Empire colonial français (suite)
L’indépendance de l’Algérie
La France s’y heurte depuis plusieurs années à l’opposition de diverses organisations légales : le P.C.A. (parti communiste algérien), les Ulémas (réformistes religieux), l’U.D.M.A. (Union démocratique du manifeste algérien, de Ferhat ‘Abbās) et le M.T.L.D. (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, de Messali). Mais c’est un petit groupe de révolutionnaires qui, en dehors de ces mouvements, déclenche l’insurrection de la Toussaint 1954, créant le F.L.N., ou Front de libération nationale, dont l’autorité ne cessera de grandir et qui réclame immédiatement la reconnaissance de la nationalité algérienne. La lutte durera près de huit ans. (V. Algérie.)
Le général de Gaulle, à son arrivée au pouvoir, après le 13 mai 1958, tente tout d’abord d’amener la fin des hostilités en proposant la « paix des braves », qui est repoussée. Il essaie alors une politique qualifiée de « recherche d’une troisième force », qui consiste à trouver entre les extrémistes un interlocuteur susceptible de se rallier à une solution libérale de type fédéral sauvegardant les intérêts essentiels de la France. Là aussi ce sera l’échec, et, malgré les succès incontestables remportés par l’armée (grâce à l’application du « plan Challe » notamment), il sera impossible de trouver une solution politique.
Or, la guerre d’Algérie pèse de plus en plus sur la France, dont elle exige de lourds sacrifices (en hommes et en argent), auxquels s’ajoutent de nombreuses attaques à l’O. N. U. et dans le tiers monde. La politique d’intégration préconisée par les défenseurs de l’Algérie française, qui aurait fait de tous les Algériens des « Français à part entière », est terriblement coûteuse et aurait amené à l’Assemblée nationale, dans un premier temps, 90 musulmans pour 465 métropolitains. De là une évolution progressive qui, dans les allocutions et les discours du général de Gaulle, ira de l’« Algérie française » à l’« Algérie algérienne ».
Deux oppositions se dresseront tour à tour devant le gouvernement et seront brisées : celle des Français d’Algérie (la « semaine des barricades », 24 janv. - 1er févr. 1960), puis celle de l’armée (le putsch des généraux, en avr. 1961). Il faudra cependant encore un an pour venir à bout de l’O. A. S. (Organisation de l’armée secrète), qui groupait les adversaires les plus résolus de l’abandon. Mais, le 18 mars 1962, par les accords d’Évian, la France renonce à sa souveraineté. Les Français d’Algérie quitteront le pays, et, le 1er juillet 1962, l’Algérie votera massivement pour son indépendance.
L’histoire coloniale française était terminée. Autour de la métropole ne gravitaient plus que quelques satellites d’importance secondaire, la plupart disséminés dans les océans.
Mais, sur la carte du monde, même s’ils la reniaient, vingt-quatre États avaient une ascendance française : deux dans le Proche-Orient (Syrie et Liban), quatre en Extrême-Orient (Viêt-nam du Nord, Viêt-nam du Sud, Cambodge, Laos), trois en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), quatorze en Afrique noire (Sénégal, Mauritanie, Mali, Haute-Volta, Niger, Guinée, Côte-d’Ivoire, Dahomey, Gabon, Congo-Brazzaville, République centrafricaine, Tchad, Cameroun, Togo) et un à Madagascar. Et du premier domaine colonial ne faudrait-il pas ajouter la république d’Haïti et cet État en gestation qu’est le Québec ?
X. Y.
➙ Afrique noire / Algérie / Antilles / Canada / Colonialisme / Colonisation / France / Indochine / Louisiane / Madagascar / Maroc / Océanie / Sahara / Tunisie.
