Homme politique français (Arcis-sur-Aube 1759 - Paris 1794).
Ce turbulent Champenois, fils d’un procureur au bailliage d’Arcis-sur-Aube, fait de bonnes études à Troyes, chez les Oratoriens, puis à Paris, et obtient son diplôme de droit à Reims. En 1785, il s’installe à Paris, avec l’intention de devenir avocat ; engagé chez un procureur, il peut, grâce à la dot de sa femme, Gabrielle Charpentier, fille du riche propriétaire du café du Parnasse, acheter une charge d’avocat au Conseil du roi (1787). Il établit son cabinet cour du Commerce, rue des Cordeliers (aujourd’hui rue de l’École-de-Médecine). Sa réputation ne tarde pas à s’affirmer, mais il est surtout intéressé par la politique : il sent monter la Révolution.
Un rôle grandissant
Paris ayant été divisé en soixante districts, Danton, électeur primaire pour les États généraux, reçoit la présidence du district de l’église des Cordeliers (1789). Il ne semble pas payer de sa personne lors de la prise de la Bastille, mais peu à peu son influence grandit. Il mène campagne contre La Fayette et Bailly et déploie une grande activité, plaidant pour la liberté de la presse, pour la liberté d’association, s’occupant des problèmes de la subsistance de la capitale. Membre de la Commune (janv. 1790), puis membre du directoire du département de Paris (janv. 1791), il est, à cette époque, encore royaliste. Peut-être travaille-t-il pour le duc d’Orléans. On racontera d’autre part que la Cour, espérant provoquer des dissensions parmi ses adversaires, le paie.
Lors de la fuite du roi à Varennes (20 juin), ses opinions politiques se précisent : il demande la déchéance du roi et la proclamation de la république. Mais la famille royale ayant été ramenée à Paris, la Constituante invente la fiction de l’enlèvement du souverain : un groupe de républicains, venus surtout du club des Cordeliers (fondé l’année précédente par Danton) va porter au Champ-de-Mars une pétition réclamant l’organisation d’un nouveau pouvoir exécutif. Un incident provoque alors la « fusillade du Champ-de-Mars » (17 juill.) ; plusieurs manifestants sont abattus. Les responsables, comme Danton et Marat, doivent se cacher.
Après un séjour en Angleterre, Danton regagne Paris, où il est amnistié en septembre et élu substitut du procureur de la Commune (8 déc.). Il fréquente le club des Jacobins. S’il ne participe pas à la journée du 20 juin 1792, il travaille, la veille du 10 août, à la préparation de l’assaut contre les Tuileries. Sur ce point précis de la chute de la monarchie, l’importance de son rôle a beaucoup été discutée (selon Albert Mathiez, sa participation fut négligeable). On sait cependant qu’il trinque avec les Marseillais et les pousse à l’action. Dans la nuit, il est appelé à l’Hôtel de Ville et y donne ses directives. Il se vantera plus tard, devant le Tribunal révolutionnaire, d’avoir fait arrêter Mandat, le commandant de la garde nationale chargé de la défense des Tuileries. Jusqu’au soir, il demeure à son poste. Il y apprend la chute des Tuileries et les décrets de l’Assemblée : suspension du souverain, arrestation de la famille royale, convocation d’une Convention nationale. Il se voit nommé ministre de la Justice dans le Conseil exécutif provisoire.
Le ministre Danton
Grâce à l’appui de la Commune de Paris, grâce aussi à l’effacement de ses collègues du ministère, Danton se trouve en fait maître du pouvoir exécutif, dont il use pour faire adopter la révolution du 10 août dans tout le pays et surtout pour stopper l’invasion étrangère. La guerre, déclarée à l’Autriche par le ministère girondin, a en effet très mal commencé : Verdun est menacé (la ville capitulera le 2 septembre). Dans un discours fameux (2 sept.), Danton va dresser la nation entière contre l’envahisseur. Il refuse d’abandonner Paris, organise l’enrôlement de volontaires, les réquisitions d’armes, l’arrestation de suspects. Son éloquence est à la mesure de son patriotisme : « Pour vaincre l’ennemi, s’écrie-t-il, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! »
Le fils du député Thibaudeau laisse de lui à cette époque ce saisissant portrait : « Je fus frappé de sa haute stature, de ses formes athlétiques, de l’irrégularité de ses traits, labourés de petite vérole, de sa parole âpre, brusque, retentissante, de son geste dramatique, de la mobilité de sa physionomie, de son regard assuré et pénétrant, de l’énergie et de l’audace dont son attitude et ses mouvemeats étaient empreints. » C’est alors que surviennent les massacres dans les prisons. Danton ne les a pas préparés, ni souhaités, mais il ne fait rien pour les arrêter.