drapeau
Pièce d’étoffe aux couleurs d’une nation, d’une organisation ou d’un parti, attachée à une sorte de lance appelée hampe.
Le terme apparaît à la fin du xve s. dans un sens exclusivement militaire, pour désigner un emblème autour duquel se rassemblait une troupe. Ce n’est qu’à la fin du xviiie s. que le drapeau est devenu en outre le symbole de la nation.
Quelques termes génériques
aigle, enseigne des milices, puis des légions romaines. En France, sous le premier et le second Empire, un aigle doré ou argenté surmontant la hampe des drapeaux ou étendards, l’appellation d’aigle fut donnée à ces emblèmes.
bannière, enseigne du chevalier banneret. C’est le symbole d’une juridiction féodale et militaire ; une des plus célèbres est la bannière de France, d’azur à fleurs de lis d’or, arborée par Charles VII.
étendard, emblème des corps de troupes qui étaient autrefois montés : cavalerie blindée, gendarmerie, artillerie et train.
fanion, emblème de petite dimension de couleurs et de formes très diverses, qui est l’attribut d’un chef (fanion de commandement) ou celui d’une petite unité militaire (bataillon, compagnie, escadron).
pavillon, terme général d’origine maritime désignant tout insigne d’étamine ou d’étoffe légère qu’on peut frapper sur une drisse ou hisser à un mât. Le plus important est le pavillon national, arboré par les navires de guerre et de commerce, ce qui explique que le mot pavillon est aussi employé dans un sens général comme synonyme de « drapeau national ».
Drapeaux militaires
De tout temps, les chefs militaires ont arboré au bout d’une pique ou d’une hampe un insigne distinctif pour rallier leurs troupes. Chez les Romains, légions et cohortes avaient leurs bannières. Depuis Constantin, l’empereur lui-même avait son labarum, étoffe de soie brodée d’or. Au Moyen Âge, les chevaliers, simples gentilshommes, portaient au bout de leur lance un morceau de toile de couleur terminé en pointe ou en fourche, appelé pennon ; les chevaliers bannerets, c’est-à-dire capables d’appeler un ban de vassaux, arboraient une bannière à leurs armes et couleurs. Les milices des paroisses marchaient derrière des bannières patronales surmontées d’une croix ; quand il s’agissait d’une abbaye, la bannière s’appelait un gonfalon (ou gonfanon), et son porteur, le gonfalonier. Au niveau de la province, le chef militaire, comte ou duc, arborait lui aussi une bannière qui précédait toutes celles des chevaliers, paroisses ou abbayes. Enfin, à la tête du pays, le roi était entouré de divers emblèmes, bannières, pennons, étendards. Du xiie au xve s., l’oriflamme rouge de l’abbaye de Saint-Denis accompagna les rois de France à la guerre. Dans toutes ces enseignes, il n’y avait aucune uniformité. Cependant les manuscrits du Moyen Âge représentent volontiers les camps français plantés de bannières ornées de fleurs de lis. Pour les Anglais, ce sont des léopards. De plus, en souvenir de l’assemblée de Gisors qui, en 1188, répartit la couleur des croix des croisés, ces derniers sont souvent représentés avec une croix rouge, les Français avec une croix blanche.
Du milieu du xvie s. jusqu’en 1789, cette croix se perpétuera sur les drapeaux de l’infanterie française. En revanche, leurs cantons, ou quartiers, portaient toutes sortes de couleurs ou d’insignes propres à chaque régiment. D’autre part, leur nombre par corps sera progressivement ramené de trois à deux en 1749, et à un en 1776. Au cours de cette période, les étendards de cavalerie n’ont guère d’uniformité. Après un moment de désordre sous la Révolution, où les drapeaux arborèrent les figurations les plus diverses tout en ayant des dimensions considérables, Napoléon décida en 1804 que drapeaux et étendards porteraient un losange central blanc accompagné de cantons triangulaires, alternativement rouges et bleus, où figurerait le numéro du corps. En 1812, l’Empereur changea la disposition des couleurs, qui furent portées sur trois bandes parallèles égales ; à part l’intermède 1814-1830, où l’emblème fut un drapeau blanc fleurdelisé, et la IIe République, où un canton rouge lui ajouté au tricolore, ces dispositions n’ont pas varié depuis : les étendards (pour les régiments de cavalerie blindée, de gendarmerie, d’artillerie et du train) ne diffèrent des drapeaux que par leurs dimensions plus petites. Sous le premier et le second Empire, l’extrémité de la hampe était surmontée d’un aigle ; sous l’ancienne monarchie et sous les républiques, d’un simple fer de lance. Depuis le second Empire, les mots Honneur et Patrie sont inscrits sur une des faces des drapeaux et étendards ; sur ceux des régiments de la Légion étrangère, ils sont remplacés par Honneur et Fidélité. Au-dessous de ces inscriptions figurent, en outre, les noms des batailles où s’illustra le corps. Dans tous les pays, les honneurs particuliers sont rendus au drapeau : en France, les jeunes appelés lui sont « présentés » au cours d’une cérémonie solennelle.
Quelques drapeaux célèbres de l’histoire militaire
Angleterre. Quand Jacques VI d’Écosse accède au trône d’Angleterre (1603), le drapeau destiné à la marine de guerre associe la croix de Saint-Georges rouge sur fond blanc, insigne de l’Angleterre, à la croix de Saint-André blanche sur fond bleu, insigne de l’Écosse. À partir de 1800, date de la réunion de l’Irlande, on y ajoute la croix de Saint-Patrick rouge sur fond blanc. L’ensemble forme l’Union Jack, devenu emblème national.
Autriche. Depuis le xviie s. jusqu’en 1918, les régiments des Habsbourg ont deux drapeaux : l’un propre à chaque corps, l’autre, uniforme, jaune des deux côtés avec au centre l’aigle bicéphale.
Prusse. Les drapeaux prussiens portaient une croix teutonique noire ou blanche sur fond opposé avec au centre l’aigle de Prusse.
Russie. Les drapeaux de l’ancienne armée impériale étaient coupés par des diagonales en quatre triangles opposés noirs et blancs surmontés d’une croix droite de Saint-Georges avec au centre l’aigle bicéphale russe en médaillon.