Au niveau des structures, la profession poursuit sa réorganisation : Bordeaux devrait fermer ses portes à la fin de 1970 ; les Chantiers de La Rochelle et ceux du Havre ont signé un accord de collaboration, en gardant chacun leur unité de production. Depuis cinq ans, les effectifs des chantiers ont été réduits de 7 000 personnes, pour se fixer à 21 000 en 1970.

Malgré cette réduction, due aussi bien aux progrès de la productivité qu'aux regroupements ou fermetures, on attend, pour les cinq ans à venir, une progression moyenne annuelle de 7 % de la capacité de production employée. Depuis le fameux Livre blanc de 1959, la construction navale a décidément évolué.

Electricité/électronique

Des structures nouvelles

La construction électrique et l'électronique françaises ont mis en 1970 un point final à l'un des chapitres importants de leur histoire depuis un quart de siècle, celui des regroupements d'entreprises. Dans cette branche industrielle (chiffre d'affaires annuel : 20 milliards de francs, 220 000 salariés), la rationalisation des capacités de production paraît achevée. Certes, à l'avenir, des rapprochements de sociétés plus ou moins étroits seront vraisemblablement annoncés, mais il s'agira le plus souvent de rectifications de frontières.

L'accord ratifié le 12 novembre est l'aboutissement des nombreux rapprochements relevés depuis 1965. Les négociations qui devaient y conduire avaient été annoncées au printemps de 1969 (Journal de l'année 1968-69). Les trois plus grandes entreprises du secteur en sont les parties prenantes : la Compagnie générale d'électricité (CGE) [75 000 salariés, 5,50 milliards de francs de chiffre d'affaires], le groupe Thomson-Brandt-CSF (40 000 salariés, 5,12 milliards de francs de chiffre d'affaires) et la Société Alsthom (14 000 salariés, 0,97 milliard de chiffre d'affaires). Cette dernière était déjà dépendante des deux autres. Par cet accord dont la mise au point juridique devrait être achevée au cours de l'été 1971, les trois entreprises (essentiellement les deux premières) se sont réparti les secteurs d'activité de la construction électrique et de l'électronique et se sont assuré, chacune pour sa part, et par consentement réciproque, un rôle de chef de file : la CGE dans le gros matériel (locomotives, équipement de centrales thermiques, électricité nucléaire, câbles, petit appareillage, télécommunications), la Thomson dans les autres secteurs (informatique, composants, électronique industrielle, matériel pour le grand public). Les deux partenaires sont associés paritairement dans la production de lampes et des automatismes. La CGE a pris au passage le contrôle de fait de l'Alsthom, qui regroupe précisément toutes les activités de fabrication du gros matériel et du matériel électrique industriel (essentiellement moteurs et petits appareillages). La CGE et le groupe Thomson ont conservé des intérêts dans leurs diverses filiales communes.

Les deux partenaires avaient pris le contrôle de nombreuses autres sociétés depuis 1965. Alsthom, qui est devenu une filiale de la CGE, avait absorbé Neyrpic et Sogreah et sa société mère avait pris le contrôle de la Société générale d'entreprise et d'Alcatel. Thomson, de son côté, s'était associé avec Hotschkiss-Brandt et contrôlait la Compagnie française de télégraphie sans fil (CSF), qui eut son heure de gloire.

Un groupe dominant

La CGE et Thomson, avec leurs participations croisées, dominent à présent l'industrie française de la construction électrique et électronique. Pour leurs seules activités relevant de cette branche (leurs productions n'étant pas limitées à celle-ci), ils représentent environ 30 % du chiffre d'affaires total de la profession.

En s'associant, les deux puissantes firmes confirment leur volonté de racheter par le biais d'Alsthom la part (61 %) que détient le groupe belge Empain dans le capital de la Société de constructions électromécaniques Jeumont-Schneider (groupe Schneider) et qu'il voulait céder au numéro deux de la construction électrique des États-Unis : Westinghouse. Le gouvernement français a, en effet, confirmé le 5 décembre 1969 son opposition à cette cession.