maladie (suite)
Pour illustrer cette définition, il n’est de meilleur exemple qu’une maladie infectieuse. Celle-ci porte un nom particulier qui l’individualise (scarlatine, rougeole, etc.). Elle a une cause précise et spécifique : un microbe*, qui est l’agent pathogène. Elle se transmet parfois en épidémies* ou sévit en endémies* ; ailleurs, elle survient de façon isolée. Elle se traduit par un certain nombre de symptômes* qui vont apparaître après une incubation, qui est la période de latence entre la contagion et l’éclosion de la maladie. Celle-ci débute par une phase d’invasion, annoncée par des prodromes, c’est-à-dire de petits signes prémonitoires, qui, quand l’esprit est alerté, peuvent permettre de prévoir la survenue de la phase d’état. C’est dans cette phase d’état que la maladie offre son tableau complet et où la totalité des symptômes permet un diagnostic facile. Parmi les symptômes, certains se retrouvent dans plusieurs maladies et ne deviennent caractéristiques de l’une d’elles que par leur groupement. Inversement, il arrive qu’un symptôme soit l’apanage exclusif d’une maladie et en permette à lui seul le diagnostic : c’est alors un signe pathognomonique ; par exemple, le signe de Koplick (piqueté blanc sur fond rouge à la face interne des joues) permet à lui seul d’affirmer la rougeole. Au cours de l’évolution, les complications peuvent apparaître, constituant des facteurs d’aggravation. Quelquefois, la maladie s’atténue et entre dans une phase de rémission, précédant une rechute. Celle-ci est une réapparition ou une recrudescence des symptômes avant la fin de la maladie. La rechute se distingue ainsi de la récidive, qui est la réapparition de la totalité de la maladie après que la guérison en a été obtenue. En pathologie infectieuse, cette éventualité est liée au fait que la maladie confère ou non une immunité*. Assez souvent, la maladie se termine de façon progressive ; mais, parfois, elle est marquée par une crise, avec chute thermique, débâcle urinaire et sudorale, etc. ; dans certains cas, cette crise peut être encadrée d’une précrise et d’une épicrise. Cela est surtout vrai pour les maladies à évolution cyclique, telle la pneumonie. Enfin, quand la maladie n’est pas mortelle, la guérison est obtenue après une convalescence plus ou moins longue en fonction de la gravité initiale. Ainsi définie, la maladie se distingue du syndrome, qui est un ensemble de signes ayant une certaine individualité, mais pouvant relever de plusieurs causes. Toutefois, l’individualisation de telle ou telle maladie au sein d’un certain nombre de syndromes peut se faire au fur et à mesure de la progression de nos connaissances étiologiques, c’est-à-dire de ce que nous savons sur les causes. Cela soulève souvent des problèmes nosologiques délicats, la nosologie étant précisément la classification des maladies.
Causes des maladies
• Causes extérieures ou exogènes. Il peut s’agir de germes pathogènes, déterminant, selon leur nature, des maladies infectieuses (dues à des microbes), des viroses (maladies dues à des virus), des zoonoses (dues à des agents pathogènes touchant en temps normal des animaux, qui servent de réservoir et de vecteurs), des parasitoses (lorsque des parasites sont en cause). Dans d’autres cas, ce sont des toxiques, minéraux ou organiques, qui sont responsables, certains étant reconnus au tableau des maladies professionnelles. La maladie peut être également consécutive à des traumatismes : contusions, écrasements, fractures, brûlures, etc. Citons encore des maladies dites improprement « iatrogènes », c’est-à-dire consécutives à l’emploi d’une thérapeutique qui, en dehors de l’effet bénéfique qu’elle a pu exercer sur une affection, a déterminé des troubles ou des lésions liées à l’administration du médicament. Ces faits sont de fréquence croissante en raison de la plus grande efficacité, mais aussi du plus grand nombre d’effets secondaires des médicaments récents.
• Causes endogènes. La maladie est alors liée à un désordre intrinsèque de l’individu. On distingue des maladies héréditaires ou génétiques*, des maladies familiales, des maladies congénitales, qui se dévoilent à la naissance, des maladies métaboliques, dont la plupart ont pour primum movens une anomalie enzymatique constitutionnelle. Plus récemment ont été individualisées des maladies psychosomatiques, c’est-à-dire des affections organiques dont la cause serait à rechercher dans une structure psychopathologique particulière.
• Mais parfois aucune cause n’est retrouvée dans la mesure de nos connaissances actuelles et de nos moyens d’investigation. On parle alors de maladie « essentielle » ou « cryptogénétique ». Dans ce dernier cas, quand le rôle du froid a pu être suspecté sans autre preuve étiologique, on parle d’affections « afrigore ».
Anatomie pathologique des maladies
Selon le substratum anatomique, on pourra distinguer des maladies diffuses et des maladies localisées. On classe surtout les maladies en :
— maladies tumorales (celles-ci pouvant être bénignes ou malignes, c’est-à-dire susceptibles, par leur seule évolution, d’aboutir à la guérison ou à la mort) ;
— maladies inflammatoires, s’accompagnant en général de poussées de fièvre ;
— maladies dégénératives, liées à l’involution de certains tissus ;
— enfin maladies « de système », touchant de façon diffuse une nature particulière de tissu de l’organisme (hémopathies, maladies du sang, maladies du collagène, etc.).
Évolution des maladies
Il existe des maladies aiguës à début et à terminaison nets. Parmi celles-ci, on distingue des formes suraiguës, parfois foudroyantes, qui peuvent être mortelles en quelques heures. À l’inverse, dans les formes frustes, tous les symptômes sont atténués. Les maladies chroniques sont celles qui, après un début plus ou moins progressif, continuent d’évoluer, avec souvent des alternances de poussées et de rémissions, pour aboutir parfois à des invalidités totales ou partielles. Enfin, les maladies bénignes sont dénuées de gravité. Les maladies malignes entraînent la mort : les tumeurs malignes sont des cancers*. Les infections malignes tuent par les désordres neurovégétatifs qu’elles entraînent (rougeole maligne, diphtérie maligne, etc.).