Cette publication suscite une protestation véhémente du ministre des Affaires sociales, Georgina Dufoix, et une intervention de Mgr Vilnet, président de la Conférence des évêques de France. La polémique se poursuit largement dans la presse et nous signalerons seulement ici un article dans le Nouvel Observateur du 1er novembre, par H. Le Bras, qui oppose aux « chiffres fous du Figaro magazine » d'autres estimations pour l'avenir, fondées sur des hypothèses plus plausibles.

Le bulletin mensuel de statistiques d'octobre du ministère du Travail présente quelques jours plus tard des statistiques relatives au nombre des étrangers en France.

4 novembre : débat à l'Assemblée nationale sur le budget des affaires sociales, au cours duquel est évoquée à nouveau l'immigration.

7 novembre : Dîner-débat avec A. Peyrefitte, ancien garde des Sceaux, et H. Désir, organisé par L. Stoleru, ancien secrétaire d'État à l'Immigration.

10 novembre : colloque de la LICRA à Marseille sur « Unité nationale et différences culturelles ».

13 novembre : « Déclaration commune contre le racisme et pour le pluralisme de la société », publiée par les organisations des droits de l'homme, auxquelles s'associent les représentants de toutes les communautés religieuses et les obédiences maçonniques.

16 novembre : le prix de la Liberté 1985, décerné par deux journaux scandinaves, le danois social-démocrate Politiken et le suédois libéral indépendant Svenska Dagbladet est remis à SOS-racisme pour sa lutte « contre toute forme de racisme en France et à l'étranger et pour son combat contre le leader extrémiste du Front national, J.-M. Le Pen ».

21 novembre : Conférence de presse du président de la République, où il est question de l'immigration.

30 novembre : arrivée à Paris de la « marche pour l'égalité des droits et contre le racisme », partie de Bordeaux le 19 octobre.

7 décembre : arrivée à Paris de la « marche », organisée par S.O.S. Racisme, partie de Bordeaux le 21 octobre. En tête de la manifestation se trouvaient notamment le ministre de la Culture, Jack Lang, et Mme Laurent Fabius, épouse du Premier ministre.

9 décembre : J.-M. Amaré, un des responsables du Syndicat national des lycées et collèges (S.N.A.L.C.), a rendu public un rapport sur l'École et l'émigration, d'un esprit très différent du rapport remis en mai par Jacques Berque au ministre de l'Éducation nationale. Il convient d'enseigner en France à tous les enfants une culture française, européenne, et de ne pas se placer dans une perspective interculturelle.

10 décembre : le quotidien le Figaro publie un sondage Figaro-Sofres : 71 % des personnes interrogées se prononcent pour le renvoi dans leur pays de tous les immigrés clandestins, et 67 % pour empêcher l'entrée de nouveaux travailleurs immigrés.

19 décembre : le ministre de l'Éducation nationale, J.-P. Chevènement, présente les mesures qu'il compte prendre pour améliorer l'accueil des enfants d'immigrés dans les écoles : apprentissage et maîtrise du français en première priorité, mais, en même temps, ouverture des programmes des écoles, collèges et lycées aux cultures étrangères ; plan de développement du portugais et de l'arabe ; connaissance du monde arabe, dans le cadre d'une convention signée le 17 décembre avec l'Institut du monde arabe, etc. Ces projets suscitent des critiques de la part notamment de J.-M. Amaré, du S.N.A.L.C., et du président de la Société des agrégés, Guy Bayet.

21 décembre : s'adressant au parc floral de Vincennes à quelque 3 000 représentants de la communauté marocaine en France, le roi du Maroc, Hassan II, leur recommande de « rester en marge des problèmes des partis politiques et des problèmes syndicaux » des Français et souhaite qu'ils ne participent pas à d'éventuelles élections municipales, si le droit leur en était donné.

22 décembre : « contentieux familial » franco-algérien. Six enfants de ménages mixtes divorcés, retenus en Algérie par leur père, viennent passer les vacances de Noël avec leur mère française. Le ministre des Affaires sociales, Mme Georgina Dufoix, est allée les chercher à Alger, garantissant leur retour en Algérie pour le 2 janvier 1986. Le ministre a signé en outre avec le ministre algérien de la Protection sociale, Mme Zhour Ounissi, un avenant à la convention sur la circulation des Algériens en France, alignant leur statut sur le plus favorable, celui du certificat de résidence de dix ans renouvelable automatiquement, qui permet d'exercer n'importe quelle activité professionnelle.

Les positions en présence

Les quelques circonstances précédentes, à retentissement national, furent l'occasion pour les principales instances politiques et sociales d'exprimer leur position, qui se précise à mesure que les mois passent.