Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tibet (suite)

À côté de la statuaire de bronze, de l’architecture et de la peinture se sont développés, autour du rituel, des arts et techniques parmi lesquels il convient de mentionner d’abord la xylographie. Les livres tibétains, dont les bibliothèques occidentales préservent plusieurs collections, sont d’une exécution soignée et sont parfois illustrés dans une tradition qui remonte aux ateliers indiens. Il faut aussi noter le travail au repoussé des couvertures de ces ouvrages, travail d’une grande qualité technique et artistique. Un trait caractéristique de l’art tibétain, dans son ensemble, est la fidélité étroite aux œuvres du passé, le caractère fermé à toute innovation, ce qui explique qu’il est difficile d’établir une chronologie, les œuvres n’étant, au surplus, pas datées.

Parmi les objets de culte les plus fréquents figurent le foudre (rdhorje, en sanskrit vajra), la cloche (dril-bu), le poignard (phur-bu) et le moulin à prières (’khor-lo), qui témoignent eux aussi de la qualité des techniques. On citera encore des couteaux qui servaient au dépeçage des cadavres après exposition dans la montagne, et des tabliers de prêtres pratiquant ce même dépeçage. Ces multiples objets, qu’ils soient de bronze, d’os ou d’ivoire, comportent comme décor les divinités et personnages divers dont nous avons déjà parlé.

Univers clos géographiquement, mais dont les passes se sont ouvertes à des courants étrangers, le Tibet a su développer un art profondément original, qui a été un des plus beaux prolongements de l’art bouddhique, chassé du sol indien, et, du moins, le plus proche, iconographiquement et plastiquement, de cet art.

C. P.

➙ Cachemire / Inde / Népal.

 J. Bacot, Décoration tibétaine (Calavas, 1924). / W. J. G. Van Meurs, Tibetan Temple Paintings (en hollandais, Leyde, 1924 ; trad. angl., Leyde, 1953). / A. K. Gordon, The Iconography of Tibetan Lamaism (New York, 1939) ; Tibetan Religious Art (New York, 1952 ; nouv. éd., 1963). / G. Tucci, Tibetan Painted Scrolls (Rome, 1949 ; 3 vol.) ; Teoria e pratica del Mandalo (Rome, 1949 ; trad. fr. Théorie et pratique du Mandala, Fayard, 1974) ; Tibet (Nagel, 1973). / S. Hummel, Geschichte der Tibetischen Kunst (Leipzig, 1953) ; Tibetisches Kunsthandwerk in Metall (Leipzig, 1954). / O. Monod-Bruhl, Peintures tibétaines (Guillot, 1954 ; 3 vol.). / P. Pal, The Art of Tibet (New York, 1969). / J. Éracle, l’Art des thanka et le bouddhisme tantrique (Musée d’ethnographie, Genève, 1970).

T’ien-tsin

En pinyin Tianjin, v. de Chine.


Tianjin (plus de 4 millions d’habitants) est située dans la province du Hebei (Ho-pei), en Chine du Nord, à quelque 120 km de Pékin, sur le Haihe (Hai-ho). Comme Pékin et Shanghai (Chang-hai), elle constitue une « municipalité spéciale », dont le territoire couvre 4 000 km2, placée directement sous l’autorité du gouvernement central. Ce statut lui avait été retiré de 1958 à 1968, période pendant laquelle elle fut la capitale de la province du Hebei, fonction assurée depuis 1968 par Shijiazhuang (Chekia-tchouang).

Tianjin fut ouverte au commerce international en 1858, et une ville moderne fut créée au sud de la cité murée chinoise où s’installèrent les concessions française, anglaise, japonaise, russe, allemande, italienne, belge, austro-hongroise ; la ville chinoise elle-même fut reconstruite « à l’occidentale » après les destructions entraînées par le soulèvement des « Boxeurs » en 1900 ; Tianjin devint dès lors une grande place commerciale, port de la Chine du Nord et un centre industriel doté d’importantes activités textiles et alimentaires.

Les conditions naturelles n’étaient toutefois pas très favorables au développement d’un grand port : le Haihe, sur lequel est située la ville, à 40 km du golfe de Bohai (Po-hai), est formé par la réunion de cinq rivières aux crues brutales d’été ; outre de graves inondations, on assistait à un ensablement périodique du Haihe, si bien que seuls des navires de 3 000 t pouvaient atteindre Tianjin, à marée haute, au prix de dragages constants ; aussi les Japonais entreprirent-ils la construction d’un avant-port à Tanggu (T’ang-kou), au nord de l’embouchure du Haihe, travaux poursuivis et terminés par les Chinois en 1952 ; un canal de dérivation, doublant le Haihe, a également été ouvert, tandis que la rivière la plus dangereuse, le Yongdinghe (Yong-ting-ho), était maîtrisée en 1954 par la construction, sur son cours supérieur, dans la municipalité de Pékin, du grand barrage-réservoir de Guanting (Kouan-t’ing). Ainsi Tianjin est-elle devenue le grand port de la Chine du Nord, au second rang dans le pays après Shanghai. C’est également l’un des trois plus grands centres industriels de la Chine, où, depuis 1949, on a considérablement développé les branches d’activité existantes et notamment les industries textiles (cotonnades, chanvre), alimentaires et chimiques (à Tanggu et Hangu [Han-kou]), fondées sur l’exploitation des salines de Changlu (Tch’ang-lou), qui fournissent le quart de la production chinoise de sel marin, et, d’autre part, créé tout un complexe d’industries métallurgiques (aciéries, matériel d’équipement, moteurs Diesel, tracteurs, bicyclettes, etc.).

P. T.

➙ Ho-pei.

Tiepolo (les)

Famille de peintres vénitiens du xviiie s.


Giambattista (ou Giovan Battista, ou Gian Battista) Tiepolo (Venise 1696 - Madrid 1770), élève de Gregorio Lazzarini (v. 1655-1730), fut surtout influencé à ses débuts par les peintures de Giovan Battista Piazzetta (1682-1754) et de Federico Bencovich (1677-1753), comme l’attestent ses œuvres de jeunesse aux forts contrastes de clair-obscur (le Sacrifice d’Isaac de l’église de l’Ospedaletto à Venise, la Répudiation d’Agar de la collection Rasini, à Milan). Sa réputation grandit rapidement. Il débuta dans la décoration murale, vers 1725, par les fresques du palais Sandi, puis fut appelé par le patriarche d’Aquilée pour exécuter le cycle de fresques de l’archevêché d’Udine (1726-1728). On y trouve déjà les principales caractéristiques de son art : clarté du coloris, luminosité, perspectives plafonnantes, sens théâtral de la décoration, élégance des personnages. Il atteint sa pleine maîtrise vers 1740, époque où il commence à exécuter de nombreuses commandes pour les monuments religieux de Venise (église des Gesuati, Scuola dei Carmini, église des Scalzi) et pour les palais patriciens (Pisani, Manin, Corner, Barbarigo, et les fameuses fresques du palais Labia : la Rencontre d’Antoine et de Cléopâtre et le Festin de Cléopâtre).