Journal de l'année Édition 2000 2000Éd. 2000

Le capital injecté par Renault épongera – en partie – les dettes de Nissan, qui fera bénéficier le groupe français de ses entrées sur certains marchés et de ses réseaux de distribution, mais aussi de sa présence dans la gamme des véhicules de luxe, comme les fameux 4 × 4 ; surtout, les deux partenaires comptent faire des économies, la réduction des sites industriels et la mise en commun de plates-formes, pour la production de la Micra de Nissan et de la Clio de Renault dans un premier temps, devant faire baisser les coûts de 20 milliards de francs entre 2000 et 2002. Ce développement annoncé des synergies nécessite une interpénétration profonde de deux politiques, de deux cultures d'entreprises différentes dont la cohabitation était décrite comme difficile, sinon impossible, il n'y a pas si longtemps.

Synergie

L'« immersion » des responsables de chaque groupe dans le bain socio-économique du partenaire – Carlos Ghosn, numéro deux de Renault, devient directeur général de Nissan, et M. Hanawa, administrateur de Renault – ainsi qu'un échange de personnels devraient faciliter la compréhension mutuelle. Signe d'un renversement de tendance prometteur, alors que l'Europe craignait d'être submergée par les constructeurs nippons, c'est le groupe français qui apporte ici son expérience de gestion, et celle de l'État, qui en est actionnaire, à une firme japonaise aux pesanteurs bureaucratiques connues. En dépit des risques, cette alliance raisonnable est donc plutôt une bonne nouvelle, et peut-être un modèle, pour une économie française agitée par une vague de fusions et autres OPA qui sont souvent plus des déclarations de guerre que des actes de mariage.

Gari Ulubeyan

Mariés et vaccinés...

Le mariage de Renault avec Nissan n'a rien d'un coup de foudre. Mûrement réfléchi, il prend en compte les risques qu'entraîne pour le constructeur français en bonne forme économique une alliance avec le japonais en quête d'un redressement financier urgent. Pour se protéger contre le risque d'une contagion de la dette de Nissan et celui d'une OPA ou de la dilution de ses parts en cas d'augmentation de capital de Nissan, Renault a verrouillé sa participation ; celle-ci, estimée à 5 milliards d'euros, pourrait passer de 36,5 % à 44,4 % d'ici à 2004. Il s'agit pour Renault de garder une marge suffisante afin de ne pas descendre en deçà de la minorité de blocage (33,4 %) tout en évitant de consolider la dette de Nissan, qui (ait déjà passer le ratio d'endettement de Renault de 0 à 28 % à la fin de 1999. Ce ratio devrait revenir au point mort en 2001. D'ici là, la fusion n'est pas à l'ordre du jour.