Kust Waldheim, secrétaire général de l'O.N.U., se rend deux jours en mars, dans le territoire du Sud-Ouest africain que les Africains appellent Namibie. Quelques semaines auparavant, l'Ovamboland, un des Bantoustans créés en Namibie par les Sud-Africains pour y réaliser leur politique de développement séparé, a été le cadre de désordres. Le territoire, sur lequel vivent près de 350 000 autochtones, avait connu du 23 décembre au 21 janvier 1972 la première grève de son histoire. Les mines de cuivre et de diamants, les pêcheries de l'Ovamboland avaient dû ralentir ou cesser leur activité devant la pressions des Noirs qui exigeaient une augmentation de leurs salaires et l'abolition de la législation sur le travail, estimée insupportable.

Devant la détermination des 13 000 grévistes, le ministère des Affaires bantoues avait dû engager des pourparlers avec les contestataires et leur donner partiellement satisfaction. Les autorités religieuses et une partie de l'opinion publique sud-africaine avaient appuyé le mouvement des Ovambos et contribué à faire fléchir B. J. Vorster et ses amis.

Le mouvement nationaliste namibien installé à l'étranger a, de son côté, multiplié les efforts pour tenter d'intéresser le reste du monde à sa cause.

Agitation

En juin, des manifestations opposent des étudiants blancs à la police sur les campus universitaires de Durban, de Johannesburg et du Cap. Les jeunes gens protestent contre la politique d'apartheid et se déclarent solidaires de leurs camarades de couleur.

La politique de dialogue ouverte avec certains États indépendants d'Afrique noire, à l'initiative du président Félix Houphouët-Boigny de Côte-d'Ivoire, marque le pas. Au cours de cette période, seuls le Gabon et le Malawi poursuivent le rapprochement esquissé plusieurs années auparavant. Les dirigeants ivoiriens eux-mêmes manifestent une certaine réserve.

Rhodésie

5 500 000. 14. 3,2 %.
Économie. PNB (69) 256. Production (69) : G 127 ; I 151. Énerg. (*69) : 564. C.E. (69) : 24 %.
Transports. (*69) : 6 289 M t/km. (*69) : 126 600 + 52 000.
Information. (69) : 3 quotidiens ; tirage global : 72 000. (69) : *135 000. (69) : *48 000. (61) : 8 800 fauteuils. (69) : 131 281.
Santé. (69) : 924.
Éducation. (65). Prim. : 627 806. Sec. et techn. : 15 146. Sup. (68) : 1 064.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1965. Constitution républicaine promulguée le 2 mars 1970. Chef de l'État : Clifford Dupont, nommé par le gouvernement le 14 avril 1970. Chef de l'exécutif : Ian Douglas Smith.

L'accord de novembre

Sept années après la proclamation unilatérale d'indépendance dont la minorité blanche de Salisbury a pris l'initiative, les rapports anglo-rhodésiens sont toujours dans l'impasse. Certes, après la visite en Rhodésie de sir Alec Douglas-Hume, secrétaire au Foreign Office, un accord est intervenu en novembre 1971 entre le gouvernement britannique et les sécessionnistes rhodésiens, mais, sous la pression des nationalistes noirs, cet accord est remis en cause dès le mois de mai 1972.

L'accord du 21 novembre ne mentionnait aucune date pour l'établissement d'un régime majoritaire africain. Les termes de l'arrangement ne faisaient que confirmer les appréhensions et les doutes à la fois des nationalistes africains et des travaillistes britanniques ; ils faisaient en effet trop exclusivement confiance à la bonne foi des dirigeants de Salisbury. De toute façon, Edward Heath s'était engagé, avant toute signature définitive, à recueillir les sentiments de la majorité noire et une commission d'enquête, placée sous la présidence de lord Pearce, ancien magistrat, avait été constituée et envoyée en Rhodésie.

Après approbation, en décembre, par 287 voix Contre 269, par la Chambre des communes de l'accord du 21 novembre, la mission Pearce, qui ne compte aucun Africain parmi ses 16 membres, arrive le 11 janvier à Salisbury. Presque immédiatement, de violentes émeutes éclatent dans les cités minières de la ceinture du cuivre, notamment à Shabani et à Gwelo où, pourtant privée de cadres politiques, la population ouvrière noire parvient à se rendre à plusieurs reprises maîtresse de la rue.