Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

poids et mesures (Bureau international des) [B. I. P. M.] (suite)

Après 1960

Cette quatrième période se distingue à la fois, par une élévation beaucoup plus rapide des précisions devenues possibles et exigées, et par le nombre plus grand des laboratoires, même industriels, qui contribuent au progrès des étalons et des mesures. Il en résulte pour le B. I. P. M. deux nécessités : d’une part avoir dans son personnel, qui ne comprend qu’une douzaine de physiciens aidés par une vingtaine de techniciens, des hommes du niveau de professeurs d’Université, capables d’assimiler sans délai les découvertes les plus récentes et de les mettre en œuvre ; d’autre part maintenir un contact étroit avec la recherche métrologique et ses applications dans le monde.

L’accroissement de précision résulte de deux évolutions simultanées. D’abord, la définition des unités tend à se fonder sur des constantes atomiques et non plus sur des étalons artificiels : le mètre est défini par la longueur d’onde d’une radiation de l’atome de krypton 86 (depuis 1960), et la seconde par la fréquence d’une transition hyperfine de l’atome de césium 133 (depuis 1967) ; puis les équipements techniques pour l’exécution des mesures deviennent plus raffinés (lasers, ordinateurs, appareils électroniques). Les mesures annexes doivent suivre : c’est ainsi que la précision de 0,001 K sur la température des étalons est bien souvent à peine suffisante.

Il est remarquable qu’une organisation internationale créée dès 1875 non seulement ait survécu, mais ait pu s’adapter aux changements les plus profonds survenus en un siècle, ceux de la physique et de la civilisation technique. Un centre mondial de coordination et de décision est évidemment nécessaire dans l’activité métrologique, qui intéresse tant de pays. Mais les fondateurs ont fait preuve d’une grande sagesse lorsqu’ils ont conçu cette première institution permanente internationale, avec son mode d’administration, et rédigé un traité en peu de pages, qui n’a subi que de légères retouches en 1921. Ce traité, appelé Convention du mètre, signé à Paris le 20 mai 1875 par les représentants de dix-sept chefs d’État, auxquels se sont joints d’autres États, ce qui porte à l’heure actuelle leur nombre à quarante-quatre, convient dans son article premier que « les Hautes Parties contractantes s’engagent à fonder et entretenir, à frais communs, un Bureau international des poids et mesures, scientifique et permanent, dont le siège est à Paris » et dans son article 3 que « le Bureau international fonctionnera sous la direction et la surveillance exclusives d’un Comité international des poids et mesures, placé lui-même sous l’autorité d’une Conférence générale des poids et mesures, formée des délégués de tous les gouvernements contractants ».

L’autorité suprême est donc celle des gouvernements par leurs délégués réunis en Conférence générale : cette Conférence décide des contributions financières annuelles, élit au scrutin secret les dix-huit membres du Comité international et prend des résolutions concernant la définition des unités, l’amélioration du système international d’unités, les grandes lignes du programme de travail du Bureau international ou d’autres décisions d’intérêt métrologique international.

Si la Conférence générale décide, le Comité international prépare, et ses pouvoirs sont grands. Celui-ci est une sorte d’autorité supranationale, car chacun de ses membres, choisi à la Conférence générale, a reçu ses pouvoirs de l’ensemble des gouvernements et doit donc agir selon les intérêts de la communauté et non pas du pays auquel il appartient. Dans sa fonction, chaque membre est indépendant de son propre gouvernement, et cette circonstance unique est certainement une raison majeure de l’efficacité du Comité international. De plus, celui-ci, en fait, se renouvelle et comble les vacances par cooptation, sous réserve de confirmation par la Conférence, qui n’a jamais eu à déjuger les choix du Comité. On y trouve les directeurs des plus grands laboratoires du monde. Ce Comité international convoque la Conférence générale au moins tous les six ans (de nos jours tous les quatre ans), décide la création ou la dissolution des Comités consultatifs et choisit leurs membres, nomme le directeur du Bureau international et son personnel supérieur, vote son budget dans les limites des dotations adoptées par la Conférence générale et prépare toutes les décisions de cette Conférence. Il se réunit chaque année pendant quelques jours. Avec ses comités consultatifs, dont chacun est présidé par un de ses membres, et avec le Bureau international, dont le directeur siège de droit en son sein, le Comité international est véritablement le guide et le coordinateur de la métrologie internationale non seulement par son autorité sur le Bureau international, mais encore par la coordination librement acceptée qu’il assure grâce au choix judicieux de ses membres et à leur liberté d’action.

J. T.

➙ Kilogramme / Mètre / Seconde / Unités (système international d’).

Poincaré (Henri)

Mathématicien français (Nancy 1854 - Paris 1912).


Après de brillantes études secondaires au lycée de sa ville natale, il est reçu en 1873 premier à l’École polytechnique et cinquième à l’École normale supérieure. Il choisit la première école, dont il sort second et opte pour le corps des Mines, dans lequel il reste toute sa vie et dont il devient inspecteur général en 1910.

Cependant, à partir de 1879, il est continuellement détaché auprès de l’Université, dans des fonctions enseignantes. Pendant son séjour à l’École des mines, il a obtenu en 1876 la licence ès sciences ; en 1879, il soutient sa thèse Sur les propriétés des fonctions définies par des équations aux dérivées partielles. Chargé de cours d’analyse à la faculté des sciences de Caen (1879-1881), il devient successivement maître de conférences d’analyse à la faculté des sciences de Paris (1881-1885), chargé d’un cours de mécanique physique et expérimentale dans cette même faculté (1885-86), puis professeur de physique mathématique et de calcul des probabilités (1886-1896), enfin professeur d’astronomie mathématique et de mécanique céleste de 1896 jusqu’à sa mort. Répétiteur d’analyse (1883-1897) et professeur d’astronomie générale (1904-1908) à l’École polytechnique, il enseigne de plus l’électricité théorique à l’École supérieure des postes et télégraphes de 1902 à 1912. Ses œuvres complètes, publiées depuis 1916, comprennent 400 travaux importants et un millier de notes plus brèves.