un cours incertain au milieu d'une masse confuse de dépôts glaciaires.
Le Sillon alpin a constitué une voie de passage majeure à l'intérieur du domaine alpin, valorisée par les vallées transversales qui permettent soit une ouverture sur l'avant-pays (cluses), soit l'accès aux massifs centraux (Val d'Arly, Combe de Savoie, Grésivaudan, vallée inférieure du Drac) et aux grands cols (Maurienne, Tarentaise). La diversité des sols et l'exposition avantageuse des bas versants occidentaux a suscité une agriculture riche : vergers, céréaliculture, viticulture, tabac, associée à un élevage qui utilisait les prairies humides des fonds de vallée. Un contraste permet d'opposer une partie plus montagnarde (bassin de Sallanches, val d'Arly), une partie plus basse : secteur Albertville-Vizille, et une terminaison, méridionale à plus d'un titre : rives du Drac. La fonction de passage a fixé une importante activité industrielle utilisant très tôt les considérables ressources hydroélectriques : industries métallurgiques, industries chimiques avec les activités beaucoup plus diversifiées des unités urbaines, Albertville et surtout Grenoble.
Grenoble est, en effet, la métropole du Sillon alpin avant d'être celle des Alpes. Son influence, grâce à la convergence des voies de circulation, s'y exerce sans partage ; c'est sur les espaces disponibles dans le Sillon que se déploie l'agglomération, le remplissant d'usines, d'ensembles résidentiels, d'installations fortement consommatrices d'espace, remodelant enfin son activité agricole en l'orientant vers la satisfaction de la demande urbaine.