Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rosso (Medardo) (suite)

Né dans une famille qui le destine à une carrière administrative, Rosso abandonne très vite ses études pour travailler chez un marbrier. Il s’intéresse alors à la peinture (paysages, intérieurs d’église) et commence seulement à pratiquer la sculpture pendant son service militaire (1880-1882), exécutant un projet de monument à Garibaldi ainsi que la première de ses « impressions », où il cherche à transcrire couleur, lumière, ambiance. Inscrit en 1882 à l’académie des Beaux-Arts de Brera à Milan (classes de nu et de sculpture), il en est rapidement exclu pour avoir incité ses camarades à protester contre les méthodes officielles d’enseignement.

Rosso expose à Milan (1882), puis à Rome (1883) des études devenues célèbres où il tente de matérialiser des impressions à la fois physiologiques et psychologiques — la chaleur, le froid, le plaisir, l’humiliation : l’Ivrogne, Chair à plaisir, Impression d’un intérieur d’omnibus, Impression de femme sous un parapluie.

Il fait un premier séjour à Paris (1884-85), travaillant chez Dalou* et vivant dans une misère extrême, se rend en 1885 à Londres, où il a exposé l’année précédente et, tout en gardant Milan comme résidence principale, voyage et montre ses œuvres avec un succès inégal à Vienne, à Venise, à Paris. C’est à lui qu’est confiée en 1889 l’exécution du monument commémoratif de Mazzini à Milan. Mais, la même année, il n’est pas admis à l’Exposition internationale de Paris. Revenu dans cette ville, Medardo Rosso est hospitalisé à Lariboisière et, à sa sortie, cherche comme toujours à transcrire ses impressions : le Malade à l’hôpital (1889, collection Francesco Rosso à Barzio).

Son œuvre est très appréciée des milieux intellectuels parisiens : Zola*, Clemenceau*, Degas* et ses amis Rouart l’admirent tout particulièrement ; des collectionneurs s’intéressent à lui. Rodin* reconnaît la personnalité de cet artiste de dix-huit ans plus jeune que lui et acquiert la Rieuse (1891, musée Rodin) en échange d’un Torse. En 1893, une exposition d’ensemble met en évidence l’originalité de Rosso, sa conception antispatiale et instantanéiste de la sculpture qui le placera toujours davantage dans une optique impressionniste : l’Enfant au soleil (Folkwang Museum, Essen, 1891), Conversation dans un jardin (1892), Paris de nuit (1895), Impression la nuit, place Clichy (1898).

Dans ses admirables portraits en pied, les détails sont toujours éliminés au profit de l’ensemble malgré une multitude de notations : ainsi Yvette Guilbert (1894, terre cuite, galerie d’Art moderne, Venise) ou le Bookmaker (1894, galerie d’Art moderne, Milan), en réalité une évocation d’Henri Rouart (dont il a déjà fait un portrait) aux courses. Lorsque Rodin exécute son Balzac, si proche de ce Bookmaker, une violente polémique, attisée par la critique, l’oppose à Rosso, chacun revendiquant l’antériorité de son impressionnisme en sculpture. Écœuré, l’Italien revient à Milan, où sa réputation commence à s’affirmer. Cinquante de ses œuvres figurent à l’Exposition universelle de 1900 à Paris et, lorsqu’au Salon d’automne de 1904, où une salle lui est consacrée, certains de ses ouvrages datant de 1883-84 sont exposés à côté du Balzac de Rodin, on peut reconnaître la priorité du cadet par rapport à l’aîné.

Rosso, dans le travail des cires colorées comme dans celui des terres, où il obtient par grattage tout un jeu de nuances, donne à la perfection le sentiment de la vie et de ses palpitations, du temps et de ses ravages. Son message n’a cependant guère été entendu, sinon par Pavel P. Troubetskoï (1866-1938), qui a profité de ses conseils, et plus tard par A. Giacometti*, sensible comme lui à l’impondérable. Les futuristes* s’intéresseront particulièrement à ses recherches (Manifeste technique de la sculpture futuriste [1912] par Umberto Boccioni) et feront beaucoup pour la gloire de cet artiste qui disait : « Rien n’est matériel dans l’espace, tout est air, lumière, rien n’est limité, tout bouge, personne ne peut voir deux effets à la fois. »

S. M.

 A. Soffici, Menardo Rosso (Florence, 1929). / N. Barbantini, Menardo Rosso (Venise, 1950).

rotative

Presse à imprimer où la forme d’impression est un cylindre en mouvement rotatif continu.


Cette forme peut être constituée par des clichés courbes fixés au moyen de griffes sur le cylindre (rotative typo pour impression de journaux), par une plaque enroulée sur le cylindre (rotative offset ou rotative typo à plaque enveloppante), ou bien par le cylindre lui-même (rotative hélio, machine à imprimer en continu sans raccord). Pour augmenter la vitesse des presses à imprimer, on fut naturellement conduit à remplacer le mouvement alternatif du marbre portant la forme par un mouvement rotatif. Vers 1850, des rotatives utilisant des clichés cylindriques et imprimant des journaux sur du papier en bobine commencent à fonctionner aux Étals-Unis, où Richard M. Hoe (1812-1886) fait breveter une type revolving press en 1845, et en Angleterre. En France, la nécessité d’apposer un timbre fiscal sur les journaux oblige jusqu’en 1871 à imprimer du papier en feuilles. À partir de 1873, Jules Derriey et Hippolyte Marinoni (1823-1904) mettent en service, auprès de leurs rotatives à feuilles, des rotatives à bobines à la sortie desquelles apparaissent des plieuses en 1878.


Dispositions générales


Éléments et groupes d’impression

Le papier reçoit des encrages successifs en passant dans les éléments d’impression constitués par un cylindre porte-forme, son système d’encrage et un cylindre de pression. Il peut être imprimé simultanément au recto et au verso en passant dans un groupe d’impression constitué de deux éléments ; c’est le cas sur les rotatives à journaux. Ce type de machine est formé par des groupes en ligne, alimentés chacun par une bobine de papier et dont le nombre dépend du nombre de pages du journal ; en général 4 pages grand format, 2 recto et 2 verso, par groupe. Ces rotatives typographiques servent également à l’impression de brochures. Un autre type de machines typo est celui des rotatives à feuilles, qui impriment des travaux plus soignés, en noir et en couleurs.