Fort de l'expérience acquise, le laboratoire de Toulouse a franchi une nouvelle étape en construisant le deuxième microscope géant désormais en service.

Des électrons à qui l'on a communiqué une énergie de 3 millions de volts acquièrent une vitesse proche de celle de la lumière. Ils sont, comme disent les physiciens, fortement « relativistes », c'est-à-dire que leur masse, conformément à la théorie de la relativité, est beaucoup plus élevée que celle des électrons habituels. Six puissantes lentilles magnétiques sont nécessaires pour les focaliser, ce qui explique que la colonne du microscope atteigne près de 4 m de hauteur et pèse environ 22 t.

Comme pour le premier microscope, de grandes précautions ont été prises pour protéger les opérateurs contre les rayons X, très pénétrants, qui apparaissent à divers niveaux sur le trajet des électrons. Le plomb, opaque aux radiations, a été largement employé.

Le générateur et le tube électronique, construits par la GESPA, sont placés dans des cuves de 8 m de hauteur, remplies d'un gaz isolant sous pression, ce qui a permis de réduire les dimensions du bâtiment.

Les premières photographies, réalisées en 1969 sous une tension de 2 millions de volts, font bien augurer de l'apport que la science peut espérer de ce nouvel instrument unique au monde.

Les réacteurs nucléaires à la recherche du rendement

L'avènement de l'énergie électronucléaire a été surtout marqué jusqu'ici par la rivalité entre deux formules de centrales, parvenues les premières au stade industriel, et susceptibles désormais d'être construites en série. D'autres formules sont en cours d'essai ou en projet, dont celle des réacteurs à haute température.

On sait que des considérations économiques ont fait pencher la balance en faveur des centrales américaines. Elles devraient logiquement dominer le marché au cours des prochaines années, en dépit de l'existence d'un outsider sérieux : les centrales modérées à l'eau lourde, qui seules peuvent utiliser l'uranium naturel sous forme d'oxyde.

Formules de série

Chacune de ces trois formules est désormais appliquée dans des centrales dont la puissance peut atteindre ou dépasser 500 MW. Toutefois, les experts doutent qu'elles représentent le dernier mot de la technique. Pour différentes raisons, la vapeur produite n'a ni une température ni une qualité égales à celles des centrales thermiques classiques, chauffées, le plus souvent, au fuel.

Les rendements s'en ressentent. Autre conséquence aggravante, une centrale nucléaire, au rendement voisin de 30 %, dissipe bien plus de calories dans l'eau des rivières que la centrale au fuel, où le rendement est d'environ 41 %.

Ces raisons ont incité les Britanniques à orienter leur deuxième programme vers une formule gaz-graphite-uranium enrichi, dite AGR (Advanced gas reactor). Le foyer nucléaire y livrera une vapeur ayant les mêmes caractéristiques que dans les centrales classiques. Un des avantages prévus est de pouvoir utiliser les turbines de série qui sont fabriquées par les constructeurs de matériel électromécanique.

Les surgénérateurs

On se demande si cette formule ne représente pas une transition vers des réacteurs plus avancés, éclipsés — momentanément peut-être — par des breeders, ou surgénérateurs à neutrons rapides. Ceux-ci ont acquis une consécration internationale avec le succès du réacteur pilote français Rapsodie. Un deuxième stade sera franchi grâce aux quatre prototypes en construction (ou en projet), dont les puissances vont de 250 à 350 MW. On pourra alors comparer le prototype français Phénix à trois réacteurs similaires : un britannique, un soviétique et un allemand. Chacun d'eux utilisera le sodium liquide comme réfrigérateur caloporteur.

Les HTR

Mais il n'est pas exclu que le refroidissement des surgénérateurs puisse être assuré par un gaz : l'hélium. Une société américaine s'est tournée vers cette technique dans l'intention de proposer un type de centrale nucléaire qui ne serait plus une machine à vapeur et s'assimilerait plutôt aux turboréacteurs de l'aviation. Mais pareille aventure sera tentée en premier lieu dans le cadre d'une autre filière avancée, celle des réacteurs à haute température (HTR). Trois pilotes de ce type fonctionnent déjà. Le premier est dû à une entreprise communautaire européenne, connue sous le nom de projet « Dragon » ; la France y participe indirectement à travers son affiliation à l'Euratom. Le second est allemand et répond au sigle AVR. Le dernier est expérimenté à Peach Bottom, aux États-Unis.