Il est à noter, par ailleurs, que la progression de la Bourse de Paris va de pair avec les autres grandes places. C'est ainsi que Londres, Francfort ou Wall Street, à New York, ont battu, elles aussi, leurs propres records.
Début septembre, la Bundesbank baisse enfin ses taux d'un demi-point, laissant le champ libre à une baisse progressive en France. Cette diminution pénalise alors les placements monétaires et redynamise les autres marchés, notamment celui des actions.
Privatisation
La relance du marché des actions s'est vu conforter par la perspective de nouvelles privatisations. Vingt et une entreprises publiques doivent ainsi être vendues à la cote. Leur annonce a dopé les premières de la liste comme la BNP dont le certificat d'investissement a gagné 12 % en quelques semaines et plus de 45 % sur les huit premiers mois de l'année – avant même que le prix de sa vente ne soit connu ! En plus des milliards qu'elles doivent apporter à l'État, ces privatisations doivent, elles aussi, servir à ramener les Français vers le marché boursier.
Euphorie
D'une manière plus générale, à Paris, les actions valaient en 1993 deux fois plus cher qu'au plus bas de l'année 1990 et 20 % de plus qu'à la veille du krach d'octobre 1987. Le rapport bénéfice par action (ou PER, price earning ratio) était de 9 à la fin 1990, de 16 en 1987, pour dépasser aujourd'hui les 18. De quoi encourager l'optimisme spéculatif de certains qui achètent maintenant en anticipant les cours de 1994 ou 1995, date estimée d'une reprise économique.
Voilà un jeu dangereux qui rappelle le cycle haussier couvrant la période 1983-1987. Comme à l'époque du dernier krach, le tout est de savoir s'arrêter à temps.
Philippe Lecaplain
Journaliste à Radio-France Internationale
Les dix Bourses les plus performantes en 1992
Selon International Finance Corp, les dix meilleures performances mondiales de marchés boursiers en 1992 viennent essentiellement de pays en voie de développement (Jamaïque, Pérou, Chine, Israël, Colombie, Thaïlande, HongKong, Malaisie, Inde et Jordanie).
Alors que l'économie des pays d'Europe tourne au ralenti, nombreux sont les pays en voie de développement qui offrent des perspectives économiques intéressantes pour les investisseurs étrangers. Ceux-ci, en se plaçant sur leurs marchés, participent à l'expansion de ces places financières. C'est le cas notamment des pays d'Amérique latine – au nombre de trois parmi les dix premiers du classement – ou des pays du Sud-Est asiatique.
La perspective de gains élevés ne doit pas cependant faire oublier le risque, accru par la distance et la moindre connaissance de tels marchés.