Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

champ magnétique (suite)

Les champs magnétiques transitoires

Le principe de la méthode de production des champs transitoires consiste à emmagasiner de l’énergie pendant un temps suffisamment long, quelques minutes, dans une batterie de condensateurs ou un générateur tournant, et à la restituer ensuite en un temps très court, une fraction de seconde, dans un solénoïde. L’intensité du courant peut atteindre 100 000 A et celle du champ 400 000 Oe, lorsque le diamètre de la bobine est de 2 cm et l’énergie de 50 kilojoules. La variation du champ en fonction du temps est oscillatoire et amortie ; la pseudo-période est de l’ordre de la milliseconde.

En comprimant très rapidement le flux, lorsqu’il est maximal, au moyen d’un cylindre métallique en court-circuit, accéléré par les forces électromagnétiques ou un explosif, on peut faire croître le champ jusqu’à plusieurs millions d’œrsteds en quelques microsecondes. Le champ magnétique implosé le plus intense réalisé par cette méthode est de 25 millions d’œrsteds.

R. P.

 Les Champs magnétiques intenses ; leur production et leurs applications (C. N. R. S., 1967). / D. B. Montgomery, Solenoïd Magnet Design (New York, 1969).

Champa

Ancien royaume hindouisé des Chams, en Indochine, qui fut le siège d’un art original.


En dépit de cette très forte et constante originalité, l’architecture du Champa présente seule une réelle unité, car la sculpture, toujours sensible aux influences extérieures, y paraît soumise à de continuels renouvellements. D’inspiration essentiellement śivaïte, cet art n’a réservé qu’une place infime au vishnuisme, alors que le bouddhisme mahāyānique est responsable de quelques fondations importantes, dont le plus vaste ensemble architectural (Dong Duong, 875). Ce n’est qu’après 1940 que la chronologie de l’art cham, étudié depuis la fin du xixe s., a pu être établie en utilisant des méthodes proches de celles qui avaient été appliquées avec succès à l’art de l’ancien Cambodge*.


L’art et l’histoire

Si la préhistoire du Champa se confond avec celle du Viêt-nam*, qui l’a absorbé, il paraît bien difficile de reconnaître dans le Champa, comme on l’a parfois proposé, l’héritier de la culture de Dong Son qui, d’ailleurs, ne semble pas attestée sur le sol de l’ancien royaume. Par contre, les aménagements hydrauliques et les constructions de pierres sèches du Quang Tri ont peut-être quelque rapport avec les populations primitives du Lin-yi. Les plus anciens témoins de l’hindouisation de la contrée (vers le ive-ve s.) sont fournis par les textes chinois, l’épigraphie locale et de très rares bronzes importés de l’Inde du Sud ou de Ceylan. Rien dans l’architecture ne saurait être rapporté à cette période ancienne, à laquelle on est pourtant tenté de rattacher quelques sculptures de la région de Phu Ninh.


Le Champa du début du viie s. à l’an 1000

Entre le moment où apparaissent les premières mentions du Champa et celui de la fondation de Vijaya, qui marque le début de son repli sous la poussée vietnamienne, le Champa connaît, en dépit d’une certaine instabilité, les plus grands moments de son histoire artistique. Dans l’important site de Mi Son, l’un des hauts lieux du Champa, les vestiges les plus anciens (Mi Son E. 1) ne remontent qu’au début de la seconde moitié du viie s. La sculpture y révèle des qualités exceptionnelles qui s’affaibliront rapidement, et lorsque, vers 758, l’hégémonie passera pour un siècle aux provinces méridionales, c’est sur un art médiocre que viendront se greffer des apports indonésiens. Leur influence sera grande sur l’imagerie mahāyānique du Champa, et, dans le même temps, la construction des sanctuaires de Hoa Lai peut être regardée comme le véritable point de départ de l’architecture chame.

En 875, alors que le pouvoir est à nouveau assumé par les provinces septentrionales, la fondation du grand temple bouddhique de Dong Duong marque le début d’une intense activité artistique, que l’abandon de la capitale au profit de Vijaya (1000), première conséquence de la politique d’expansion du Viêt-nam, ne suffira pas à ralentir. L’art de Dong Duong peut résumer, dans sa puissante originalité, les tendances mêmes de l’art cham, assimilant les apports les plus divers — ici indonésiens et chinois — pour en donner une interprétation extrêmement personnelle.

Dès le début du xe s., à Khuong My et autour du grand centre śivaïte de Mi Son, l’art se fait plus calme, plus mesuré. Vers le milieu du siècle, de fugitives influences khmères ne laisseront guère de traces, et c’est un renouveau d’intérêt pour l’art de Java (v. Indonésie) qui va amener l’éclosion d’un style (dit « de Mi Son A. 1 ») qui, par l’équilibre et la distinction de son architecture, la perfection souvent classique de sa sculpture (Mi Son, Tra Kiêu), est l’un des grands moments non seulement de l’art cham, mais encore de tous les arts de tradition indienne. Avant le repli de la capitale à Vijaya, l’art a déjà beaucoup perdu d’une sensibilité qu’il ne retrouvera plus (Po Nagar de Nha Trang, Chanh Lo).


De la fondation de Vijaya à la fin de l’occupation khmère (1000-1220)

Les luttes dynastiques et les guerres étrangères ne sauraient favoriser l’art. Pourtant, jusqu’à ce que le conflit avec les Khmers prenne, après la prise d’Angkor* par les Chams (1177), un tour aigu et aboutisse à l’annexion momentanée du Champa par le Cambodge (1203-1220), l’art connaît encore une belle activité. Si les fondations de la région de Binh Dinh, des Tours d’Argent à Thap Mam paraissent plus froides, moins équilibrées que dans la période précédente et témoignent d’influences khmères plus ou moins assimilées, la statuaire demeure très originale tout en révélant plus de préoccupations pour le décor et le merveilleux que pour une véritable beauté. Trente années d’occupation khmère, mettant fin à cette activité, entraînent le début du déclin artistique du Champa.