Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Californie (suite)

• Sur le plan démographique. Depuis plus d’un siècle, la Californie, terre promise du Far West, attire tous ceux qui cherchent du travail, l’aventure, un climat agréable. La progression démographique est donc sans commune mesure avec celle des États-Unis : 92 597 habitants en 1850, 379 994 en 1860, 1485 053 en 1900, 3 426 861 en 1920, 6 907 384 en 1940, 15 717 204 en 1960, près de 20 millions en 1970. Touchée par la crise des années 30, la Californie continua d’attirer les Arkies et les Okies, ces fermiers des grandes plaines chassés par la sécheresse et la misère. De fait, avec 9,6 p. 100 de la population nationale, l’État possédait en 1960 11,3 p. 100 du revenu de l’Union ; son revenu par tête dépassait de 17 p. 100 la moyenne nationale.

Mais la prospérité repose aussi sur l’appel à la main-d’œuvre étrangère ou de couleur : les Chinois, les Japonais, les Philippins, les Mexicains forment 12 p. 100 de la population en 1960 ; les Noirs comptent pour 6 p. 100. Pauvreté, ségrégation, violence trouvent souvent là leur origine. Paradis des automobiles, les mégapoles sont devenues l’enfer des hommes : la pollution, les tensions sociales, les désordres universitaires préoccupent beaucoup la Californie.

A. K.


L’économie contemporaine


L’agriculture et la pêche

L’agriculture est très riche, fournissant toutes les plantes cultivées, tant subtropicales que tempérées, et elle procure des revenus élevés (15 p. 100 des fermes commercialisent plus de 40 000 dollars de denrées agricoles, contre 2,7 p. 100 dans l’ensemble des États-Unis, et 30 p. 100 plus de 10 000 dollars, contre 5 p. 100). Le climat sec (d’où l’absence de maladies végétales graves), chaud et ensoleillé, les réserves d’eau des montagnes et des nappes, la proximité de très grands marchés urbains, la recherche de hauts rendements par la sélection des plants, l’utilisation d’engrais et la mécanisation des récoltes (coton, betterave, même laitue, tomates et fruits), enfin une bonne organisation commerciale (300 coopératives, dont la Sunkist Growers ; contrats cultivateurs-conserveurs) ont permis une expansion prodigieuse de l’agriculture.

La richesse de l’agriculture repose aussi sur une irrigation abondante. Le bassin du San Joaquin souffrant d’un déficit en eau et celui du Sacramento d’un excédent, on envoie l’eau de ce dernier dans le nord du bassin du San Joaquin (par le canal Delta-Mendota), tandis que les eaux de tête du San Joaquin irriguent le centre (par le canal de Kern) et celles de la sierra Nevada l’extrême sud du bassin ; dans le centre et le sud de la Vallée centrale, on pompe aussi l’eau des nappes. La Vallée Impériale est alimentée par le Colorado, et les plaines côtières du sud par les réservoirs de montagne et par les nappes. L’eau est distribuée soit par des mutuelles sans but lucratif, soit par les districts d’irrigation, institutions publiques ayant des pouvoirs fiscaux. L’agriculture irriguée connaît les problèmes habituels de l’abaissement du niveau des nappes, de l’infiltration et de l’évaporation dans les canaux, de la remontée des sels.

Les produits de l’agriculture irriguée comprennent d’abord les fruits, dont la Californie est le premier producteur, exportateur et conserveur du monde ; 50 p. 100 des fruits subtropicaux et 30 p. 100 des fruits tempérés produits aux États-Unis viennent de Californie, spécialement des régions irriguées, soit plus de 7 Mt (dont 2,7 Mt de raisin et 2 Mt d’agrumes). La Californie occupe le premier ou le deuxième rang aux États-Unis pour les asperges, artichauts, haricots, choux-fleurs, melons, laitues, tomates, oignons, carottes, et même les pommes de terre. Les terres irriguées produisent aussi des semences et graines, du riz, du maïs et du blé. Le coton y atteint des rendements très élevés qui font de la Californie le troisième État producteur. La luzerne, cultivée pendant 3 à 6 années de suite, peut donner 7 ou 8 coupes par an grâce aux engrais, à la sélection des plants et à une irrigation généreuse. La Californie nourrit un cheptel nombreux (5 millions de bovins, 1,5 à 2 millions d’ovins) ainsi que des bœufs de boucherie des États voisins finis avant abattage. Son aviculture en fait le premier producteur d’œufs et de poulets.

Les régions non irriguées (pourtour de la Vallée centrale, plaines côtières du nord, nord du bassin du Sacramento) portent des cultures de céréales (blé, orge de brasserie) et des vergers de fruits tempérés (pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers, noyers, noisetiers). Les chaînons côtiers, les altitudes moyennes de la sierra Nevada et des monts des Cascades sont utilisés comme pâturages d’été, généralement sous forêt, pratique en régression par suite des mesures de protection du sol et de la végétation. En 1940, on péchait en Californie autant de poissons de mer qu’en Alaska et en Louisiane réunis ; la Californie ne vient aujourd’hui qu’après ces derniers États. Les prises de 1967 (460 000 t) ne représentent plus que 35 p. 100 de celles de 1940. La réduction concerne les sardines, saumons et maquereaux. On pêche encore le thon (dont une fraction importante revient à la pêche sportive commercialisée) dans les eaux californiennes, mais les pêcheurs se rendent aussi sur les côtes d’Alaska, d’où ils rapportent saumons et crustacés. Les principaux ports sont San Pedro (le premier des États-Unis, 310 500 t en 1967), San Diego, Monterey et San Francisco.


La sylviculture

La forêt exploitable ne couvre qu’une faible partie de la surface boisée (forêts nationales et forêts ouvertes du sud sont exclues de la forêt commerciale). Elle s’étend sur la partie septentrionale des chaînes côtières et de la sierra Nevada, au-dessus de 800 m au nord, de 1 500 m au sud. Les sapins Douglas, le pin à bois lourd, les séquoias alimentent des scieries qui produisent du bois de construction et d’ébénisterie, ainsi que des contreplaqués. L’abattage et le transport en forêt sont très mécanisés. On pratique de plus en plus la sylviculture (tree farming) avec reboisement, rotation des coupes et abattage sélectif.