Winnipeg (suite)
Ce ne fut qu’un village jusqu’à l’arrivée de la ligne du Canadian Pacific Railway (CPR) en 1881. Le transit des immigrants originaires du Québec et d’Ontario, des États-Unis et d’Europe, le rôle de Gateway to the West (« porte de l’Ouest »), de place de commerce et de services pour les Prairies, enfin la spéculation firent passer l’effectif de la population de moins de 2 000 en 1870 et environ 8 000 en 1880 à 24 000 en 1882.
À partir de cette date, la croissance de la ville se fit par à-coups. C’est au cours de la période 1900-1913 que Winnipeg progressa le plus rapidement et acquit ses principales fonctions. Elle devint le centre de collecte et d’expédition du blé vers les ports de l’Est, en même temps que le point de passage obligé non seulement des immigrants à destination des Prairies, mais aussi du commerce des biens d’équipement agricole (outillage, machines, chevaux de trait) demandés par les colons. Les chemins de fer lancés au cours du peuplement des Prairies et du développement de la céréaliculture convergeaient sur Winnipeg, dont les premières industries furent l’entretien du matériel ferroviaire et la minoterie. C’est là aussi que se fixèrent les établissements de crédit nécessaires à la colonisation et au commerce.
Malgré une phase d’expansion entre 1950 et 1960, le rythme de croissance a diminué depuis la guerre, car Winnipeg a perdu le monopole des fonctions industrielles, commerciales, financières et administratives, pour une part au profit de Regina et de Saskatoon, situées au centre de la zone agricole des Prairies, mais surtout au profit de Calgary et d’Edmonton, qui connaissent une expansion démographique et économique extraordinaire.
La cité proprement dite ne compte que 250 000 habitants ; mais, incorporant une couronne de satellites qui comprend notamment Saint James-Assiniboia (71 500 hab.), Saint Boniface (47 000 hab.), Saint Vital (33 000 hab.) et East Kildonan (30 000 hab.), l’aire métropolitaine rassemble 534 700 habitants, soit 54 p. 100 de la population de la province.
Les activités liées aux transports tiennent une place prééminente. Les ateliers et gares de triage des chemins de fer occupent des secteurs étendus : le triage du CPR a 5 km de longueur ; la ville de Transcona (20 000 hab.) a été construite pour loger le personnel des ateliers du CNR (Canadian National Railway).
Les industries (28 000 emplois ; 370 M de dollars canadiens de valeur ajoutée dans une production valant un milliard) comprennent, outre la construction et la réparation du matériel ferroviaire, l’alimentation (abattoirs, minoteries), la construction aéronautique, le raffinage du pétrole (Shell et Esso), la confection (introduite par les immigrants juifs), l’impression-édition. Les entreprises tendent à se grouper dans des parcs industriels (Inkster au nord, Fort Garry au sud).
La ville est divisée en damiers hérités de l’ancien cadastre de « lots de rivière », recoupés par Portage Avenue et Main Street, qui suivent de vieilles pistes. Le centre des affaires est situé près de leur rencontre et de la confluence. Le North End abrite les immigrants récents et les minorités ethniques (elles constituaient le tiers de la population vers 1955). Les classes aisées et moyennes résident au sud de l’Assiniboine et dans les quartiers de l’ouest. Saint Boniface est à la fois le quartier francophone et celui des industries lourdes et incommodantes.
P. B.
➙ Manitoba.