Les sujets obèses devaient maigrir, les sujets hypertendus suivre un traitement hypotenseur.

Obligations

Résultat ? Au bout de deux ans, les médecins de l'Anti-coronary club constatèrent une incidence de troubles coronariens nettement moindre dans le groupe expérimental que dans le groupe témoin, malgré le vieillissement, et trois fois moindre chez les sujets ne consommant que des graisses polyinsaturées.

Dès lors, il devient possible d'appliquer un plan anti-infarctus cohérent chez tout sujet à partir de quarante ans. Il s'appuie sur quatre obligations, ainsi rappelées par le docteur J.-L. Jullien :
– déceler un diabète éventuel. Le diabète favorise l'athérosclérose chez la femme comme chez l'homme. Connu, il doit être équilibré. S'il est apparemment absent, l'épreuve d'hyperglycémie provoquée permettra de dépister un prédiabète : on fait absorber au sujet une certaine quantité de glucose et on mesure le temps nécessaire pour que la teneur du sang en glucose retombe à un niveau considéré comme normal ;
– corriger la tension : l'hypertension artérielle est présente dans 50 à 80 % des cas d'insuffisance coronarienne : elle augmente le risque coronarien d'une fois et demie ; elle complique l'angine de poitrine. L'hypertension devra toujours être corrigée chez le sujet jeune ; « chez le sujet âgé, on sera très prudent et on ne cherchera pas à obtenir une tension trop basse, sous peine de favoriser des accidents vasculaires, notamment cérébraux » ;
– traiter les maladies lipidiques, c'est-à-dire les troubles du métabolisme des graisses. Il n'y a pas que le cholestérol qui soit dangereux, s'il est en excès dans le sang ; toute élévation du taux des graisses dans le sang doit être combattue par l'utilisation de médicaments appropriés et par un régime spécial en cas de nécessité ;
– obésité : toute surcharge pondérale entraîne une limitation respiratoire et impose un travail supplémentaire au cœur ; elle doit être supprimée.

Risque triplé

Quant au tabac, toujours d'après le docteur Jullien, il triple le risque d'athérosclérose, soit par effet direct de la nicotine sur les vaisseaux, soit par augmentation de la production des catécholamines. Ces dernières substances, dont les plus connues sont l'adrénaline et la noradrénaline, accroissent la teneur du sang en lipides ; agissant en outre comme médiateurs chimiques des cellules nerveuses, leur excès dérègle les aiguillages représentés par les ganglions sympathiques péri-aortiques qui commandent la vasomotricité coronarienne avec ses conséquences : tachycardie, hypertension artérielle, enfin élévation des besoins en oxygène et du taux de carboxyhémoglobine (hémoglobine ayant fixé de l'oxyde de carbone et devenue, de ce fait, inapte à véhiculer l'oxygène dans les vaisseaux). Tel est le schéma. Comment l'appliquer chez le sujet en apparence indemne de toute lésion athéromateuse ?

Points cardinaux

Essentiellement en réduisant les facteurs favorisants déjà existants et en veillant à ce que ne s'installent ni obésité ni troubles des lipides par la prescription d'un régime équilibré et varié. Quelques indications :
– pour les glucides : on donnera la préférence aux sucres à catabolisme prolongé (c'est-à-dire dont la molécule est plus longue à être fragmentée) comme les pâtes, plus qu'à ceux qui se dégradent vite comme le sucre, le miel, la confiture ;
– pour les lipides : lait et fromages en quantités modérées ; graisses crues plutôt que graisses cuites ; peu de beurre, mais de l'huile de tournesol ou de maïs ;
– pour les protides : viandes maigres et poissons sous forme de grillades ;
– vin, alcool et sel en quantité limitée.

« Si de telles mesures sont prises régulièrement, observe le docteur Jullien, rien n'empêche chez ces gens bien portants des écarts de régime de temps à autre. » Oui, mais ces gens bien portants s'y soumettent-ils ? Là est le hic, reconnaît ce spécialiste. Tant qu'un accident n'est pas survenu, il est le plus souvent difficile de les convaincre ! Et, pourtant, c'est à ce prix que les maladies cardiovasculaires peuvent reculer, comme le soulignent les experts de l'OMS qui ont, en 1972, consacré au cœur leur campagne mondiale.