En novembre 1994, l'armée bosniaque était passé à l'offensive dans l'enclave de Bihac, mais la contre-attaque serbe l'avait mise dans une situation précaire, ce qui avait conduit à un cessez-le-feu entre les Bosniaques de Sarajevo et les Bosno-Serbes de Pale. Mieux préparée, l'offensive bosniaque de mars 1995, lancée dans le nord et le centre du pays, rencontre plus de succès. En réaction, les Bosno-Serbes de Radovan Karadzic et du général Ratko Mladic bombardent Sarajevo, Tuzla, Bihac et Gorazde. Fin mars, ils proclament la mobilisation générale.

Signe d'une progression de l'engagement de la communauté internationale contre les Serbes de Bosnie, en avril, le Tribunal pénal international de La Haye juge le tortionnaire Dusko Tadic et ouvre une enquête sur R. Karadzic et le général Mladic, pour génocide et crimes contre l'humanité. Après le très violent bombardement de Sarajevo le 16 mai, l'OTAN réplique les 25 et 26, en frappant des positions bosno-serbes. Les Serbes de Bosnie contre-attaquent en prenant en otage des Casques bleus et en les utilisant comme boucliers humains. Quinze pays de l'OTAN et de l'Union européenne créent alors une Force de réaction rapide (FRR) destinée à épauler la Force de protection des Nations unies (FORPRONU). Les Bosniaques profitent alors du durcissement des Occidentaux pour tenter, sans grand succès, de débloquer Sarajevo. De leur côté, les Bosno-Serbes s'emparent des enclaves musulmanes de Srebrenica et de Zepa (juillet), faisant des milliers de victimes, souvent fusillées sans jugement.

Désormais, tout va très vite. La Bosnie et la Croatie signent un accord d'assistance militaire, le Sénat américain lève l'embargo sur les ventes d'armes, et la FRR se déploie sur le mont Igman, qui surplombe Sarajevo. Fin juillet, l'armée croate pénètre en Bosnie centrale, remonte vers le nord pour désenclaver Bihac, encercle les Serbes de la Krajina croate, dont elle s'empare début août, et jette sur les routes de la Bosnie 200 000 réfugiés serbes. Se sentant abandonné, R. Karadzic tente de prendre seul le contrôle de l'armée, mais le général Mladic, appuyé par Belgrade, réussit à conserver son commandement. R. Karadzic, dont la politique est désormais considérée comme trop extrémiste par la Serbie, se retrouve alors isolé.

Dans un dernier baroud sanglant, les Bosno-Serbes bombardent le marché de Sarajevo le 28 août. Les frappes de l'OTAN reprennent pendant un mois, jusqu'à ce que les Bosno-Serbes retirent leurs armes lourdes à 20 kilomètres de Sarajevo et demandent à Belgrade de négocier en leur nom. À la mi-septembre, les Croates et les Bosniaques ont déjà repris plus de 50 % du territoire conquis par les Serbes de Bosnie.

Bien que les nouveaux « alliés » soient un moment au bord de la rupture (les Croates gardent leurs conquêtes pour eux seuls), les négociations prennent alors un tour nouveau. Sous la houlette de l'émissaire américain Richard Holbrooke, les Bosniaques, les Croates et les Serbes se réunissent à Genève le 8 septembre et à New York le 26. En novembre, sur la base militaire de Dayton, aux États-Unis, s'ouvrent des négociations entre les trois présidents serbe, bosniaque et croate. Elles aboutissent, le 21 novembre, à la signature d'un accord de paix (ratifié à Paris le 14 décembre) qui préserve l'existence d'une Bosnie unifiée mais composée de deux parties fédérées : la Fédération croato-bosniaque et la République serbe de Bosnie. La capitale, Sarajevo, devrait rester unifiée. Une force sous commandement de l'OTAN veillera à l'application de l'accord.

Chrono. : 1/01, 15/02, 20/03, 14/04, 25/04, 25/05, 2/06, 18/06, 11/07, 21/07, 25/07, 28/08, 5/09, 19/09, 26/09, 12/10, 1/11, 21/11, 14/12.

République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro)

Son pays étant en but à un embargo international depuis avril 1992, les Américains changeant d'attitude et les Croates commençant à se renforcer, Slobodan Milosevic avait choisi d'infléchir sa politique belliqueuse dès août 1994. Belgrade avait alors fermé sa frontière avec la République serbe autoproclamée de Bosnie et accepté que des observateurs de l'ONU s'y installent. Cela n'empêchait cependant pas la plupart des officiers de l'état-major bosno-serbe de se rendre à Belgrade pour y recevoir leur solde.