Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
W

Windsor (dynastie de)

Nom adopté depuis 1917 par la dynastie régnante d’Angleterre.


À cette date, la guerre contre l’Allemagne amène George V à se défaire de tout ce qui rappelle les origines allemandes de sa famille. La maison de Saxe-Cobourg, issue de l’union entre la reine Victoria (descendante des Hanovre*) et le prince Albert de Saxe-Cobourg-et-Gotha, prend donc le nom purement anglais de Windsor, par référence au château historique résidence des souverains d’Angleterre depuis le xie s. (Berkshire).


George V

Né à Londres le 3 juillet 1865, le prince George Frederick Ernest Albert ne semblait nullement destiné à une position de premier plan dans l’État, puisqu’il n’était que le second fils du prince de Galles, le futur Édouard VII*. Aussi reçoit-il une éducation moyenne, et il entre très jeune dans la « Royal Navy ». Mais en 1892 la mort de son frère aîné, le duc de Clarence (14 janv.), fait du prince, nommé duc d’York, l’héritier à venir de la couronne. Il complète alors sa formation politique, restée jusque-là rudimentaire, et le 6 juillet 1893 épouse la princesse Mary of Teck (1867-1953) : celle-ci, dotée d’autant de tact que de dignité, saura remarquablement jouer son rôle de souveraine aux côtés de son mari, et le couple royal donnera toujours l’image d’un ménage uni et heureux. Du mariage naissent six enfants, dont deux régneront.

Après l’avènement d’Édouard VII en 1901, le duc d’York reçoit le titre de prince de Galles (9 nov.) et commence à remplir diverses fonctions de représentation et de cérémonie, en particulier à l’étranger et à travers l’empire. Devenu roi en 1910, George V marque son règne d’une double série de succès : par son comportement politique et son style personnel.

Sur le plan des affaires de l’État, le roi, loin d’avoir à se cantonner dans des fonctions de pure routine, doit faire face à une suite de situations difficiles, en particulier lors de quatre crises qui mettent en jeu le rôle constitutionnel du souverain et qui toutes impliquent des choix délicats. À chaque fois il réussit à gagner par son attitude l’approbation du monde politique. Cela commence le jour de son accession au trône (6 mai 1910), car on est alors en pleine bataille à propos des pouvoirs de la Chambre des lords. Sagement, le roi soutient la position prise par son gouvernement et, en utilisant la menace de créer, si besoin est, une énorme fournée de pairs, il contribue à faire passer la réforme constitutionnelle du Parliament Act en 1911.

Dans l’épineuse question d’Irlande, à deux reprises en 1914 (Home Rule, voté par les Communes en mai) et surtout en 1921 (naissance de l’État libre d’Irlande), George V exerce une influence modératrice qui prépare les voies d’un règlement pacifique.

Le troisième épisode se situe après les élections législatives de 1923 : aucun des partis ne disposant d’une majorité aux Communes, la situation politique est sans précédent. Malgré son peu de goût pour les « rouges » et pour le socialisme, jugé révolutionnaire et subversif, du Labour, le roi fait appel en janvier 1924 à James Ramsay MacDonald (1866-1937), qui forme ainsi le premier gouvernement travailliste*.

Enfin, lors de la crise économique et financière de 1931, le roi pousse à la formation d’un gouvernement « national » de coalition associant les trois partis, et si à cette occasion son action est critiquée par les travaillistes, on ne saurait dire qu’elle a excédé ses pouvoirs constitutionnels.

Sur le plan personnel, George V introduit un style fort différent de celui de ses prédécesseurs, qu’il s’agisse de la reine Victoria ou d’Édouard VII. La royauté prend une allure plus simple, plus familiale. À bien des égards, le roi fait figure de gentilhomme campagnard, tout droit sorti de la vieille Angleterre aristocratique, avec ses préjugés, ses inclinations fortement conservatrices, sa crainte de la nouveauté, sa méfiance de l’étranger, son fétichisme pour tout ce qui est anglais. Mais en même temps il partage avec ses sujets bien d’autres traits qui font que ceux-ci se reconnaissent pleinement dans leur souverain : le réalisme, un solide bon sens frôlant parfois le terre à terre, l’esprit pratique, l’amour de la règle, l’horreur de tout ce qui est prétentieux ou hors de l’ordinaire, la dévotion pour le sport. Si l’on ajoute à ce tempérament conformiste un sens prononcé de la vie de famille et un moralisme strict, on peut en conclure que le personnage privé et le personnage public se rejoignent pour proposer aux Britanniques, en une époque troublée, un modèle royal paternel et rassurant, parfaitement adapté à une période où la petite bourgeoisie prend une importance croissante dans la vie du pays. D’ailleurs, en 1935, le « jubilé d’argent » qui célèbre vingt-cinq ans de règne atteste de l’immense popularité de la monarchie et de la famille royale, quelques mois seulement avant la mort de George V (Sandringham, Norfolk, 20 janv. 1936).


Édouard VIII

Fils aîné de George V, Edward Albert Christian George Andrew Patrick David (né à Richmond en 1894) reçoit le titre de prince de Galles en 1911. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert comme officier dans les grenadiers de la Garde, et par la suite il joue volontiers le rôle de représentant de la génération des anciens combattants. Jusqu’à la mort de George V, toutes les chances semblent réunies en sa faveur. C’est un prince agréable, séduisant, dynamique, moderne, qui a beaucoup voyagé et s’intéresse aux questions les plus variées, depuis les problèmes sociaux jusqu’aux sports et à la mode. Il jouit d’une grande popularité dans l’opinion, et la presse, constamment louangeuse à son égard, suit le moindre de ses gestes. On escompte que le jour où il montera sur le trône il donnera une nouvelle image à la royauté : celle d’un monarque jeune, décontracté, ouvert, mais aussi compétent que souriant.

Pourtant, aucune de ces prévisions ne se réalise, et le règne inauguré le 20 janvier 1936 tourne en quelques mois à la catastrophe. C’est que le roi, encore célibataire à quarante et un ans, fait connaître son intention de se marier avec Mrs. Wallis Simpson, une femme intelligente et spirituelle, mais qui a le triple inconvénient d’être américaine, roturière et surtout divorcée. Envisager un tel mariage relevait de la part d’Édouard VIII d’une grave erreur d’appréciation politique, car c’était enfreindre l’une des règles cardinales de la monarchie anglaise, celle qui consistait à faire du souverain le modèle et le garant — au moins dans les apparences — des principes moraux et religieux reconnus par l’opinion. On aurait pu fermer les yeux sur une liaison ; un mariage avec une divorcée apparaît impensable.