Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

classicisme (suite)

Débordant la période classique, le classicisme se révèle comme un besoin chez nombre de musiciens, n’empêchant pas pour autant l’emploi de modes d’expression très différents. Les exemples abondent de ceux qui, romantiques ou modernes, reprennent les formes du classicisme ou marquent par une certaine logique, par une certaine rigueur dans la construction, par la clarté de l’élocution l’influence qu’ils en ont reçue. Un Chopin, un Brahms, un Saint-Saëns, un Fauré, un Ravel, un Roussel, un Prokofiev, en renouant avec leurs aînés, retrouvent les constantes d’une façon de penser et de s’exprimer.

Y. de B.

classification (société de)

Organisme répertoriant des navires, leur donnant une cote en fonction de critères techniques et contrôlant périodiquement leur état.


Un cabaretier de Londres, Edward Lloyd, tient à la fin du xviie s. un café où de nombreux capitaines de voiliers et des professionnels du commerce maritime prennent l’habitude de se rencontrer. Ceux-ci y échangent des nouvelles sur la marche des navires et les incidents de mer ayant pu les retarder ou les mettre en péril. À une époque où les communications entre continents sont rares et lentes, ces renseignements ont pour les armateurs, les assureurs et les négociants un intérêt majeur. Lloyd a l’idée de les publier dans un bulletin périodique. Ces informations s’étendent ensuite à des indications techniques sur l’état des navires, surveillé par des experts. Telle est l’origine de l’actuel « Lloyd’s Register of Shipping ». Parallèlement se crée une compagnie d’assurances maritimes, qui, bien que portant aussi le nom de Lloyd, devient indépendante de la société de classification. En 1828 naît à Anvers le Bureau Veritas, alors intitulé « Bureau de renseignements pour les assurances maritimes », dont, en 1832, le siège est transféré à Paris et y prend un rapide développement. D’autres organismes analogues voient le jour dans divers pays maritimes : American Bureau of Shipping, Germanischer Lloyd, Norske Veritas, Nippon Kaiji Kyakai, Registre Italiano Navale et le Registre de l’U. R. S. S. Ils délivrent des certificats de classification aux armateurs, qui doivent soumettre leurs navires à des visites périodiques sous le contrôle des experts nommés par chaque société dans la plupart des ports : visite annuelle de la coque (en cale sèche) et des machines, « reclassification » tous les quatre ans, etc. En cas d’avarie, les experts interviennent, suivent les réparations et, sur leurs rapports, la « cote » du navire est maintenue ou modifiée. Très souvent, cette surveillance commence dès la construction du navire, qui se trouve ainsi suivi pendant toute sa carrière.

L’essentiel des renseignements recueillis est porté sur le certificat de classification délivré au navire et sur le registre de la société en utilisant divers signes conventionnels. Par consultation du registre, les assureurs, les affréteurs, les chargeurs et les acheteurs éventuels se procurent les renseignements principaux dont ils ont besoin avant de contracter. L’inscription à ces sociétés n’a aucun caractère obligatoire, mais les armateurs ont intérêt à faire classer leurs navires par l’une de celles qui sont reconnues dans leur pays. Entre autres avantages, ils y trouvent celui d’obtenir les meilleures conditions des assureurs maritimes. Ils évitent aussi certaines des formalités que comportent les réglementations officielles sur la sécurité de la navigation maritime, appliquées en France par l’Administration des affaires maritimes.

En pratique, les sociétés de classification étendent souvent leur rôle hors du domaine maritime. Le Bureau Veritas a un service aéronautique et exerce sa surveillance sur certains véhicules automobiles. Il contrôle aussi des constructions immobilières et de génie civil. Enfin, le Lloyd’s Register et le Bureau Veritas interviennent pour exercer un contrôle, en usine et sur les chantiers, de divers équipements industriels.

H. C.

➙ Affaires maritimes (Administration des) / Assurance / Navire de commerce.

 E. Giboin, J. S. Legris et A. Rialland, Aide-mémoire Martinenq des constructions navales (Éd. maritimes et coloniales, 1958).

Claude

En lat. Tiberius Claudius Caesar Augustus Germanicus (Lyon 10 av. J.-C. - Rome 54 apr. J.-C.), empereur romain (41-54).


C’est le jour des calendes d’août que naît Tiberius Claudius Germanicus, fils de Drusus et d’Antonia, petit-fils de Livie et d’une sœur d’Auguste. Sa jeunesse n’est pas heureuse ; son père meurt alors qu’il n’a qu’un an, et sa mère lui préférera toujours son frère aîné, Germanicus. Le reste de sa famille le tient à l’écart, ce qui déclenche en lui un réflexe d’hostilité à l’égard de la société ; Claude passe sa jeunesse dans l’étude et développe très tôt ses goûts innés d’écrivain et d’érudit. Ses recherches sont orientées par de grands maîtres, tel Tite-Live ; elles le portent en particulier à une étude d’ensemble de la civilisation étrusque et à l’invention de trois nouvelles lettres de l’alphabet.

Bien que son allure physique et ses ridicules (il bégaie et sa tête est sans cesse agitée de tremblements) lui aient toujours attiré maintes railleries, Claude participe à la vie publique ; il est en effet impossible d’écarter des hautes fonctions un homme qui est du sang d’Auguste et dont la famille est une des plus anciennes de Rome. Claude sera augure, recevra les ornements consulaires de Tibère et deviendra consul sous Caligula. Mais ce sont là des honneurs bien médiocres pour un homme de sa lignée, que, cependant, ni Tibère ni Caligula ne laissent en paix, le premier voyant en lui un rival possible, le second l’abreuvant de sarcasmes. Cette vie incertaine aggrave l’instabilité de son caractère ; avant même son avènement, Claude a contracté trois mariages. C’est cet homme, intellectuel solitaire, incompris et quelque peu déséquilibré, qui, après l’assassinat de Caligula, devient empereur par la volonté des prétoriens ; ceux-ci le dénichent, tremblant, derrière une tenture et l’imposent au sénat comme princeps (janv. 41).