Journal de l'année Édition 1971 1971Éd. 1971

Le 15 février, Le Caire répond au médiateur de l'ONU par l'affirmative. Le 26, Jérusalem fait savoir à la RAU (et non à G. Jarring, ce qui est une manière de récuser son initiative) qu'« Israël ne se retirerait pas sur les lignes d'avant le 5 juin 1967 ». Le 7 mars, le président Sadate annonce que l'Égypte ne renouvelle pas le cessez-le-feu instauré le 7 août 1970. G. Jarring interrompt sa mission et reprend en mars ses fonctions d'ambassadeur de Suède à Moscou.

Les États-Unis tentent de relancer la négociation en soutenant l'idée d'un accord sur la réouverture du canal de Suez. Mais Washington ne réussit qu'à alimenter un nouveau dialogue de sourds. Certes, les divergences entre Jérusalem et Le Caire sur les modalités de la réactivation de la vole d'eau ne sont pas capitales. Mais un obstacle demeure insurmontable : l'avenir de Charm el-Cheikh. En effet, le général Dayan — qui avait, le premier, proposé, le 17 novembre 1970, un accord sur le canal — entend dissocier l'arrangement partiel d'un règlement définitif, tandis que le président Sadate conçoit la reprise de la navigation comme une étape à l'évacuation totale du Sinaï. À la mi-juin 1971, les échanges de vues se poursuivent, mais sans résultat.

Les territoires

Si la Syrie se tient prudemment à l'écart des tractations diplomatiques (en attendant probablement qu'elles aboutissent à une issue acceptable), la Jordanie affiche une attitude analogue à celle de la RAU. Le 15 décembre 1970, le roi Hussein déclare : « Israël doit choisir entre la paix et les territoires occupés. » Son Premier ministre, Wasfi Tall, affirme pour sa part, le 26 janvier 1971 : « La Jordanie reconnaîtrait Israël et mettrait fin à l'état de belligérance s'il se retirait des régions conquises en 1967 [...] mais la Jordanie n'acceptera pas de renoncer à une seule parcelle de son territoire. » Le 14 mai, les ministres des Affaires étrangères de la CEE, ainsi que l'Assemblée du Conseil de l'Europe se prononcent, à cet égard, en faveur de la thèse jordano-égyptienne.

Les États-Unis, pour leur part, continuent à déployer des efforts pour sortir le conflit de l'impasse. William Rogers effectue une tournée au Proche-Orient qui le conduit notamment à Amman, Beyrouth, Le Caire et Jérusalem. Après un début prometteur, sa mission s'enlise quand il informe ses interlocuteurs arabes que Washington n'a nullement l'intention d'exercer des pressions sur Israël afin que celui-ci accepte le principe d'un retrait des territoires occupés.

Fin juin, les observateurs se demandent si, dans ces conditions, la reprise des hostilités entre l'Égypte et Israël n'est pas, à terme, inéluctable. Il est vrai que les deux pays ont fait preuve, pendant près d'une année, d'une grande retenue, même après la fin du cessez-le-feu, et que leur intérêt commun est de ne pas engager de coûteuses et dangereuses opérations militaires. Rien n'incite les observateurs (malgré les progrès réalisés dans le domaine diplomatique) à témoigner d'un optimisme excessif.

Les organisations de fedayin dans le conflit

Après une période de développement et de succès relatifs sur la scène internationale, le mouvement palestinien parait être sur son déclin dans la seconde moitié de 1970.

La défaite militaire subie par les fedayin en septembre 1970 paraît en être la cause. En réalité, elle est surtout la conséquence des divisions, des luttes intestines qui opposent les différentes organisations, des surenchères auxquelles elles se livrent et d'erreurs politiques qui contribuent à isoler le mouvement palestinien.

Le principe du tout ou rien conduit le Comité central de l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP) à rejeter avec véhémence, le 25 juillet 1970, le plan Rogers. Le leader du Front populaire de la libération de la Palestine (FPLP), Georges Habache, déclare, pour sa part, à un hebdomadaire allemand, qu'il accepterait le risque d'une troisième guerre mondiale si cela pouvait servir son objectif : anéantir le sionisme et la réaction arabe.

L'Égypte, suivie par le Soudan et la Libye (avant qu'éclate la guerre civile en Jordanie) prennent des mesures répressives à l'égard des fedayin, dont certains sont arrêtés ou expulsés. Les programmes radiophoniques animés par des résistants palestiniens au Caire, à Khartoum et à Tripoli sont interrompus fin juillet, tandis que certaines organisations gauchistes (qui prônent le renversement des régimes arabes capitulards) sont interdites. Au Liban, les autorités placent les commandos sous stricte surveillance. En Syrie, le général Hafez Assad, dès sa prise du pouvoir à la mi-novembre, gèle les activités de l'organisation Al Saeka, pourtant d'obédience baasiste. En Jordanie, la population d'origine transjordanienne s'abstient de faire front avec les Palestiniens contre le gouvernement d'Amman.