Météo : le Printemps
La première décade du printemps – du 21 au 31 mars – est caractérisée par la rareté des pluies et la fraîcheur ; il est vrai que le flux de nord qui s'est installé sur le pays à partir du 23 a fait passer les températures de 3 à 5 degrés en dessous des normales dans le Nord-Est et le Centre-Est. Des pluies ont été relevées en Corse et dans le Sud-Est du 25 au 27 et sur toute la façade atlantique du 29 au 31 (29 mm à Quimper en 8 heures le 31) mais elles n'ont pas suffi à atténuer le fort déficit pluviométrique hivernal. Mars 1993 est depuis 1957 le second mois de mars le plus sec après mars 1961. Au ministère de l'Environnement, la direction de l'Eau prévoit à terme la pénurie d'eau dans le cas d'un printemps et d'un été secs.
Avril est doux et pluvieux. Les températures mensuelles sont de 0,4 °C à 2,3 °C supérieures aux normales : + 0,4 °C dans le Sud-Est, + 0,8 °C en Corse, + 1,2 °C dans le Sud-Ouest et le Centre-Est, + 2,3 °C dans le Nord. Les records relatifs aux minimales ou aux maximales élevées ont été mesurés entre le 6 et le 10 et pendant la deuxième quinzaine du mois, périodes particulièrement douces : 14,7 °C à Orly le 28 (minimale), 24,3 °C à Lille le 28 (maximale) ou bien 13,6 °C et 29,1 °C à Colmar le 28 (valeurs record sur 7 jours). En avril, les précipitations sont déficitaires dans le Nord-Est (– 28 %) mais excédentaires, voire très excédentaires, dans les autres régions (+ 168 % dans le Sud-Est, + 95 % dans le Nord ou + 89 % dans l'Ouest). Les pluies abondantes, localement orageuses et mêlées de grêle, imputables à des perturbations souvent actives d'ouest (du 1 au 6), de sud-ouest (du 9 au 15 et du 21 au 22), de sud (les 23 et 24) ou de sud-est (du 25 au 27) ont réduit le déficit hydro-pluviométrique persistant en France depuis plusieurs mois. On retiendra, parmi les précipitations remarquables : 53 mm à Marsanne (26) en 16 heures le 1, 21 mm à Quimper en 6 heures le 5, 64 mm à Castres le 27 ou encore, pour la période du 23 au 27 avril : 110 mm à Cannes en 30 heures, 101 mm à Ribiers (05) en 48 heures, 239 mm en 72 heures à Pont-de-Montvers. À la station de Marseille-Marignane, le cumul mensuel de 157 mm constitue un nouveau record. Au 30 avril, le bilan hydrique des sols s'est nettement amélioré par rapport à celui observé à la fin de mars. Le rapport R/RU de la réserve disponible à la réserve utile n'est inférieur à 60 % qu'en Alsace, en Lorraine, en Franche-Comté, dans la Limagne de Clermont-Ferrand et dans la région stéphanoise.
En mai, les températures sont de 1 à 2 degrés supérieures aux normales sur l'ensemble de la France. La chaleur observée du 23 au 26 dans la moitié ouest du pays et du 25 au 28 de la Corse au Nord-Est s'explique par l'advection d'air doux et légèrement humide depuis la Méditerranée et l'Afrique du Nord. Les 25 et 26 mai, les températures maximales dépassent les 28 °C : 28,8 °C à Châtillon-sur-Seine, 29,7 °C à Saint-Yan [71], 29,9 °C à Lyon-Satolas le 25 et 30,4 °C à Bourg-Saint-Maurice le 26. Les précipitations, dont la répartition spatiale est très inégale, revêtent le plus souvent un caractère orageux : 109 mm en 12 heures à Murat-sur-Vèbre le 10, 40 mm en 12 heures à Quincy le 18, 125 mm en 18 heures à Génolhac [30] le 19 ou 243 mm à Mazan-l'Abbaye [07] de 6 heures le 20 à 6 heures le 21. Au mois de mai, le bilan hydrique des sols s'est dégradé. Le rapport R/RU est inférieur à 60 % dans les départements du Nord, de la Sarthe et de l'Ille-et-Vilaine, à l'est de la ligne Béziers-Alès-Valence-Albertville, en Lorraine, en Alsace et dans l'Angoumois. Il est même inférieur à 40 % dans la plaine d'Alsace, la basse vallée du Rhône et les Alpes orientales.
Chili : Après plusieurs jours de pluies diluviennes, la capitale, Santiago, subit les 2 et 3 mai (automne austral) les effets destructeurs et meurtriers de débordements torrentiels d'eau et de boue : 18 morts et 97 disparus ; plus de 2 millions de citadins sont privés d'eau.
Au cours des deux premières décades de juin, chaleur (du 1 au 10), fraîcheur (du 11 au 15) et douceur, à partir du 16, se sont succédé, comme le prouvent ces quelques records de température : 17,9 °C à Maçon et 18,8 °C à Orly le 9 (températures minimales élevées), 31 °C à Bourg-Saint-Maurice le 8 (maximale élevée), 13,2 °C à Trappes le 12 et 14,2 °C à Mâcon le 19 (maximales basses). Les précipitations revêtent un caractère nettement orageux, notamment sur l'ouest du pays, du 8 au 11 juin et le jour du solstice d'été : 45 mm en 3 heures à Montgaillard (65) le 8 ; le 9, la grêle fait des dégâts dans le vignoble du Médoc (50 mm à Cissac en 2 heures 15) et des pluies diluviennes (100 mm en 72 heures) provoquent des inondations dans la région lilloise et sur le territoire de 147 communes du pays de Caux qui seront, ultérieurement, déclarées victimes de catastrophe naturelle. L'ampleur de ces intempéries de la fin du printemps est aussi attestée par ces relevés : 105 mm en 2 heures (!) à Saint-Vincent d'Autejac le 10, 66 mm à Cerisy-la-Salle le 11, 31 mm en 30 minutes à Toulouse et 26 mm en 3 heures à Bordeaux le 21. À l'occasion de ces épisodes pluvio-orageux, le vent a atteint, dans certaines stations, des vitesses instantanées très élevées : 115 km/h à Gourdon le 8, 145 km/h à Tusson [16] le 10, 155 km/h au Cap Sagro le 12...