Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Californie (suite)

L’industrie

Le développement des industries alimentaires résulte du volume considérable de la production agricole et de l’éloignement des marchés non californiens. Une partie des fruits sont desséchés (la moitié de la production mondiale de raisin sec en provient) ou réfrigérés pour être consommés frais (oranges, pamplemousses, citrons, raisin de table), mais la masse principale des fruits et légumes est destinée aux fabriques de jus et conserves (vallée de Santa Clara, baie de San Francisco, Vallée centrale). Les ports de pêche du nord de l’État ont des conserveries de saumon, ceux du centre et du sud (baie de San Francisco, Monterey, San Pedro, Los Angeles, San Diego) des conserveries de thon et de sardine. La Californie vient au premier rang des États-Unis pour l’abattage et la préparation de la viande ovine (dont elle fait une grande consommation) et au second pour la viande bovine (une partie du bétail vient d’Arizona, d’Utah, du Texas, du Nevada) ; 90 p. 100 du vin américain sont produits en Californie (imitations de bourgognes, bordeaux, chiantis, champagnes, vins du Rhin). Les sucreries traitent les betteraves californiennes et la canne des Hawaii, les plus importantes étant situées autour de la baie de San Francisco. L’élevage intensif des vaches laitières place la Californie au premier rang pour la production du lait concentré.

Les caves de vinification des grands domaines, les raffineries de canne importée, les abattoirs, les conserveries de sardine sont des entreprises de grande taille. Les ateliers de séchage et les conserveries de fruits et légumes de moindre dimension sont localisés dans les petites villes. Ils sont ainsi au centre des régions de production dans un rayon de 40 à 50 km et disposent d’une main-d’œuvre saisonnière, surtout féminine, qu’on ne trouve pas dans les grandes agglomérations. Très mécanisées, ces petites usines allongent leur période d’activité en échelonnant le traitement de produits de plus en plus variés. Une très grande société, la California Packing, possède des domaines en Californie ainsi qu’aux Hawaii et aux Philippines.

L’exploitation des hydrocarbures exceptée, l’industrie minière n’a pas pris l’importance attendue lors de la ruée vers l’or. Ce métal est encore extrait de la célèbre Mother Lode (veine mère) et des alluvions aurifères, mais la Californie n’est qu’au sixième rang des États producteurs. Il n’y a que de petits gisements de minerais de fer, cuivre, zinc, plomb et molybdène. En revanche, la Californie est le principal producteur de tungstène et de mercure ; elle occupe la première ou la deuxième place pour la potasse, le sulfate et le carbonate de sodium et le bore extraits des bassins et anciens lacs salés du désert Mojave et de la Vallée de la Mort.

Les hydrocarbures sont une des grandes richesses de la Californie. Elle suit le Texas et la Louisiane pour la production du pétrole (plus de 40 Mt) et l’importance des réserves. Les gisements sont situés dans les grès miocènes et pliocènes de la bordure sud-orientale de la Vallée centrale et des chaînons côtiers entre Santa Maria et Los Angeles. Le pétrole est raffiné sur les rives de la baie de San Francisco, à Monterey et Los Angeles. Extrait des mêmes bassins, le gaz naturel (16 milliards de mètres cubes) est utilisé en quantités croissantes par les centrales électriques, les cimenteries, verreries et aciéries ; aussi doit-on même importer un complément du Texas et du Nouveau-Mexique. Alors que 70 p. 100 de l’électricité étaient d’origine hydraulique vers 1945, la houille blanche n’en représente plus que 40 p. 100 aujourd’hui (la sécheresse fréquente et la variabilité des chutes de neige entraînent aussi une hydraulicité irrégulière). Avec une capacité de 15 GW et une production de 70 TWh (40 p. 100 de la production française), la Californie arrive en tête, dépassant largement l’État de New York.

En dehors des industries alimentaires, les industries de transformation utilisent peu de matières premières californiennes. La Californie n’a pas connu l’âge de la métallurgie lourde, fondée sur le charbon et le fer ; elle est passée directement à l’âge du gaz naturel et de l’électricité. Quoique consommant énormément d’acier, elle en produit très peu. À part quelques hauts fourneaux et aciéries de petite dimension hérités du xixe s., la Californie n’a qu’une grande aciérie créée pendant la Seconde Guerre mondiale par Henry John Kaiser à Fontana, dans le désert Mojave. Les constructions navales se sont développées à la faveur de la guerre sur la baie de San Francisco, où existaient déjà des chantiers, et à Los Angeles et San Diego. La construction automobile remonte au début du siècle, mais il ne s’agit plus aujourd’hui que de montage des marques de Détroit (Los Angeles, San Francisco). La proximité de cette industrie et de la pétrochimie a donné naissance à la fabrication des pneus dans les mêmes villes. La plus importante industrie, la construction aéronautique (225 000 emplois), s’est établie tôt dans le sud, où le climat permet les essais en tout temps et le montage en plein air ; elle s’est développée pendant la guerre à Los Angeles (un tiers des emplois industriels) et surtout à San Diego (75 p. 100). La construction des avions à réaction s’est implantée dans le désert, où elle dispose de l’espace nécessaire. Les industries précédentes ont donné naissance aux industries mécaniques et électriques (instruments de navigation maritime et aérienne, électronique, fusées et missiles, matériel d’irrigation, conduites diverses, derricks, équipement de forage, engins de travaux publics, machines-outils, appareils automatiques pour l’industrie alimentaire). La construction aéronautique et la plupart de ces industries nouvelles, « légères et propres », investissant beaucoup de capitaux et de matière grise, ont une faveur croissante en Californie, attirant financiers et techniciens et contribuant à élever le revenu par tête de l’État.