Les courses

Tiercé : un intérêt nouveau pour l'obstacle

Pendant des années on a considéré que l'élevage français était le premier du monde. Aujourd'hui, on s'interroge : n'a-t-on pas été victime de notre propre succès en vendant à l'étranger nos meilleurs éléments, ce qui, en fin de compte, nous appauvrissait ? Le réveil est brutal : après Nijinsky, Mill Reef, Pistol Packer, Filiberto, Targowice, le vent ne souffle-t-il pas de Grande-Bretagne et des États-Unis plutôt que de France ? Cette tendance qui s'annonçait depuis quelque temps déjà s'affirme avec une netteté qui ne manque pas de provoquer quelque inquiétude.

Cela n'empêche cependant pas les Japonais – auxquels on prête l'intention d'installer une grande écurie à Chantilly – d'être nos premiers clients lors des ventes de yearlings de Deauville. Sur les 503 poulains présentés, ils en achètent 45 et assurent 17,23 % du chiffre des ventes. Ils se rendent également propriétaires, pour trois millions et demi de francs, de San San, gagnante de l'Arc-de-Triomphe pour sa propriétaire, la comtesse Batthyany.

Le « Rapport de synthèse des séances d'études des questions relatives à l'élevage et aux courses de chevaux », mis en chantier par le secrétariat d'État à l'Agriculture, est publié au cours de cette année.

Si la nationalisation des courses est écartée, l'État n'en souhaite pas moins pour autant avoir la possibilité d'exercer un contrôle sérieux. Et des aménagements fiscaux doivent être prévus pour les éleveurs et les propriétaires défavorisés par rapport à leurs homologues étrangers.

Comme en 1968-1969, la courbe des enjeux atteint un palier. Alors que la progression était jusqu'à présent de 10 % l'an, elle n'est plus, cette fois, que de 4 %. Curieusement, l'intérêt du public pour le tiercé – qui constitue toujours la principale source de revenus des courses – semble s'être déplacé : alors que Vincennes et le trot détenaient le record, le meeting hivernal marque le pas et la progression ne reprend nettement qu'avec les courses d'obstacles à Auteuil.

Palmarès

Chez les hommes, un certain renouveau se manifeste. Pour sa première année d'activité en France, Ange Penna s'impose en inscrivant à son palmarès des épreuves aussi importantes que le Prix de la Reine-Élizabeth, la Poule d'essai des pouliches, le Prix Morny, le Prix Vermeille et l'Arc-de-Triomphe. À ces succès, le jockey Jean Cruguet – qui, après des débuts difficiles, est allé conquérir la célébrité aux États-Unis avant de revenir en France – est associé. Alain Grimaux, déjà vedette dans le Sud-Ouest, fait la conquête d'Auteuil. Après avoir consenti des investissements impressionnants pour sa cavalerie, Daniel Wildenstein en récolte les fruits. Tête de liste des propriétaires en plat et en obstacle, 1973 peut lui permettre d'établir un record : celui de la première écurie à atteindre le cap des 10 millions de francs de gains. Après bien des tergiversations, la Société d'encouragement accorde ses couleurs à Alain Delon, qui devient l'associé de Pierre-Désiré Allaire après la rupture de celui-ci avec le comte Pierre de Montesson. Enfin, on note l'ouverture d'un nouvel hippodrome, celui d'Évry, construit par la Société de sport de France après son expulsion du Tremblay.

Au trot, l'année est marquée par les matches qui mettent aux prises les anciennes gloires : Une de Mai, Tidalium Pelo, Vanina B. Mais déjà ce sont les nouvelles générations qui retiennent l'attention : Dimitria, Casdar, et surtout Buffet II qui, en s'assagissant, paraît devoir prendre la succession des Jamin et autre Roquépine. La victoire de l'italo-américain Dart Hanover dans le Prix d'Amérique donne un regain d'actualité à une vieille querelle : convient-il de rouvrir notre studbook trotteur fermé depuis trente ans ?

En plat, Allez France enthousiasme – il est question qu'elle tente l'exploit réalisé seulement deux fois par des pouliches de battre les mâles dans le Derby d'Epsom –, déçoit, puis finalement se rachète brillamment en enlevant le Prix de Diane.