Le vieillissement des idoles a été une fois de plus illustré par le palmarès des Victoires de la musique mouture 1996, car il ressemble à s'y méprendre aux dix autres éditions précédentes, à quelques noms près... Les lauréats ont pour noms Véronique Sanson, Maxime Le Forestier (meilleurs artistes), Alain Souchon (meilleur album), Johnny Hallyday (meilleur concert) et les Innocents (meilleur groupe). Rien de bien nouveau. Pire, la révélation féminine de l'année – une inconnue nommée Stephend – provoque un scandale quand on s'aperçoit qu'elle est liée professionnellement à un des principaux responsables de la manifestation.
Loin de tous ces remous, tranquillement et sans faire de tapage, l'antistar Jean-Jacques Goldman continue sa voie, parsemée de triomphes. Après l'album de la demoiselle Dion, et sans parler de toutes les autres vedettes qui lui doivent une partie de leur succès – de Johnny Hallyday à Patricia Kaas – l'auteur-compositeur-arrangeur vient encore de signer un énorme tube avec « Aïcha » pour la star du raï, Khaled. Quant à l'interprète Goldman – accompagné de ses complices Fredericks et Jones (il ne faut jamais changer une équipe qui gagne) –, il va très bien. Aussi, à chaque sortie d'album, il vend bon an mal an un million d'exemplaires...
À deux pas des sentiers battus du show-bizz, saluons un très bel album de Gilles Servat – certes plus très jeune lui non plus, mais ô combien obstiné –, qui défend depuis vingt ans la culture bretonne. Son dernier album, Sur les quais de Dublin, retrace et tisse d'autant plus fortement la culture celtique qu'aux côtés de Servat on retrouve un certain Ronnie Drew, qui n'est rien de moins qu'un ancien chanteur des Dubliners...
Patricia Scott-Dunwoodie