Zuiderzee (le) (suite)
Les nouvelles utilisations des polders
Depuis une dizaine d’années, l’idée d’une utilisation purement agricole des polders a été abandonnée ; il est apparu absurde en effet de maintenir un semi-désert humain au cœur du territoire néerlandais surpeuplé, alors que les villes des polders ne pouvaient se développer par leur seule fonction de centres de services en milieu rural, et que le manque d’espace pour la résidence, les loisirs et l’industrie se faisait durement sentir dans les provinces limitrophes d’Utrecht et de Hollande-Septentrionale. Ce changement d’optique a eu deux conséquences. Dans le polder du Nord-Est, le plus éloigné des régions vitales du pays, il n’a déterminé que des retouches à la situation existante par la création d’emplois industriels et tertiaires à Emmeloord. Dans les Flevoland et le futur Markerwaard, il a conduit au contraire à l’affectation d’espaces considérables à des utilisations non agricoles : forêts et plages le long des lacs de bordure, zone industrielle le long de l’Oostvaardersdiep (chenal d’Amsterdam à Lelystad, entre le Flevoland-Méridional et le Markerwaard), aéroport international dans le Markerwaard, villes nouvelles avec une extension de Lelystad beaucoup plus considérable qu’il n’était prévu (plus de 100 000 hab.), création d’un centre urbain face à Harderwijk et surtout fondation d’une ville de 125 000 à 250 000 habitants, Almere, dans le coin sud-ouest du Flevoland-Méridional. Des modifications peuvent encore être apportées à ces projets, mais il est certain que, pour les deux polders les plus récents, l’accueil du trop-plein de population et d’activités du Randstad Holland* l’emportera sur la fonction purement agricole.
Un des problèmes qui se posent au planificateur est l’aménagement de voies de communication suffisantes pour permettre à la fois un trafic de transit entre l’ouest et le nord des Pays-Bas et les relations quotidiennes entre le Randstad et les nouveaux centres urbains. En attendant une possible desserte ferroviaire, l’autoroute Amsterdam-Groningue (140 km au lieu de plus de 200 par les routes actuelles), via Almere, Lelystad et Emmeloord, constituera la pièce maîtresse de cette infrastructure ; il n’en existe pour l’instant qu’une ébauche avec le tronçon Lelystad-Emmeloord et, au sud, le pont de Muiderberg, qui permet, depuis 1969, des relations directes entre la Hollande et les polders en évitant le détour par Harderwijk, Elburg ou Kampen.
J.-C. B.