Les résultats de cette conférence, très attendus, semblent assez minces. La question des empêchements canoniques de mariage — notamment dans le cas d'unions entre orthodoxe d'une part, non-orthodoxe, non-chrétien ou incroyant de l'autre — ne reçoit pas de réponse adaptée aux situations nouvelles. Tout un maintenant les règles datant du viie siècle, la conférence recommande l'application par les Églises locales du principe de l'économie, qui admet une exception à ces règles « pour le bien spirituel des personnes concernées ».

La conférence remet en outre à plus tard la révision du calendrier, qui permettait la célébration commune de Pâques par toutes les Églises chrétiennes.

Concile

Comme l'écrit le P. Bobrinskoy, certaines Églises orthodoxes — les plus importantes numériquement — demeurent crispées dans des attitudes conservatrices sous la pression d'États totalitaires qui ne les tolèrent que comme vestiges archéologiques ou éléments du patrimoine national. Chez toutes les Églises orthodoxes, le métropolite Melitor, doyen du saint-synode du patriarcat œcuménique, déplore « la carence du dialogue » entre le clergé et les fidèles.

La prise de conscience de cette crise interne apparaît comme le résultat le plus positif de cette conférence préparatoire à un concile dont la date de convocation demeure toujours incertaine.

Du 6 au 8 octobre 1982, l'assemblée générale de l'archevêché orthodoxe de France et d'Europe occidentale réunit autour de l'archevêque Georges (Wagner) une centaine de délégués des paroisses qui élisent les membres du nouveau conseil diocésain.

Dans le domaine œcuménique, la commission mixte internationale du dialogue théologique catholique romain/orthodoxe publie, à l'issue de sa 2e réunion plénière (Munich, 30 juin au 6 juillet 1982), un document sur le thème « Mystère de l'Église et de l'Eucharistie ». Les larges zones d'accord qui y apparaissent serviront de base à des études ultérieures, notamment sur le rôle de la papauté.

Musulmans

La poursuite de la guerre du Golfe entre l'Iran et l'Iraq, particulièrement meurtrière, et surtout la guerre israélo-palestinienne au Liban marquent profondément les esprits dans le monde musulman. Le spectacle de deux pays islamiques qui se déchirent pour des buts de guerre de moins en moins compréhensibles, alors que l'armée israélienne assiège Beyrouth — l'une des capitales arabes les plus aimées et les plus prestigieuses — dans la passivité des régimes voisins, exaspère les tensions.

Le monde soviétique lui-même semble prendre toute la mesure du problème islamique, face notamment à l'expansion de la résistance des Moudjahidin en Afghanistan et au caractère de plus en plus incontrôlable de la politique iranienne. La mort du président Brejnev est donc, pour son successeur l'occasion de promouvoir, au bureau politique du PC d'Union soviétique et au poste de premier vice-Premier ministre, un dirigeant communiste confirmé originaire d'Azerbaïdjan et spécialiste des questions musulmanes, H. Aliev.

Le modèle islamique apparaît de plus en plus comme une alternative proposée aux peuples de la région. L'hodjatoleslam chiite iraqien Seyed Mohamed Bagher Hakim annonce le 17 novembre 1982 à Téhéran la formation d'un conseil supérieur de la révolution iraqienne destiné à diriger la lutte contre le régime de Saddam Hussein.

Toutes les manifestations ne sont pas à rattacher à la montée du courant intégriste. Les affrontements qui ont lieu début novembre à Baroda (État du Gujarat), en Inde, entre hindous et musulmans trouvent leurs racines dans un conflit qui n'a pas cessé depuis la partition de ce pays, après la Seconde Guerre mondiale. À l'autre extrémité du monde islamique, au Nigeria, dans des régions d'islamisation récente, des incidents très graves font des centaines de morts fin octobre, dans les villes de Maiduguri et Kaduna : les fidèles d'un messie, d'origine camerounaise, tué en 1980 lors d'émeutes semblables à Kano, se soulèvent contre « la corruption de l'Islam traditionnel » (Journal de l'année 1980-81).