Pendant ce temps, la violence à l'école devient un inquiétant phénomène de société. On ne compte plus les affaires de racket, les agressions verbales et physiques de professeurs, voire les morts comme à Brest ou à Montereau. Vertement tancé par un Jacques Chirac de plus en plus agacé par l'attentisme de François Bayrou, celui-ci annonce quatorze mesures qui vont de l'affectation de 2 200 appelés dans les écoles à la création de 250 postes de personnels éducatifs en passant par le renforcement de « la coopération éducation-police-justice »... « J'espère qu'il ne s'agira pas là d'un énième plan non suivi d'effets », grondera un président de la République guère convaincu. De cette année 1996, riche en débats, on retiendra trois tendances importantes. Deux jeunes sur trois sont bacheliers : 67,9 % d'une génération accèdent aujourd'hui au niveau bac ; en 1980, ils n'étaient que 34 %, puis 56 % en 1990. Sept bacheliers sur dix vont à la fac, un sur dix dans un IUT (Institut universitaire de technologie), autant en classes préparatoires et en STS (section de technicien supérieur). Les diplômés sont mieux protégés contre le chômage : quatre années après la fin de leur formation, 14,4 % des diplômés de l'enseignement supérieur sont au chômage contre 23 % chez les bacheliers, 26 % chez les titulaires d'un CAP ou d'un BEP et 41 % chez les sans diplômes.

Moralité : le diplôme demeure, malgré tout, l'assurance des temps difficiles.

Yann Plougastel

L'affaire de l'amiante

En annonçant le 14 juillet, à la télévision, qu'avant la fin de l'année il n'y aurait plus d'étudiants à Jussieu, Jacques Chirac surprit son monde. Dans les années 60, des locaux avaient été construits sur l'emplacement de l'ancienne Halle aux vins pour accueillir enseignants et étudiants des universités scientifiques. Alors qu'on connaissait mal les dangers de cette nouvelle matière, l'isolation des plafonds avait été réalisée avec des plaques d'amiante. L'inhalation de la poussière causée par la lente désagrégation de ces plaques, qui ne doivent surtout pas apparaître à l'air libre, provoqua d'importantes maladies reconnues comme professionnelles chez une vingtaine de personnes travaillant à Jussieu. Des travaux de déflocage s'imposaient donc, mais, de là à évoquer une fermeture pure et simple... D'aucuns, comme Claude Allègre, sceptiques sur les réels dangers de contamination, évoquèrent une opération immobilière ; d'autres, tel le maire de Paris, Jean Tiberi, proposèrent, confortant les premiers, le déménagement de l'université sur les terrains de la ZAC Paris-Rive gauche. Après plusieurs semaines de tergiversation, François Bayrou annonça un plan, étalé sur trois ans et doté d'une enveloppe de 1,2 milliard de francs, prévoyant, à partir d'avril 1997, l'enlèvement de l'amiante sur 220 000 m2 et la construction de 40 000 m2 de locaux tampons pour effectuer les travaux par tranche... Jacques Chirac a donc péché par optimisme : en décembre 1996, il y avait encore des étudiants à Jussieu.