À travers cette fusion, les banques américaines attendent une réduction de leur coût de fonctionnement, en réalisant des économies d'échelle et une rationalisation de leur activité : ainsi, elles entendent se séparer d'activités jugées de peu d'avenir ou d'un intérêt marginal afin de consacrer leur capital disponible dans des métiers pour lesquels elles ont acquis un savoir-faire expérimenté, ce qui devrait donner par ailleurs toute satisfaction à leurs actionnaires. Pour y parvenir, elles s'appuieront sur des outils de gestion (notamment informatiques) de plus en plus performants en se dotant d'ordinateurs et de systèmes d'informations superpuissants et très coûteux, qu'elles seules pourront s'offrir. Elles pourront ainsi suivre tous les avoirs et les besoins des particuliers et des entreprises, proposant aux uns et aux autres des services adaptés puisés dans une large gamme.

L'ouverture à la concurrence : les télécommunications

C'est une sorte de mouvement perpétuel qui s'est emparé de ce secteur avec un nombre inégalé de records : en l'espace de deux ans, il a été compté une douzaine de regroupements, comme celui entre l'américain AT & T et BC (British Communications), acquisitions en série par le même AT & T, mariages entre compagnies (GTE et Bell Atlantic), etc.

C'est le « Telecom Act » adopté aux États-Unis au début de 1996 qui a mis fin au monopole et a ainsi ouvert à la concurrence des marchés jusque-là compartimentés : téléphone local, interurbain, liaisons internationales. Plus précisément, avec cette déréglementation du téléphone longue distance (communications nationales et internationales), des firmes comme AT & T ont été autorisées à proposer des services locaux. Inversement, mais a la condition que leurs marchés aient été au préalable ouverts à la concurrence, les compagnies régionales peuvent offrir des services longue distance. Ce décloisonnement des marchés a favorisé un certain nombre de rapprochements. Par exemple la fusion MCI-World Com (à travers un échange d'actions d'un montant de 37 milliards de dollars) a abouti à créer un groupe capable d'offrir à la fois du téléphone longue distance, du téléphone local et des services Internet.

De même, le rachat par SBC Communications, par échange d'actions pour plus de 60 milliards de dollars, de son compatriote Ameritech a donné naissance au premier opérateur de téléphone local aux États-Unis. À l'issue d'une série de fusions, il ne resterait plus que quatre des sept compagnies régionales issues du démantèlement du monopole d'AT & T en 1984.

La recherche de la taille critique : la fusion Daimler-Benz et Chrysler

La firme allemande Daimler-Benz et l'américaine Chrysler ont annoncé le 7 mai 1998 une fusion transfrontalière pour former le cinquième constructeur automobile mondial (derrière General Motors, Ford, Toyota et Volkswagen) en nombre d'automobiles vendues. Une action Daimler donnera droit à une action du nouvel ensemble Daimler-Chrysler et une action Chrysler à 0,547 action Daimler-Chrysler. Ce mariage, évalué à 166 milliards de marks (556 milliards de francs), représente, selon Daimler, « la plus importante fusion de toute l'histoire ». Dans un contexte très concurrentiel – notamment en Europe où les surcapacités productives sont évaluées à environ un tiers –, il en est attendu un accroissement des profits résultant de celui des ventes, tant sur les marchés internationaux que sur les marchés traditionnels.

Gilbert Rullière

BP-Amoco, Shell-Texaco

La montée en puissance des actionnaires, comme dans d'autres secteurs d'activité et, surtout, la chute des cours pétrole, tombés au plus bas en août 1998, ont amené les multinationales à se rapprocher. Ainsi, la compagnie britannique BP et l'américaine Amoco annonçaient leur fusion le 11 août 1998. L'opération a été payée par échange d'actions. Les deux firmes ont ainsi constitué la troisième compagnie mondiale pétrolière après Shell et Axon. De leur côté, Shell et Texaco ont regroupé le 3 septembre 1998 leurs activités raffinage-distribution en Europe. Dans un cas comme dans l'autre, elles attendent de ces fusions un accroissement des ventes à la suite de la réduction des coûts (à travers des économies d'échelle), ce oui doit améliorer la rémunération des actionnaires et la valeur du service rendu aux clients dans un marché extrêmement concurrentiel.