Après les soixante tableaux de Bissière présentés au musée Fabre de Montpellier, nous avons remarqué l'exposition consacrée par le musée de Troyes à Renoir et ses amis, la rétrospective Emil Nolde au musée de Lyon, les sculptures et tapisseries de Gilioli au musée des Beaux-Arts de Grenoble. Reims, mettant face à face dans sa maison de la culture le Vitrail et les peintres, a rappelé « l'immense nostalgie romantique des vieux secrets artisanaux ». Bordeaux a présenté Dufy comme l'héritier de la tradition française, spirituelle, élégante et discrète du XVIIIe siècle.

Avignon, dans la chapelle du palais des Papes, a exposé cent soixante-cinq peintures exécutées entre le 5 janvier 1969 et le 1er février 1970 par un artiste doué d'une vitalité particulière, Picasso. Le dynamique musée Cantini de Marseille a choisi de rechercher le « tissu intime de la vie esthétique africaine » à travers une remarquable sélection de soixante-quinze objets d'Arts africains, tandis que Strasbourg s'est attaché, avec beaucoup de soin, dans les salles de l'Ancienne Douane, à rendre sensibles les courants les plus significatifs de l'Art en Europe autour de 1925.

Les musées à l'étranger

Parmi le foisonnement des manifestations américaines, il faut retenir, outre l'inauguration, au Muséum of art de Philadelphie, du chef-d'œuvre posthume de Marcel Duchamp « Étant donnés : 1. La chute d'eau. 2. Le gaz d'éclairage », les rétrospectives de Roy Lichtenstein au musée Guggenheim et de Claes Oldenburg au musée d'Art moderne de New York. Mais alors que ce dernier musée révèle l'originalité d'Hector Guimard, que l'« homme du métro » parisien ignore encore, Pierre Restany dévoile avec humour, à la Bonino Gallery, Arts concepts from Europe.

L'essentiel demeure cependant les diverses expositions qui ont célébré le centenaire du Metropolitan muséum, la plus controversée étant la Peinture et la sculpture à New York de 1940 à 1969, organisée par Henry Geldzahler, et la plus spectaculaire l'An 1200, prétexte à un colloque scientifique international sur cette période de transition entre l'art roman et l'art gothique.

Londres a fait preuve d'éclectisme en s'intéressant d'abord, avec la Royal Academy, à la Peinture française depuis 1900, puis, avec la Hayward Gallery, à Claude Le Lorrain et à Rodin, enfin en passant, à la Tate Gallery, du panorama de la peinture anglaise de 1540 à 1620, l'Image élisabéthaine, à la rétrospective du « père du pop », Richard Hamilton.

L'Italie nous a donné, au Museo Civico de Turin, une vue nouvelle du symbolisme, grâce à l'exposition le Sacré et le profane dans l'art des symbolistes, qui a mis l'accent sur le côté mystique et fantastique et sur les représentants peu connus du mouvement.

En Allemagne, nous retiendrons moins dans la prolifération de la vie artistique les expositions consacrées à Léger et à Arman à la Kunsthalle de Düsseldorf, ou à Ipousteguy à Darmstadt, que la première grande rétrospective consacrée à Max Ernst au Wurtembergische Kunstverein de Stuttgart.

Le Musée national de Stockholm a rassemblé autour de soixante-quinze œuvres de Gauguin en Océanie des objets ethnographiques provenant notamment du Pérou, de Perse, du Japon, de Java, afin de mettre en lumière les rapports entre l'art primitif et l'auteur de Faa Iheihe.

Au Danemark, le musée de Louisiana, par une importante présentation de peintures, de sculptures, de réalisations dans le domaine de l'architecture et des arts appliqués, nous a appris que l'art finnois est indissolublement lié aux matériaux de la Finlande : le bois, la pierre, l'eau.

Le 400e anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l'Ancien a été marqué par une exposition très didactique au musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles.

Enfin, en Suisse, la collection d'Oskar Reinhart, propriété fédérale depuis 1965, a été pour la première fois présentée au grand public à l'hôtel de ville de Winterthur.

Les ventes

Les ventes aux enchères parisiennes ont totalisé la somme de 240 000 000 francs. Ce chiffre, établi pour a période du 1er juillet 1969 au 30 juin 1970 accuse une plus-value de 10 000 000 francs sur la saison précédente.

Tableaux anciens

La vente de la seule collection homogène de tableaux anciens, appartenant à l'Américain Tudor Milkinson, a eu lieu le 3 juillet 1969, à Drouot. Elle comprenait des portraits des XVIe et XVIIe siècles des écoles allemande, espagnole, française, italienne et néerlandaise. Le Portrait de Philippe le Beau enfant, par le Maître de la Légende de sainte Madeleine a été acquise au prix de 241 000 F, par les Musées nationaux, qui ont fait usage de leur droit de préemption.