Marque insculpée sur les ouvrages en métaux précieux et sur certains autres en métal commun.
Généralités
Les poinçons sont apposés obligatoirement ou facultativement. Ils peuvent attester ou représenter un contrôle d’État, une garantie de titre, une origine de fabrication ou de communauté, l’identité d’un orfèvre ou d’un fabricant, le paiement d’un impôt sur les ouvrages en métaux précieux, une autorisation d’importation ou d’exportation, des recenses de toute nature, des symboles corporatifs, etc. Ces marques sont frappées à l’aide de petits outils, ou poinçons (d’où le nom donné aux marques qu’ils laissent sur le métal), ayant la forme d’un bâton de fer ou d’acier à section ronde, carrée ou polygonale. La pointe, effilée, est gravée à son extrémité d’un emblème choisi (initiales, couronne, figures diverses) devant figurer le poinçon. L’insculpation est obtenue par une frappe sèche, d’un coup de maillet donné à l’extrémité supérieure de l’outil. La ligure ou les lettres du poinçon se lisent généralement en relief sur leurs découpes en creux. Dans la fabrication industrielle, ce poinçonnage se fait mécaniquement. En France, les poinçons officiels apposés par les services de la Garantie comportent à leur revers une contremarque obtenue par un poinçonnage effectué sur une bigorne. Employées en France depuis le 9 mai 1838, les bigornes sont de petites enclumes en acier dont la surface est gravée, en relief, d’insectes variés et assemblés par familles dans des bandes régulières. L’ouvrage à poinçonner y est placé de façon à recevoir, à la frappe, la contrepartie opposée au poinçon, faite alors d’une ou de plusieurs parties des figures d’insectes de la bigorne. Cette contremarque réduit les fraudes possibles.
Dimensions
Les poinçons peuvent être insculpés sur les ouvrages en métaux précieux (or, argent, platine), sur l’orfèvrerie de métal argenté, les étains, les bronzes dorés, etc. La fabrication des pièces d’étain a été soumise, comme celle des pièces d’orfèvrerie, à des poinçons de contrôle, et ce depuis le xive s. De plus grande taille, ces poinçons ont de grands points communs avec ceux de l’orfèvrerie. Les bronziers du xviiie s. signaient leurs ouvrages, et l’on connaît depuis peu de temps l’institution qu’ils avaient faite de poinçons corporatifs destinés à distinguer une production de qualité, tel le petit poinçon dit « au C couronné ».
Pour l’orfèvrerie, la bijouterie, la joaillerie, l’insculpation doit tenir compte du caractère précieux et souvent fragile de certains objets (montres, tabatières, chaînettes). Ces marques sont généralement petites. L’État et les orfèvres utilisent plusieurs dimensions d’un poinçon de même type, appropriées aux grandeurs des ouvrages et à la place souvent exiguë restant disponible sur la pièce pour cette opération. La grandeur des poinçons n’a cessé d’évoluer avec la volonté des pouvoirs administratifs. Les poinçons furent jugés tour à tour trop petits ou trop grands. Au xve s., certains poinçons de maître atteignent 1 cm de hauteur. En 1679, la dimension est ramenée à 4,5 mm sur 3 mm environ. De nos jours, les poinçons officiels varient de 2,7 mm sur 2,3 mm pour ceux d’argent à 1,2 mm sur 0,8 mm pour ceux de l’or et certains petits poinçons de recense des menus ouvrages. Les dimensions des poinçons des métaux précieux dans tous les pays d’Europe se situent sur les mêmes bases.
Emplacements
Sur les pièces d’orfèvrerie, le mode et les points d’application ont toujours été réglementés. Dans un édit de 1672, provoqué par Colbert et signé par Louis XIV, on relève que les aiguières seront marquées au corps, au couvercle et au collet pour les poinçons de marque et de contremarque, aux deux coquilles de l’anse, au bec et à la doucine du pied pour le poinçon de maître. En 1838, celles-ci doivent être marquées au corps, au versoir, au pied et à l’anse ; le couvercle sur la bâte et le dessous. Toutes les pièces d’orfèvrerie et de bijouterie doivent donc être régulièrement marquées en des endroits exactement désignés. De nos jours, plus de deux cents de ces points exacts sont parfaitement définis.
Historique
• Le poinçon de maître est le plus ancien. Les noms de quelques orfèvres de l’Antiquité sont connus parce qu’ils figurent en toutes lettres sur quelques-unes des pièces qui nous sont parvenues. Ces pièces prennent souvent le nom de leur orfèvre (la croix de Garnerius, le ciboire d’Alpais). En France, le poinçon de maître, après avoir été facultatif, fut imposé par le pouvoir royal (1355 et 1378). L’orfèvre choisit à côté de ses initiales un « contreseing », nommé par la suite devise, puis symbole, aujourd’hui différent (étoile, cœur, croix, fleur, clé, etc.). À ces marques viendra s’ajouter, pour Paris surtout, une fleur de lis couronnée. En province, le poinçon de maître comporte souvent l’emblème emprunté aux armes de la ville où siège la Communauté, et sa disposition présente de grandes variantes par rapport à celle du poinçon de maître des orfèvres parisiens. On y lit parfois le nom du maître en entier (à Toulouse et à Montpellier notamment). La forme du poinçon de maître actuel est obligatoirement losangique.