Portée sur les fonts baptismaux en 1995 à l'issue du cycle de l'Uruguay afin de prendre la suite du GATT – l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce mis en place en 1944 –, l'Organisation mondiale du commerce a fait à plusieurs reprises la « une » des médias. Il est vrai que peu de domaines de l'activité humaine échappent à son emprise et que l'on y nourrit les plus vastes ambitions, qu'il s'agisse de promouvoir les échanges sur une base non discriminatoire, de relever les niveaux de vie et de revenus du plus grand nombre, de permettre aux pays les plus démunis de mieux participer au commerce international, d'encourager le développement et la protection de l'environnement ou encore de réduire les distorsions commerciales résultant d'une protection insuffisante de la propriété intellectuelle. Bref, à l'aube du troisième millénaire, l'OMC entend optimiser les ressources mondiales étendues aux services.

Une organisation complexe

Prenant acte de la mondialisation de l'économie, partisans et détracteurs de l'organisation ont pu faire valoir leurs arguments. Et si la passion l'a emporté parfois sur la raison, on concédera volontiers, eu égard aux enjeux, que les esprits aient pu s'échauffer. Selon ses zélateurs, l'OMC affiche un bilan plus qu'honorable. Ainsi, sous la houlette de l'Italien Renato Ruggiero, l'Organisation s'est imposée, grâce à une formule originale de règlement des conflits, comme une police efficace des échanges mondiaux. En dépit des crises monétaires et des contentieux politiques, elle a notamment réussi à soutenir le mouvement d'ouverture des marchés, dans le domaine des services et de la propriété intellectuelle. L'action de l'OMC serait donc positive, en concluent ses avocats, et il suffit de regarder la liste des pays qui frappent à sa porte – Chine et Russie – pour trouver la plaidoirie convaincante. Pour autant, d'aucuns estiment que l'OMC pose plus de problèmes qu'elle n'en résout et que la part hégémonique des États-Unis suffit à la discréditer – c'est là le sentiment de Jacques Attali qui, dans une tribune parue dans le journal le Monde, s'en prenait violemment à l'Organisation sous le titre évocateur « Pour en finir avec l'OMC » (27 juillet). Plus généralement, les détracteurs de l'OMC lui reprochent une complexité telle, notamment en cas de litiges et d'arbitrage, que les pays en développement n'ont guère les moyens de faire valoir leurs droits, la maîtrise de l'expertise judiciaire et financière leur faisant souvent défaut. Un aspect du fonctionnement de l'OMC qui n'a pas échappé au Programme des Nations unies pour le développement, qui plaide, sans succès, pour l'octroi d'une aide juridique destinée aux pays pauvres dans leurs négociations avec l'OMC. Enfin, le compromis qui a abouti à partager le mandat de directeur de l'OMC entre le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi – soutenu par les Asiatiques – et le Néo-Zélandais Mike Moore – candidat des États-Unis – est gros de risques quant au fonctionnement de l'OMC alors que les pressions protectionnistes menacent dans le monde et que les conflits commerciaux se multiplient.

P. F.

L'Europe et l'OMC

La succession de l'Italien Renato Ruggiero à la tête de l'OMC a mis en évidence le poids prépondérant des États-Unis dans l'Organisation et, en négatif, la part modeste de l'Europe. Celle-ci, première puissance commerciale du monde, a finalement renoncé à assurer le rôle d'intermédiaire entre l'Asie et les États-Unis, entre les pays riches et les pays pauvres. Quant à la France, qui professe volontiers que la mondialisation doit être accompagnée d'une régulation renouvelée à l'échelle de la planète afin que la libéralisation des échanges ne conduise pas à l'anarchie, elle a surtout brillé par son absence lors des débats qui ont présidé au choix du nouveau directeur général de l'OMC.

Le retour de la « guerre des étoiles »

En 1983, le président Ronald Reagan engageait les États-Unis dans un formidable effort de défense contre les missiles à partir de l'espace. Ce programme, connu sous le nom d'« Initiative de défense stratégique », a perdu de son actualité avec la disparition de l'URSS. Mais avec l'émergence de nouvelles puissances – et donc de nouvelles menaces – on parle déjà du retour de la « guerre des étoiles »