Journal de l'année Édition 1997 1997Éd. 1997

Cette période de troubles a des répercussions négatives sur les performances de l'économie. Si, en juin, les estimations présentées à l'Assemblée législative tablent sur une inflation en baisse (11 % au lieu de 13 % en 1995), la balance commerciale reste fortement déficitaire (3 milliards de dollars), les exportations n'ayant pas progressé autant que prévu et les importations ayant fortement augmenté. Mme Bhutto avait annoncé, en juin, la levée de nouveaux impôts pour combler le déficit budgétaire de l'année. Enfin, la part du budget consacrée à la défense croît de 14 % pour l'exercice 1996-1997.

Chrono. : 20/09, 27/10, 4/11.

Sri Lanka

L'année donne l'occasion d'un premier bilan de la politique du gouvernement de l'Alliance du peuple (PA) de Chandrika Kumaratunga, qui fête en août ses deux ans au pouvoir. Élu sur la promesse d'une restauration de la paix dans une île ravagée par des conflits interethniques, le gouvernement de Mme Kumaratunga s'est vu paradoxalement contraint de conduire l'une des guerres les plus intensives de la décennie, qui a, en outre, grevé le budget national. Les dirigeants du PA ont renoncé à la principale source idéologique de mobilisation que représentait le nationalisme cinghalais, ce qui a changé la nature du conflit. À l'origine lutte ethnique contre les Tamouls, la guerre s'est transformée en une lutte antiterroriste dirigée contre le mouvement des Tigres du LTTE (Tigres de libération de l'Eelam Tamoul). En avril, le gouvernement, maître de la ville de Jaffna depuis décembre 1995, lance une offensive couronnée de succès sur la péninsule de Jaffna. Quelque 250 000 Tamouls sont rapatriés dans le nord-est de la péninsule au mois de mai. En septembre, la victoire de l'armée gouvernementale fait désormais du camp de Mullaitvu la seule base de repli des Tigres tamouls. En octobre, on estime le coût de cette lutte antiterroriste à 3 000 victimes, réparties dans les deux camps.

Cette stratégie d'offensive militaire obéit à une logique politique : pour la première fois, un gouvernement du Sri Lanka envisage une structure politique fédérale. Des propositions sont présentées à un comité parlementaire restreint mis sur pied en janvier pour préparer une réforme constitutionnelle. Le gouvernement de Mme Kumaratunga est le premier à proposer une réforme de ce type sans avoir la majorité des 2/3 au Parlement, ce qui l'oblige à obtenir le soutien de son rival, le Parti national uni (UNP), et ralentit la marche des réformes.

Les performances économiques, les plus mauvaises de ces sept dernières années, sont affectées par la poursuite de la guerre. L'accroissement des dépenses militaires fait monter le taux d'inflation (13 % en septembre). Les investissements et les revenus du tourisme régressent. La croissance du PIB est estimée à 3,6 % (chiffre de septembre). En mai, le Sri Lanka sollicite une aide de 70 millions de dollars pour la réhabilitation des régions du nord de l'île, ravagées par la guerre civile.

Chrono. : 31/01, 8/04.

Bangladesh

De janvier à mars 1996, le gouvernement du Bangladesh National Party (BNP) de Khaleda Zia fait face à des mouvements de résistance passive orchestrés par le principal parti d'opposition, la ligue Awami. Attaquée pour corruption et accusée d'avoir violé le code de conduite électoral aux élections de février 1996, Mme Zia démissionne en mars. Le scrutin du 12 juin donne une victoire écrasante à Sheikh Hasina Wajed, la fille de Mujibur Rahman, fondateur du Bangladesh. Seule rescapée, avec l'une de ses sœurs, du massacre collectif dont est victime sa famille lors du putsch de 1975, cette dernière a vécu six ans en exil à New Delhi, où, en 1981, elle est nommée à la tête de la ligue Awami. Aux élections de 1991, elle ne cherchera pas à contrer l'avancée du BNP de sa rivale Khaleda Zia, mais l'aidera, au contraire, à renverser la dictature des militaires. De 1994 à 1995, elle a entretenu de vives campagnes d'agitation au Bangladesh. Sous sa férule, la ligue Awami retrouve le pouvoir après vingt et un ans d'absence. Le nouveau gouvernement cherche le consensus et admet en son sein un membre du Jatiya Party du général Ershad, qui dispose de 32 sièges au Parlement. Le nouveau Premier ministre subit de fortes pressions de la part des partis de gauche qui veulent que soient jugés les auteurs du putsch de 1975, lequel avait mis fin au pouvoir de la ligue Awami. La débâcle du parti islamiste du Jamaat est un signe de l'évolution politique du pays vers un islam modéré.