Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sèvres (manufacture nationale de) (suite)

Le Musée national de céramique de Sèvres

Indépendant de la Manufacture, à laquelle il est contigu, le Musée de céramique a été institué en 1805 par Alexandre Brongniart, qui en rédigea, en collaboration avec Denis Désiré Riocreux, chargé du classement des collections en 1824, le premier catalogue descriptif. Il ne s’organisa pas sans peine : Brongniart s’entendit refuser un crédit de 500 francs qui eût couvert l’achat de vingt-cinq Faenza, « vieilles faïences gothiques laides et sans intérêt », lui déclara l’Administration des beaux-arts. Quant à la céramique française, elle était encore en si piètre estime que Riocreux, en 1842, put acquérir, moyennant 10 francs, plus 2 francs pour l’emballage et 0,50 pour le voiturier, son admirable fontaine à vasque trilobée de Rouen. Mais l’érudition s’intéressa bientôt à la céramique, et le Musée, rattaché à la collectivité des Musées nationaux, put s’enrichir d’un très grand nombre de pièces de toutes provenances, choisies d’abord pour leur valeur documentaire, conformément aux vues de son fondateur.

G. J.

➙ Porcelaine.

 E. Garnier, la Porcelaine tendre de Sèvres (Quantin, 1889). / E. Bourgeois, le Biscuit de Sèvres au xviiie siècle (Manzy et Joyant, 1908 ; 2 vol.). / G. Lechevallier-Chevignard, la Manufacture de porcelaine de Sèvres (Laurens, 1908 ; 2 vol.). / H. P. Fourest, Musée céramique de Sèvres. Guide sommaire (Éd. des Musées nationaux, 1950).

sexe

Ensemble de caractères qui permettent de distinguer chez la plupart des êtres vivants deux genres, mâle* et femelle*.


Chez l’Homme comme chez les animaux, le sexe est déterminé dès la fécondation (v. sexualisation), mais l’affirmation des caractères mâles ou femelles implique, à un degré élevé, des comportements psychologiques et sociologiques complexes. Nous n’aborderons ici que l’aspect somatique (physiologique) de la question dans l’espèce humaine, les aspects concernant le comportement étant traités à l’article sexualité.


Différenciation sexuelle

Elle est définie par l’existence de caractères sexuels primaires (les gonades), de caractères sexuels primaires accessoires (les conduits génitaux et les organes génitaux externes) et de caractères sexuels secondaires.


Différenciation des gonades

Elle s’effectue vers le 45e jour après la fécondation à partir d’un épaississement de l’épithélium cœlomique, la crête génitale (appelée progonade), colonisée par des cellules germinales primordiales. Ainsi sont d’emblée réunies deux lignées cellulaires dont la coexistence caractérise les gonades adultes. Selon que se développera la zone médullaire (centrale) ou la zone corticale (périphérique) de la progonade, se différenciera un testicule ou un ovaire. Le testicule* s’individualise vers la 6e semaine et provient de l’ébauche médullaire. Les cordons sexuels primitifs s’hypertrophient (futurs tubes séminifères) et sont envahis par les gonocytes, qui se multiplient, deviennent spermatogonies et dont la réduction chromatique se fera tardivement après la puberté. Le tissu médullaire compris entre les cordons devient un tissu interstitiel secrétaire.

L’ovaire* s’individualise vers la 10e semaine à partir de l’ébauche corticale. Le cortex s’épaissit, et les gonocytes s’y multiplient et deviennent des ovogonies dont la réduction chromatique est immédiate. Une seconde poussée de cordons sexuels se produit par prolifération épithéliale, et ces cordons de Valentin-Pflüger se fragmentent en îlots sphériques constituant des follicules primordiaux. Les mécanismes de la différenciation gonadique sont de deux ordres.

• Facteur génétique. Ce facteur est déterminé dès la fécondation par la présence des chromosomes* sexuels provenant l’un de l’ovule maternel, l’autre du spermatozoïde paternel. Le développement du testicule fœtal survient chez les embryons dont la constitution génétique est hétérozygote. Les deux chromosomes sexuels sont différents : X et Y. Le développement des ovaires fœtaux apparaît chez les individus dont la constitution génétique est homozygote ; les deux chromosomes sexuels sont identiques : X et X. La présence de deux chromosomes sexuels identiques détermine chez les sujets femelles la présence d’un corpuscule chromatique annexé au noyau. Le sujet féminin est dit « chromatine positif », par opposition au sujet masculin, dont les cellules ne contiennent pas, à l’état normal, de corpuscule chromatinien. C’est la présence de ce corpuscule dans les cellules qui permet de déterminer le sexe chromatinien (test de Barr).

• Facteurs hormonaux. Il est très vraisemblable que des facteurs chimiques locaux participent à la différenciation gonadique. Mais il faut souligner que les données que l’on possède dans ce domaine, d’une part, sont très fragmentaires et, d’autre part, proviennent de l’expérimentation animale, qui ne saurait être rigoureusement transposée à l’Homme. De ces expérimentations on peut schématiquement retenir :
— que les cellules germinales primordiales ne possèdent en elles-mêmes aucun pouvoir inducteur (en effet, lorsqu’elles se trouvent en situation ectopique [anormale], elles ne provoquent pas de différenciation gonadique) ;
— que la différenciation de ces cellules germinales en ovocytes ou en spermatocytes est déterminée par leur situation dans la progonade (ainsi, les cellules corticales de la progonade se comporteraient comme un inducteur féminisant, alors que les cellules médullaires se comporteraient comme un inducteur masculinisant) ;
— que l’ébauche gonadique ainsi constituée aurait à son tour une activité répressive sur la zone non développée.

Ces faits ont été observés en particulier au cours d’expériences de parabiose chez les fœtus d’Amphibiens (v. sexualisation).


Différenciation des caractères sexuels primaires accessoires

Cette différenciation survient après la sexualisation des gonades. Ces caractères s’édifient à partir de deux formations embryonnaires annexées à la progonade : les canaux de Wolff et de Müller, qui s’ouvrent à la face dorsale du sinus urogénital.

• Les conduits génitaux
Chez l’homme, ce sont les canaux de Wolff qui sont à l’origine de l’épididyme, du canal déférent, des vésicules séminales et des canaux éjaculateurs ; les canaux de Müller s’atrophient, laissant souvent des vestiges (hydatide sessile).

Chez la femme, les conduits génitaux dérivent des canaux de Müller, qui donnent dans leur partie haute les trompes, les pavillons et les cornes utérines, et dans leur partie inférieure l’utérus et le vagin supérieur. Les canaux de Wolff régressent, laissant quelques vestiges embryonnaires.