La découverte de restes puniques importants semble, en vérité, exclue. Toute fouille qui atteint une certaine profondeur rencontre toujours une couche de cendres : le témoignage de l'incendie de la ville. La destruction par les Romains a été systématique et totale. Seuls, des fondations, des tombeaux et éventuellement des mosaïques pourront être mis au jour. Les vestiges romains auront évidemment plus de relief : même après la conquête, Carthage a été un des grands centres du monde antique.

Le trafic international des antiquités

Mille deux cent soixante et un tableaux ont été volés en France en 1971. En 1972, il y en a eu 2 971. Les cambrioleurs ont opéré dans 131 châteaux, 212 églises, 67 musées et 100 galeries d'art. Ces chiffres, établis par la Sûreté nationale, sont révélateurs d'un mal nouveau. En Italie, toujours en 1972, le nombre des objets d'art ou des pièces de collection volés se monterait à près de 20 000.

Inquiétudes

Il ne s'agit pas encore d'un trafic semblable à celui de la drogue ; pourtant il s'aggrave chaque année et menace sérieusement le patrimoine des nations. Le trafic des antiquités comprend, outre le vol des tableaux, le vol d'œuvres d'art, d'objets archéologiques et le pillage des sites.

L'ampleur de ces activités commence à inquiéter sérieusement les gouvernements et certaines organisations internationales. L'UNESCO et le gouvernement belge ont convoqué à Bruxelles, en septembre 1972, une réunion destinée à préparer la lutte contre ce fléau sur le plan international.

Voleurs et trafiquants jouent sur du velours ; châteaux et églises ne sont en général pas gardés. Musées et galeries d'art ne résistent pas dès qu'on emploie la technique des attaques de banques. Quant au pillage des sites archéologiques, il se fait impunément et sur une grande échelle dans de très nombreux pays. Sans aucun doute le monde de l'illégalité a trouvé là un créneau, un nouveau champ d'action où l'on ne s'attendait pas à le voir.

Prospecteurs

Il y a quelques années, la police a saisi dans le port de Bombay 80 t de sculptures volées qui allaient être exportées sous l'étiquette « Machines agricoles ». À la fin de 1972, les douaniers australiens ont intercepté en Nouvelle-Guinée une collection d'objets traditionnels dont la valeur a été estimée à 250 000 dollars. Les objets étaient déjà installés dans des containers, étiquetés « Bibelots sans valeur »... Ils attendaient leur embarquement pour les États-Unis. Les prospecteurs se déplaçaient en hélicoptère, écumant les villages à la recherche d'un art traditionnel en voie de disparition. Les montagnes et les jungles de Nouvelle-Guinée sont parmi les plus redoutables du monde : cela démontre l'ampleur du trafic.

Tombaroli

Le pillage des sites archéologiques atteint sans doute son maximum en Italie. Dans la région de la voie Appienne, les pierres tombales sculptées ont dû être remplacées par des moulages en plâtre : les vols devenaient trop nombreux. Dans l'ancien domaine de la civilisation étrusque, au nord-ouest de Rome, pillage et trafic sont quotidiens, avec tous les records battus à Cerveteri, où se trouvait la principale ville étrusque.

À Cerveteri, les tombaroli (détrousseurs de tombes) constituent une espèce de corporation très prospère. Parfois le marché clandestin des antiquités reçoit un afflux soudain d'objets : une grande découverte a été faite quelque part. Policiers et archéologues arrivent parfois à remonter la filière. Ce fut le cas, il y a quelques années, avec la découverte, à une trentaine de kilomètres au nord de Rome, de ce qui devait être le sanctuaire de la déesse Feronia, mentionné par Virgile.

Le monde de l'archéologie et des musées a été récemment secoué par l'affaire du vase attique d'Euphronios. Acheté un million de dollars à Zurich par le Metropolitan Museum de New York, ce vase serait soit le résultat d'une fouille clandestine à Cerveteri, soit un faux – d'ailleurs magnifique. Quoi qu'il en soit, l'affaire a donné la fièvre aux tombaroli et... fait monter les prix. La valeur des objets ainsi exportés clandestinement d'Italie chaque année a été estimée à 3 millions de dollars.

Mayas

Les pays de l'Amérique latine, où se sont développées les civilisations précolombiennes, sont eux aussi mis à sac. De véritables bandes parcourent l'ancien pays des Mayas, parfois en hélicoptère.