A. Sarraut, la Mise en valeur des colonies françaises (Payot, 1923) ; Grandeur et servitude coloniales (Sagittaire, 1931). / S. H. Roberts, The History of French Colonial Policy, 1870-1925 (Londres, 1929 ; nouv. éd., 1963, 2 vol.). / J. F. Saintoyant, la Colonisation française sous l’Ancien Régime (la Renaissance du livre, 1930 ; 2 vol.) ; la Colonisation française pendant la Révolution (la Renaissance du livre, 1931 ; 2 vol.) ; la Colonisation française pendant la période napoléonienne (la Renaissance du livre, 1931). / G. Hardy, Nos grands problèmes coloniaux (A. Colin, 1933 ; nouv. éd., 1949) ; Histoire sociale de la colonisation française (Larose, 1953). / Gaston-Martin, Histoire de l’esclavage dans les colonies françaises (P. U. F., 1948). / H. Blet, la Colonisation française (Arthaud, 1949-50 ; 3 vol.). / P. Devillers, Histoire du Viêt-nam de 1940 à 1952 (Éd. du Seuil, 1952). / J. P. Faivre, l’Expansion française dans le Pacifique au temps de la Restauration et de la monarchie de Juillet (Besson et Chantemerle, 1959 ; 2 vol.). / P. F. Gonidec, Droit d’outre-mer (Montchrestien, 1959-60 ; 2 vol.). / J. Lacouture et P. Devillers, la Fin d’une guerre, Indochine, 1954 (Éd. du Seuil, 1960). / R. F. Betts, Assimilation and Association in French Colonial Theory, 1890-1914 (New York, 1961). / R. Cornevin, Histoire de l’Afrique, t. II (Payot, 1966). / H. I. Priestley, France Overseas. A Study of Modern Imperialism (Londres, 1966). / E. O’Ballance, The Algerian Insurrection, 1954-1962 (Londres, 1967). / P. Beyssade, la Guerre d’Algérie, 1954-1962 (Éd. Planète, 1968). / X. Yacono, les Étapes de la décolonisation française (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1971).
Quelques dates complémentaires
1552-1553Fondation à l’ouest de La Calle (Régence d’Alger) du futur « Bastion de France ».
1555-1559Tentative de Villegaignon sur les côtes du Brésil (baie de Rio de Janeiro).
1562-1565Deux expéditions françaises en Floride.
1603-1633Champlain effectue douze séjours au Canada.
1604Premier contact des Français avec la Guyane.
1635Occupation de la Guadeloupe, et de la Martinique.
1640Premiers voyages à l’île de Mascareigne (auj. la Réunion).
1643Construction de Fort-Dauphin à Madagascar.
1665Louis XIV nomme un gouverneur pour la partie occidentale de Saint-Domingue.
1674Fondation du poste de Pondichéry.
1718Fondation de La Nouvelle-Orléans.
1742-1754Dupleix gouverneur général de la Compagnie des Indes.
1764Bougainville essaie de fonder un établissement aux îles Malouines (auj. les Falkland).
1768-1774Tentatives de colonisation à Madagascar.
1785-1788Voyage de La Pérouse dans l’océan Pacifique.
1798Occupation de l’Égypte par Bonaparte.
1825Reconnaissance de l’indépendance d’Haïti.
1828René Caillié pénètre à Tombouctou.
1829Expédition sans résultat contre la côte orientale de Madagascar.
183014-16 juin : débarquement des troupes françaises à Sidi-Ferruch, près d’Alger.
1849-1854Conquête du Sahara septentrional : Zaatcha (1849), Laghouat (1852), Ouargla (1853), Touggourt (1854).
1857Fondation du poste de Dakar.
1859-1861Voyage d’Henri Duveyrier au Sahara.
1868-1878Au Dahomey, cession de Cotonou à la France.
1871Révolte de l’Algérie orientale.
1875Premier voyage de Savorgnan de Brazza au Congo. En 1880, il fonde le poste qui deviendra Brazzaville.
1878Grande révolte canaque en Nouvelle-Calédonie.
Accord avec l’Angleterre sur les Nouvelles-Hébrides qui deviendront un condominium en 1887.
1800Annexion de Tahiti.
1885Traité franco-chinois : la Chine renonce à sa suzeraineté sur l’Annam et le Tonkin.
1887Création du gouvernement général de l’Indochine.
1890Accord avec l’Angleterre, qui se désintéresse de Madagascar, et la France, de Zanzibar. En Afrique occidentale, une ligne Say (sur le Niger) - Barroua (sur le lac Tchad) limite l’expansion de la France au sud.
1892Le colonel Dodds proclame le protectorat français sur le Dahomey.
1893Création d’une armée coloniale (engagements volontaires).
1894Création d’un ministère des Colonies.
1895Création du gouvernement général de l’Afrique-Occidentale française.
1896Annexion de Madagascar et, après abolition de la royauté, formation d’un gouvernement général en 1897.
1902Combat de Tit, au Hoggar, qui abat la puissance des Touaregs.
1910Création d’un gouvernement général de l’Afrique-Équatoriale française.
1923Fixation du statut international de Tanger.
1930Fêtes du centenaire de la prise d’Alger.
Révolte de Yên Bay au Tonkin.