Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

potlatch (suite)

Le potlatch constitue la forme juridique d’un type de production, qui reste à décrire et à analyser. Comment sont produites les richesses, quels rapports existent entre les producteurs au cours de la saison d’été, comment s’établit la concurrence dans la production avant de s’installer dans la consommation-destruction ? Ce sont là des questions que, jusqu’à présent du moins, l’ethnologie a laissées de côté.

Le potlatch est aussi un fait d’ordre politique, puisque c’est par lui que se conquiert le prestige. Il est la mise en scène au cours de laquelle se fait connaître et reconnaître la hiérarchie sociale. Un chant kwakiutl définit le potlatch comme une « guerre de propriété », une « guerre de richesses », opposée à la « guerre du sang ». Ce n’est donc pas par une lutte militaire, mais bien par une lutte économique qu’on gagne et qu’on perd les charges politiques, les sièges dans les confréries, les chances de mariage. On gagne ou on perd au potlatch comme au jeu ou à la guerre.

Mais le potlatch a aussi une importante fonction idéologique, qui assure du reste son utilisation et fonde son code d’honneur. Le contrat qui le règle et la triple obligation de donner, de recevoir et de rendre reposent sur la croyance en la vertu magique des objets échanges. En effet, les biens échangés dans le potlatch sont, nous l’avons vu, différents des biens de consommation courants ; ils le sont par leur caractère sacré et leur origine spirituelle.

Le cuivre, par exemple, est l’objet d’un culte propre ; associé par sa couleur au Soleil et au saumon, lui-même animal sacré, il a pour les tribus du Nord-américain une personnalité divine. Le cuivre en général — et chaque cuivre en particulier — a sa personnalité, son nom, sa valeur économique et magique, qui résistent aux échanges et même aux destructions. De plus, les cuivres ont une vertu attractive : ils attirent les richesses ; ils réclament d’être donnés et d’être rendus. Les choses sacrées ne supportent pas d’être stockées et possédées ; il est dangereux de s’approprier un objet sacré, car s’attachent à lui l’âme du donateur et l’esprit de l’ancêtre.

Posséder un objet, c’est posséder quelque chose de celui qui la cédé. C’est pourquoi la propriété est à la fois sacrée, scellée par un lien spirituel, et à lu fois dangereuse ; pour les peuples qui pratiquent le potlatch, la circulation des richesses assure la permanence de la propriété en même temps qu’elle évite le risque de la possession, car donner, c’est rendre.

N. D.

Pou

Insecte aptère qui vit en ectoparasite dans le pelage des Mammifères ou le plumage des Oiseaux.


Les Poux proprement dits constituent l’ordre des Anoploures, dont on connaît deux cents espèces, qui piquent la peau des Mammifères et se nourrissent de leur sang. On en rapproche les Mallophages (2 500 espèces), appelés aussi Poux des Oiseaux, bien que quelques espèces vivent sur les Mammifères ; les Mallophages possèdent des pièces buccales broyeuses et se nourrissent de poils ou de plumes.


Poux de l’Homme

L’espèce humaine peut héberger trois sortes de Poux :
— le Pou de tête (Pediculus humanus capitis), qui vit dans les cheveux, surtout chez les enfants ;
— le Pou de corps (Pediculus humanus corporis), qu’on rencontre plutôt chez les adultes (il séjourne habituellement dans les vêtements et ne vient sur la peau qu’au moment de piquer) ;
— le Pou du pubis, ou morpion (Phthirius inguinalis), qui reste agrippé aux poils pubiens.

Ces Insectes ne se développent que chez les personnes dont les soins hygiéniques sont insuffisants, et l’utilisation de poudres insecticides permet d’éliminer ces parasites, dangereux tant par le prurit consécutif à leurs piqûres que par les risques de transmission de diverses maladies dont ils hébergent les germes : typhus exanthématique et fièvre récurrente.


Poux des animaux

Les Poux infestent divers Mammifères, mais jamais les Marsupiaux. Beaucoup d’animaux domestiques sont parasités soit par des Anoploures (le Bœuf par Hematopinus eurysternus, le Porc par Hematopinus suis), soit par des Mallophages (le Chien par Trichodectes canis). Parmi les nombreuses formes qui vivent sur les Mammifères sauvages, on peut citer le Mallophage Hematomyzus elephantis, qui parasite l’Éléphant, et le curieux Anoploure Echinophthirius, qu’on trouve dans la toison des Phoques et qui retient de l’air, par de nombreuses écailles couvrant son corps, lors des plongées de l’hôte.

Les Oiseaux n’hébergent que des Mallophages. Sur les Poules et autres Gallinacés vivent plusieurs espèces des genres Menopon, Goniodes, Goniocotes. Le plus grand Mallophage connu — il atteint 1 cm de long — Laemobothrion, se trouve sur les Rapaces.


Adaptation à la vie parasitaire

Anoploures et Mallophages présentent plusieurs caractères morphologiques liés à leur existence de parasite : corps aplati dorso-ventralement, yeux absents ou réduits, antennes courtes, pattes robustes, capables de cramponner l’Insecte à la toison de l’hôte, ailes absentes.

Les œufs, ou lentes, sont fixés aux poils ou aux plumes de l’hôte ; les larves, très semblables aux adultes (hémimétabolie), mènent dès l’éclosion le même genre de vie qu’eux et se développent rapidement (de huit à douze jours selon les cas). Tout le cycle se déroule ainsi sans changement d’habitat.

Fuyant la lumière, très sensibles aux variations de température, les Anoploures ne quittent leur hôte qu’en cas de nécessité, par exemple à sa mort ; sans nourriture, ils ne survivent pas plus de quelques jours. Leur propagation sera d’autant plus forte que la promiscuité des hôtes est élevée : les parents transmettent aisément leurs parasites à leurs jeunes au terrier ou au nid.

La spécificité parasitaire est très marquée, chez les Poux. Le Pou de l’Homme (Pediculus humanus) ne se rencontre que sur l’Homme et le Chimpanzé, et ses variétés se localisent dans des zones différentes du corps. La plupart des autres espèces sont hébergées par un hôte bien déterminé ou par des hôtes systématiquement très voisins. Une telle spécificité permet d’aborder quelques aspects de la phylogénie de ces parasites, suppléant ainsi à l’absence, de fossiles ; le fait que les Marsupiaux australiens soient dépourvus de Poux laisse supposer que ces Insectes sont apparus après l’isolement presque complet de l’Australie (fin du Crétacé) ; la découverte du même genre de Pou (Microthoracius) sur les Lamas d’Amérique du Sud et sur les Dromadaires d’Afrique conduit à penser que les ancêtres de l’Insecte ont vécu sur les Camélidés primitifs de l’Eocène nord-américain.

M. D.

➙ Parasitisme.

 E. Séguy, Insectes ectoparasites, mallophages, anoploures, siphonaptères (Lechevalier, 1944).