lymphatique (suite)
Toute la lymphe issue des troncs et des ganglions sous-diaphragmatiques du corps converge vers la citerne de Pecquet. Placée entre la deuxième vertèbre lombaire et l’aorte, de forme et de dimensions variables, souvent plexiforme, mal individualisée, celle-ci est l’origine du canal thoracique. Ce canal lymphatique, le plus volumineux de l’organisme (2 mm de diamètre), monte, simple ou dédoublé, devant le rachis dorsal, médian, puis gauche. Arrivé au niveau du cou, il décrit une crosse à concavité inférieure et s’abouche à la face postérieure du confluent veineux jugulo-sous-clavier gauche (qui reçoit le sang du cou et du membre supérieur gauche).
Chemin faisant, le canal thoracique reçoit quelques troncs lymphatiques. Ses principaux afférents le rejoignent au niveau de sa crosse cervicale. Ils lui apportent la lymphe de la moitié gauche de la tête et du cou, du membre supérieur gauche et de l’hémithorax gauche.
La lymphe issue de la moitié droite de la partie sus-diaphragmatique du corps est drainée par la grande veine lymphatique. Située dans l’angle jugulo-sous-clavier droit, où elle s’abouche, celle-ci est symétrique de la portion terminale de la crosse du canal thoracique.
La circulation de la lymphe dans les canaux lymphatiques est orientée par les valvules. Le moteur en est les pressions extrinsèques. Celles-ci sont provoquées au niveau des membres par les contractions musculaires et l’expansion systolique des artères voisines, et au niveau du tronc principalement par les mouvements respiratoires.
La vitesse circulatoire lymphatique est lente. Il faut en moyenne deux heures pour que le liquide injecté dans un pied opacifie le canal thoracique. La capacité moyenne du système lymphatique est égale à celle du volume sanguin (de 5 à 6 litres). Le débit normal d’un canal thoracique se situe entre 1 et 2 litres par 24 heures. Mais ce chiffre ne résume pas tout le débit lymphatique. Il semble qu’une grande partie d’eau et de sels de la lymphe retourne dans le sang au niveau des ganglions lymphatiques (qui ont chacun une artériole et une veinule).
Jean Pecquet
Anatomiste et physiologiste français (Dieppe 1622 - Paris 1674). Il a tout le mérite de la découverte du collecteur principal des voies lymphatiques, la citerne de Pecquet, et de son tronc efférent, le canal thoracique. Alors que Harvey venait de découvrir la grande et la petite circulation, et que la querelle entre les « circulateurs » et les « anti-circulateurs » (partisans et adversaires de Harvey) n’était pas close, Pecquet, en expérimentant sur le chien, découvrait, en 1647, que tous les vaisseaux lymphatiques de l’intestin ou chylifères, bien visibles pendant les périodes digestives (ils sont alors lactescents), convergent vers un réservoir situé en avant de la colonne vertébrale lombaire, la citerne de Pecquet, et que celle-ci donne naissance au canal thoracique, qui ramène la lymphe au cœur. Il a réuni ses observations dans son livre Experimenta nova anatomica... (1651) et fut reçu à l’Académie des sciences en 1666.
Pathologie
L’infection
Toute infection du liquide interstitiel peut se propager dans le réseau de capillaires lymphatiques qui draine ce liquide (c’est la lymphangite réticulaire), puis dans les troncs qui émanent de ce réseau (il s’agit alors d’une lymphangite tronculaire) et aboutit enfin aux ganglions (adénite).
Les perturbations dynamiques du système lymphatique
Elles peuvent se faire dans le sens d’une augmentation de débit quand il y a un excès de liquide interstitiel. Quand le retour lymphatique se fait au maximum des possibilités, apparaissent l’œdème et les épanchements séreux. Ainsi, dans les cirrhoses du foie, la circulation dans la veine porte est très freinée par la sclérose hépatique. Il existe en compensation une augmentation considérable du débit par les lymphatiques. Si cette vicariance est insuffisante, il apparaît un œdème et une ascite (liquide dans le péritoine).
Le système lymphatique peut être lui-même la cause d’œdème (lymphœdème) quand son débit est insuffisant, c’est-à-dire quand existent des obstacles à l’écoulement de la lymphe. Étant donné les nombreuses anastomoses entre les troncs d’une même région, le lymphœdème ne peut apparaître que lorsqu’il existe une atteinte de presque tous les troncs collecteurs d’une région.
Ces obstacles peuvent être la thrombose des troncs collecteurs sous l’action d’infections répétées, l’oblitération par des filaires (vers ronds parasites), l’oblitération par le développement d’un cancer dans les ganglions ou par la sclérose ganglionnaire après radiothérapie, ou par les ligatures chirurgicales quand on pratique un curage ou un évidement ganglionnaire. Ainsi en est-il des « gros bras » après amputation élargie du sein.
Dans les territoires soumis à l’hypertension lymphatique, il apparaît, outre l’accumulation de liquide interstitiel, des modifications des troncs lymphatiques. La dilatation exagérée de ceux-ci peut forcer l’anneau d’insertion des valvules et les rendre incontinentes (lymphangiectasie). Au niveau des membres inférieurs et des organes génitaux externes, l’accumulation de liquide interstitiel et de lymphe aboutit à une déformation désignée par le terme imagé d’éléphantiasis. Enfin, les troncs lymphatiques peuvent se rompre (lymphorragie) dans une cavité naturelle, plèvre (chylothorax), péritoine (ascite chyleuse ou chylopéritoine), ou dans un tube excréteur (chylurie [dans les voies urinaires], gastro-entéropathie exsudative ou fistule chylo-digestive [dans le tube digestif], ou fistule lympho-intestinale).
Les tumeurs des canaux lymphatiques
Ce sont des lymphangiomes constitués par des amas caverneux de capillaires lymphatiques dilatés. Parfois, en particulier dans les localisations cervicales et médiastinales, ces tumeurs se présentent comme des cavités kystiques multiloculaires ; on parle alors de lymphangiome kystique.